Un voyageur sur deux revient d'une zone tropicale avec des bactéries multi-résistantes
Voilà une étude qui risque de déplaire à de nombreux vacanciers en partance pour l’Asie, l’Amérique du Sud ou l’Afrique. Selon des travaux de chercheurs français publiés dans la revue Clinical Infectious Disease, un voyageur sur deux (51%) de retour d’une région tropicale présente des entérobactéries multi-résistantes dans son organisme. Inutile toutefois de paniquer puisque 95% d’entre eux s’en débarrassent naturellement et sans s’en rendre compte dans les trois mois suivant leur périple.
Pour mener cette étude, des chercheurs des services des maladies infectieuses et tropicales de l’AP-HP (Assistance Publique-Hôpitaux de Paris) ont suivi 824 personnes avant et après un retour en zone tropicale. Ces dernières devaient répondre à un questionnaire médical et fournir un prélèvement de selles dans la semaine précédant leur départ puis dans les trois jours suivant leur retour. Les scientifiques ont alors observé que 51% des voyageurs présentaient dans leur tube digestif des entérobactéries multi-résistantes. Ceux revenant d’Asie en sont les plus porteurs (plus de 72%), devant ceux qui rentrent d’Afrique subsaharienne (plus de 47%) et d’Amérique du Sud (plus de 31%).
Les voyageurs contaminés ont généralement attrapé ces bactéries après avoir eu la diarrhée et pris des antibiotiques. Car ces derniers altèrent la flore intestinale et l’empêchent de lutter contre les bactéries extérieures. Celles-ci peuvent donc s’installer dans l’intestin du voyageur, s’adaptant à ses antibiotiques (d’où le terme de "multi-résistantes"). Si la plupart de ces bactéries ne sont pas dangereuses, certaines peuvent provoquer de graves infections alors difficiles à soigner en raison de la résistance au traitement.
Aussi, afin de pouvoir éliminer ce genre de bactéries, les chercheurs préconisent la mise au point de nouveaux traitements adaptés à une résistance aux antibiotiques. "Ces résultats soulignent la nécessité d’étudier l’implication des entérobactéries multi-résistantes chez les patients déclarant une infection dans les 3 mois suivant leur retour de zone tropicale. Ainsi, les professionnels de santé de ville et hospitaliers pourront prescrire un traitement adapté à une éventuelle résistance aux antibiotiques", expliquent-ils dans un communiqué publié sur le site de l'AP-HP.
Ils insistent également sur "l’importance d’un usage prudent des antibiotiques (souvent consommés de manière excessive en cas de simple diarrhé)". Car plus le voyageur prendra des antibiotiques, plus les bactéries deviendront résistantes. Et de rappeler au "respect des règles de prévention et d’hygiène élémentaires (laver les aliments, se laver les mains, boire de l’eau en bouteille, etc.) pendant le voyage".
Pour découvrir les recommandations de l’Institut national de veille sanitaire aux voyageurs, cliquez sur ce lien.
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