Le 7 novembre 2016 à 16h34 : les femmes françaises se sont mobilisées pour l'égalité salariale
A 16H34 précises, à Paris, entre 200 et 300 personnes de tous âges, dont quelques hommes, se sont rassemblées place de la République, à l'appel de mouvements féministes qui avaient invité à cesser le travail pour réclamer des salaires égaux. "7 novembre, début de la saison des bonnes poires" ou "les femmes, premières productrices de richesse au monde", pouvait-on lire sur les pancartes.
A Bordeaux, Toulouse ou encore Lyon, où 25 femmes avaient répondu à l'appel place Bellecour, le même mot d'ordre fusaient: "A travail égal, salaire égal". L'initiative, inédite en France, s'inspirait d'une action islandaise qui avait conduit plusieurs milliers de femmes à manifester le 24 octobre à 14H38.
Le mouvement a été lancé par les contributrices d'une lettre d'informations baptisée "Les Glorieuses": "A partir du 7 novembre à 16H34 (et 7 secondes), les femmes travailleront bénévolement", écrivaient-elles dans un appel qui a trouvé un large écho sur les réseaux sociaux.
En se basant sur le chiffre de 15,1%, différence de salaire horaire brut entre les hommes et les femmes mesurée par Eurostat en 2010, la fondatrice des Glorieuses, Rebecca Amsellem, a calculé que l'écart représentait environ 38,2 jours ouvrés. Ce chiffre, daté, est surtout "symbolique", dit-elle.
A Paris, Céline Boistard, 41 ans, qui travaille dans le recouvrement de créances, verra déduite de son salaire l'heure qu'elle a prise pour venir manifester. "C'est aussi ce qui a conditionné ma venue, la réaction de mes supérieurs", dit-elle, outrée. "Dans notre entreprise, on est 80% de femmes, 20% d'hommes, tous à des postes à responsabilité."
Marina Tomé, actrice de 50 ans, est de son côté "très déçue qu'il n'y ait pas plus de monde". "Ce n'est pas comme ça que l'on va obtenir l'égalité salariale mais ces rassemblements sont un excellent moyen de discuter avec des personnes qui n'ont pas forcément conscience des inégalités", a dit pour sa part Aurélie Mathis, 28 ans, qui manifestait à Bordeaux.
Selon l'Insee, en 2013, les femmes gagnaient mensuellement (salaire net équivalent temps plein) 19% de moins que les hommes en moyenne. A secteur d'activité, âge, catégorie socioprofessionnelle et condition d'emploi (temps complet ou partiel) identiques, cet écart était légèrement inférieur à 10%. "Les inégalités salariales sont la partie visible de l'iceberg des violences économiques subies par les femmes", a dit l'association Osez le féminisme, rappelant qu'elles représentent "78,1% des travailleurs à temps partiel" et accèdent moins aux postes à responsabilité.
La CGT s'est réjouie de l'initiative, envisageant l'idée d'"une journée d'action et de grève pour les droits des femmes, à l'occasion du 8 mars (Journée internationale des Droits des Femmes) par exemple".
Les ministres Laurence Rossignol (Droits des femmes) et Myriam El Khomri (Travail) ont souligné dans un communiqué commun "l'engagement du gouvernement en faveur de l'égalité salariale" depuis 2012. Elles ont précisé que 107 entreprises ont été sanctionnées depuis 2013 pour ne pas avoir respecté leurs obligations. "L'égalité femmes-hommes doit être au cœur de la République. A tous les instants", a tweeté le Premier ministre Manuel Valls.
L'initiative a conquis des politiques de tous bords: Marine Le Pen (FN), Valérie Pécresse (LR), Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Éducation nationale, Alain Juppé et Jean-François Copé (LR), ou encore Jean-Luc Mélenchon (Parti de gauche) ont affiché leur soutien sur Twitter. A l'heure H, la députée socialiste de Gironde Sandrine Doucet, a relayé dans l'hémicycle l'appel pour l'égalité salariale, lors du débat budgétaire.
Selon le rapport 2016 du Forum économique mondial (WEF) sur la parité homme/femme, l'égalité salariale pourrait devenir une réalité mondiale dans 170 ans, soit en 2186, en raison d'un "fort ralentissement" dans ce domaine.
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