Après un mois de conflit social, la Guyane dans l'attente

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Par AFP
Publié le 17 avril 2017 - 13:29
Mis à jour le 18 avril 2017 - 04:45
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Un enfant jouant dans les rues de Kourou en Guyane, le 3 avril 2017
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© jody amiet / AFP
Une assemblée générale du collectif, qui rassemble élus, associations, syndicats et socio-professionnels, doit déterminer si les barrages routiers, ouverts pour permettre à la population de profiter du week-end, vont se refermer.
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Après un mois de conflit social en Guyane, le collectif "Pou la Gwiyann dékolé" a décidé lundi de poursuivre la mobilisation en refermant les barrages qui avaient été levés pour le week-end, jusqu'à la signature d'un protocole d'accord avec le gouvernement.

Ce protocole d'accord de sept pages, élaboré par le collectif qui coordonne le mouvement social "pour suspendre le mouvement sous sa forme actuelle", a été envoyé dimanche au gouvernement, qui en a accusé réception.

"Pour avoir une signature rapide, nous avons obligation de durcir le mouvement. Les barrages seront fermés dès ce soir 22H00" (3H00 à Paris), a déclaré pour le collectif Valérie Vanoukia, représentante des très petites entreprises de Guyane, à l'issue d'une assemblée générale, invitant la population à se remobiliser.

Dans ce protocole, baptisé Projet d'Accord de Guyane, Pou la Gwiyann dékolé ("Pour que la Guyane décolle") "acte" le plan d'urgence de plus d'un milliard d'euros proposé par le gouvernement et propose de rouvrir le dialogue sur les 2 milliards" d'euros supplémentaires que réclamaient jusqu'à présent les manifestants.

"Sur les 2 milliards, nous pouvons discuter", "ce ne sont qu'une pompe d'amorçage", a-t-elle ajouté.

Elle souligne notamment que dans le texte initial du gouvernement, les questions sur la santé, l'éducation, le foncier et les communes de l'intérieur "n'ont pas eu de vraies réponses".

Mais deux points sont non négociables: "le gouvernement doit acter le fait que le peuple guyanais veut se prendre en main", a indiqué Mme Vanoukia.

Et il doit aussi garantir qu'aucun manifestant ayant participé au mouvement ne sera sanctionné judiciairement, a-t-elle insisté, en référence aux contrôles de police ordonnés depuis vendredi sur les barrages par la justice, à la suite de plaintes de particuliers pour "entrave à la circulation".

"Nous acceptons la reprise du dialogue que le président de la République nous a proposée", a-t-elle dit et "pour avoir une réponse rapide, nous allons faire monter la pression", juste avant le premier tour de l'élection présidentielle, prévu samedi en Guyane.

Mme Vanoukia s'est dite "très confiante pour dire que le mouvement sera suspendu dans les deux ou trois jours à venir".

La fermeture des barrages risque d'accentuer les divisions qui sont montées crescendo depuis plusieurs jours dans la population sur ce blocage qui paralyse la Guyane et pénalise l'activité économique.

Au sein du collectif également, des divergences étaient apparues ces derniers jours, les socio-professionnels réclamant la levée des blocages pour "sauver les emplois".

Selon le préfet, plus de 500 entreprises guyanaises ont déjà demandé des mesures de chômage partiel à cause du mouvement social.

Le collectif avait déjà prévenu que le rond-point proche du centre spatial de Kourou, où s'effectuent les lancements de la fusée Ariane, resterait fermé, malgré les alertes du PDG d'Arianespace sur les conséquences économiques et sociales de ce blocage.

- Campagne perturbée -

Renforcement des moyens pour lutter contre l'insécurité, désenclavement de toutes les communes de Guyane, dont certaines sont inaccessibles par la route et n'ont ni eau potable, ni électricité, reconnaissance des peuples autochtones, amélioration des services de santé défaillants et du système scolaire inadapté à une démographie galopante... les manifestants réclament au total plus de 3 milliards d'euros à l'Etat, alors que celui-ci a mis sur la table un plan d'urgence de plus d'un milliard d'euros.

Selon Mikael Mancée, porte-parole du collectif, "quel que soit le gouvernement qui sera là (après la présidentielle, ndlr), ce qu'on demande, il va être obligé de nous le donner".

Depuis un appel à la "grève générale illimitée" le 25 mars, qui bloque notamment le port de Cayenne où transitent 90 à 95% des importations et exportations" de la Guyane, le territoire souffre d'une pénurie dans les commerces, notamment de produits frais, et de difficultés d'approvisionnement de médicaments et de matériel médical.

Mais les conséquences de la grève sont plus larges: services administratifs fermés, liaisons aériennes aléatoires, absence de courrier, campagne électorale perturbée.

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