"Le confinement ne permet plus à la gronde populaire de s’exprimer, mais la colère ne faiblit pas et la gestion de crise, très critiquée, nourrit la contestation". Cette affirmation tirée de notes du Service central de renseignement territorial souligne l’inquiétude liée à ce qui est déjà appelé "le jour d’après".
La crainte est confirmée par la surveillance des réseaux sociaux, où les appels à manifester après le confinement se multiplient, quand il ne s’agit pas directement d’appels à la violence de la part de groupuscules ou d’individus isolés. Au SCRT, on parle de possible « radicalisation des mouvements sociaux ». Côté contestataires, on fait remarquer les récents achats de drones et de gaz lacrymogènes par le ministère de l’Intérieur, comme un signe d’une répression annoncée.
Des premiers éléments concrets d’une colère prête à exploser, dépassant la sphère virtuelle, ne sont-ils pas déjà apparus ? Lyon Mag rapporte que des vitrines de banques ont été caillassées dans le centre-ville de Lyon, dans la nuit de samedi à dimanche. Plus généralement, les forces de l’ordre, policiers et gendarmes, notent une augmentation des crachats dans leur direction au moment des contrôles, comme le souligne France Bleu Bretagne.
Tensions dans les banlieues
Cette tension, latente en raison du confinement, serait susceptible de se transformer en véritable colère à la moindre étincelle. Une situation d'ailleurs illustrée par des affrontements entre jeunes et policiers depuis deux nuits dans les Hauts-de-Seine, département particulièrement sinistré et touché de plein fouet par la crise sanitaire.
Dimanche soir à Villeneuve-la-Garenne, une ville réputée calme, un homme de 30 ans circulait à vive allure à moto quand il a percuté la portière d’une voiture de police banalisée. Accident ou ouverture volontaire de la portière, c’est à l’IGPN d’enquêter. Mais une vidéo du jeune homme blessé et hurlant à terre, victime d’une fracture ouverte à la jambe, a instantanément fait le tour des réseaux sociaux et mis le feu aux poudres.
Incendies de poubelles, de véhicules, tirs de mortiers de feu d’artifice… Les deux nuits de violence ne sont pas restées circonscrites à Villeneuve-la-Garenne. Des incidents similaires ont été signalés dans plusieurs villes des Hauts-de-Seine et de la Seine-Saint-Denis. Mais pas seulement. A Toulouse, Amiens ou encore Rillieux-la-Pape, dans la banlieue de Lyon, les véhicules de police ont été la cible de projectiles, du mobilier urbain a été dégradé.
Dispositif renforcé
En lien (ou non) avec les événements de Villeneuve-la-Garenne, cette série d’incidents annonce-t-elle un embrasement des banlieues, et ce avant même la sortie du confinement ? Les jours à venir le diront, mais dans les Hauts-de-Seine, le dispositif policier a d’ores et déjà été renforcé par des agents de la BAC (Brigade anti-criminalité) et de la CSI (Compagnie de sécurisation et d’intervention).
C’est au tour des forces de l’ordre présentes sur le terrain de s’inquiéter. « Les policiers sont incapables de gérer une crise sanitaire et un embrasement des cités en même temps », a ainsi confié un syndicaliste au Figaro. Et si la gronde sociale se transforme en colère de rue, si des manifestants viennent braver les interdictions de rassemblements après le 11 mai, la situation risque d’être pour le moins délicate à gérer pour les autorités.
Lire aussi :