Traitement contre le paludisme : des victimes du Lariam préparent une action de groupe
Le fait que Stromae ait été victime du Lariam semble avoir fait évoluer les choses. Une action de groupe contre cet antipaludique aux effets secondaires puissants pourrait bientôt voir le jour, menée par l'Association d'aide aux victimes des accidents de médicaments (AAAVAM). "On est en train de regrouper des victimes. On rencontre nos avocats la semaine prochaine", a fait savoir lundi 11 son président au Parisien.
Si la procédure n'en est encore qu'à ses débuts, certains malades seraient donc prêts à demander l'interdiction de ce médicament en France, comme c'est déjà le cas dans 28 pays. Les effets secondaires du Lariam, peuvent en effet être importants et toucher au psychisme. Ils ont été fort médiatisés lors que le chanteur belge Stromae a détaillé les problèmes que le médicament lui avait causés.
Il avait été hospitalisé et contraint de reporter ses concerts en Afrique en 2015 après avoir pris ce traitement préventif: "J'ai cru que j'avais basculé dans la folie, on m'a diagnostiqué une décompensation psychique. J'aurais pu faire une connerie, je n'étais plus moi-même", a-t-il témoigné dans une interview à Marianne publiée samedi 2. "Aujourd'hui, je suis encore sensible aux crises d'angoisse. Il m'est déjà arrivé de devoir retourner d'urgence à l'hôpital", précisait-il. Et d'ajouter que prendre du Lariam faisait partie des "peu de regrets" de sa vie.
Impressionnants et lourds, les effets du Lariam et de son principe actif, la méfloquine, sont connus. Il est donc déconseillé aux personnes ayant des antécédents de troubles neuropsychiatriques ou de convulsions. Les effets de la méfloquine peuvent survenir bien après l'arrêt du traitement. L'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) évoque ainsi "une amnésie pouvant parfois durer plus de 3 mois".
Le fabriquant du Lariam, Roche, rappelle de son côté que les effets bénéfices/risques du médicament ont été réévalués en 2016 avec succès par les autorités sanitaires françaises.
Tous les traitements préventifs contre le paludisme (méfloquine, chloroquine, proguanil, atovaquone et doxycycline) présentent en effet des risques. Selon, l'OMS, en 2014 "environ 1 voyageur sur 10.000 prenant une prophylaxie par la méfloquine ou la chloroquine présente des troubles neuropsychiatriques graves (crise convulsive, psychose, encéphalopathie)". Des risques à mettre en balance avec ceux du paludisme, maladie transmise par les moustiques et à l'origine de 429.000 décès en 2015. Les traitements antipaludiques sont recommandés avant de visiter 91 pays dans le monde.
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