Condamnation par le Conseil de l’Ordre des médecins de la pédopsychiatre Eugénie Izard pour avoir alerté sur de possibles faits de maltraitance sur mineure
DEBRIEFING - Après celui de la pédopsychiatre Françoise Fericelli, c’est le témoignage d’une autre spécialiste, Eugénie Izard, que nous avons recueilli. Cette pédopsychiatre a, elle aussi, été poursuivie et condamnée par le Conseil de l’ordre des médecins pour avoir notamment signalé ses soupçons de maltraitance sur une de ses jeunes patientes.
Concernant Eugénie Izard, la sanction pour immixtion dans les affaires de famille est lourde : 3 mois d’interdiction d’exercer dont un mois avec sursis. Depuis notre rencontre, la condamnation est devenue définitive, le Conseil d’État ayant refusé d’admettre le pourvoi formé par la pédopsychiatre en vue de faire annuler la décision disciplinaire. Il a notamment été considéré que la lettre adressée au président du Conseil régional par la spécialiste ne constituait pas un signalement, mais devait être considérée comme un "simple courrier". Les présidents des Conseil régionaux sont pourtant à la tête des Cellules de Recueil des Informations Préoccupantes (CRIP), et le Code de l’action sociale et des familles dispose dans son article L 226-3 que "le président du conseil départemental est chargé du recueil, du traitement et de l'évaluation, à tout moment et quelle qu'en soit l'origine, des informations préoccupantes relatives aux mineurs en danger ou qui risquent de l'être. Le représentant de l'État et l'autorité judiciaire lui apportent leur concours". Eugénie Izard annonce qu'elle va porter l'affaire devant la Cour européenne des droits de l'homme. (Lire la suite de l'article en dessous de la vidéo.)
Ce mardi 12 septembre, le gouvernement a lancé une campagne qualifiée de "choc" pour lutter contre les violences sexuelles faites aux enfants. Et le 6 septembre dernier, le Conseil de l’Europe rendait public une recommandation visant "à renforcer les systèmes nationaux destinés aux professionnels et aux bénévoles pour le signalement de toutes les formes de violence à l'égard des enfants, en tant qu'éléments essentiels des stratégies nationales de lutte et de prévention de la violence à l'égard des enfants."
L’institution européenne déplore notamment que "les professionnels travaillant avec les enfants se heurtent fréquemment à des obstacles au signalement lorsqu'ils sont confrontés à des indications de violence à l'égard des enfants, tandis que les enfants n'ont souvent pas accès à des services de conseil et de signalement sûrs, adaptés à leurs besoins, et fiables".
Il semblerait que la France ait encore du chemin à faire pour lever les "obstacles au signalement" se dressant devant les médecins soupçonnant des faits de maltraitances, sexuelles ou autres, commis sur des enfants. On peut en effet s’interroger sur l’efficacité d’une campagne encourageant à lever le "secret trop bien gardé" des violences sexuelles sur mineures, tant que les professionnels faisant part de leurs soupçons demeurent à la merci de sanctions !
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