Attentat à Magnanville : le parcours du terroriste Larossi Abballa
Le parcours de Larossi Abballa s'est achevé dans la nuit de lundi 13 à ce mardi sous les balles du RAID, à Magnanville, à quelques kilomètres à peine de son domicile du quartier du Val Fourré, à Mantes-la-Jolie. Quelques heures auparavant, le jeune homme de 25 ans avait commis l'atroce meurtre d'un policier et de sa femme, également fonctionnaire de police. Il les a tué à coups de couteau, en présence de leur fils de trois ans, et diffusant ses actes en vidéo sur Facebook Live.
"Un garçon sans histoires" selon un habitant de son quartier; "un bonhomme comme il en pullule dans les dossiers islamistes" selon le juge antiterroriste qui a instruit l'affaire dans laquelle il sera condamné en 2013; "un bras cassé" selon son avocat de l'époque. Les différents témoignages dressent le portrait désormais presque habituel d'un jeune homme radicalisé, connu des services antiterroristes, mais qui ne sortait pas forcément du lot comme capable de commettre le pire.
C'est donc en 2013 que le jeune homme apparaît dans une affaire de filières de recrutement pakistanaises pour Al-Qaïda. Son casier judiciaires comporte alors déjà de nombreuses mentions pour des délits de droit commun: vol, recel ou violences. Selon L'Obs qui cite une source proche du dossier, c'est au cours des quelques séjour en prisons effectués entre 2011 et 2012 qu'il se serait radicalisé.
"Il voulait faire le djihad, c'est certain. Il s'était entraîné en France non pas militairement, mais physiquement. Mais concrètement, à l'époque, à part ses mauvaises fréquentations et quelques joggings pour entretenir sa forme, il n'y avait pas grand-chose à lui reprocher au strict plan des poursuites pénales", relate au Figaro Marc Trévidic, ancien vice-président chargé de l'instruction au pôle antiterroriste du tribunal de grande instance de Paris.
"Mon histoire, c'est celle de tout le monde ici. J'avais besoin de reconnaissance, je ne travaillais pas et je venais de rater mon CAP. On a alors commencé à me parler de religion, j'y ai trouvé mon réconfort (...). On ne parlait que du djihad. C'est comme quelqu'un qui vivrait 24 heures sur 24 avec des braqueurs. Automatiquement, il va braquer", se justifiait le jeune homme à l'époque, rapporte Le Monde.
Devant ces "charges ténues", l'absence de départ vers les zones de conflit et des complices qui le dédouanent, Larossi Abballa écope de trois ans de prison dont six mois avec sursis pour "association de malfaiteurs en vue de préparer des actes terroristes".
A sa sortie de prison, le jeune homme monte un business de livraison nocturne de sandwiches. Sous le pseudonyme de Dr.Food, il réalise au volant des vidéos sur le quotidien de ses livraisons. Mais il utilise également les réseaux sociaux pour diffuser des contenus religieux ou sur la théorie du complot.
Selon Le Parisien, il était fiché S depuis le récent départ pour la Syrie d'une de ses connaissances, mais "ne semblait pas présenter de menace concrète et suffisante", selon les services de renseignement cités par le quotidien.
Si les motivations djihadistes de Larossi Abballa semblent évidentes, la nature de ses liens avec l'Etat islamique, dont-il se réclame et qui a revendiqué son geste, l'est moins. L'Etat islamique a en effet appelé tous les musulmans de France à s'en prendre aux "infidèles français et américains". Il est donc possible qu'Abballa n'est pas reçu d'ordre direct de l'organisation terroriste mais ait agit en son nom.
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