Voiture de police incendiée : quatre hommes mis en examen pour tentative de meurtre
Quatre hommes ont été mis en examen samedi 21 par un juge d'instruction, notamment pour tentative de meurtre, après l'attaque puis l'incendie d'un véhicule de police dans lequel se trouvaient deux agents, en marge d'une manifestation interdite mercredi 18 à Paris, a-t-on appris du parquet de Paris. Issus de la mouvance antifasciste, selon le parquet, ces hommes âgés de 18 à 32 ans mis en examen du chef criminel de tentative de meurtre ont également été mis en examen pour "violences en bande organisée" avec arme sur forces de l'ordre, "destruction de biens en bande organisée" et "participation à un attroupement" armé. L'un des suspects est également mis en examen pour "refus de se soumettre à un prélèvement ADN". En revanche, aucun n'a été poursuivi pour "association de malfaiteurs", requis par le parquet. Les quatre hommes, trois étudiants de 18, 20 et 21 ans, et un autre de 32 ans, sans emploi, sont incarcérés dans l'attente d'un débat différé sur leur détention provisoire, demandé par leur défense, et qui interviendra devant un magistrat dans un délai de quatre jours.
"Les investigations se poursuivent pour déterminer le rôle exact de chacun" et "interpeller d'éventuels autres suspects", a précisé le parquet. Une source proche du dossier a affirmé à l'AFP que l'un des suspects était "probablement l'auteur d'un tir de projectile" qui a brisé la vitre arrière de la voiture. Les suspects avaient été identifiés notamment grâce à des "renseignements", selon une source proche de l'enquête. Les policiers ont notamment retrouvé chez eux un poing américain, une matraque, des bouteilles de gaz et des tracts antifascistes.
Parmi les quatre hommes, qui ont "globalement fait valoir leur droit au silence" en garde à vue, selon le parquet, trois avaient fait l'objet d'interdictions de manifester pour la mobilisation de mardi 17 contre la loi Travail, dans le cadre de l'état d'urgence. Mais le suspect de 21 ans avait obtenu devant le tribunal administratif une suspension de cette interdiction, justifiée par le préfet de police par la participation à des manifestations ayant dégénéré. Le juge des référés a retenu une "atteinte grave et manifestement illégale à la liberté d'aller et venir et à celle de manifester". La décision du tribunal, consultée par l'AFP, fait état d'une note de renseignements décrivant le jeune homme "comme un membre très actif de la mouvance ultra-gauche, proche notamment de la structure de fait Action antifasciste Paris-Banlieue". Selon la note, il est par ailleurs soupçonné d'avoir participé à l'agression d'un militaire hors service. Ce jeune homme ainsi que le suspect de 32 ans ont déjà été condamnés dans le passé pour des violences aggravées. "Ce dossier est une farce honteuse", s'est insurgé l'avocat du plus âgé, Me Antoine Comte. "Il n'y a rien, sauf un témoignage anonyme qui s'avère être celui d'un policier", a-t-il affirmé.
Mercredi, alors que des policiers manifestaient place de la République contre la "haine anti-flics", une contre-manifestation interdite s'est tenue au même endroit contre les "violences policières", au cours de laquelle des manifestants ont été repoussés par les forces de l'ordre. Non loin de là, une quinzaine d'entre eux s'en était pris à une voiture de police, qui avait été incendiée alors qu'une femme gardien de la paix et un adjoint de sécurité étaient à bord. Des vidéos de l'attaque, largement relayées sur internet, montrent une personne brisant la fenêtre côté conducteur, puis une autre frappant le policier assis. Un homme en capuche lance ce qui ressemble à un fumigène par la lunette arrière, également brisée, provoquant l'embrasement du véhicule et forçant les policiers à en sortir. Légèrement blessés, ces deux policiers ont été décorés samedi par le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, en présence de François Hollande.
"Les images de la violence dont ils ont été victimes resteront longtemps gravées dans l'esprit des Français", a estimé le ministre, saluant "l'extrême maîtrise" de l'adjoint de sécurité, qui va devenir gardien de la paix. L'attaque a suscité l'indignation, au moment où le gouvernement et la droite apportaient leur soutien aux policiers, qui manifestaient leur lassitude face aux "casseurs" et aux violences qui émaillent les manifestations contre la loi Travail depuis plus de deux mois.
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