Bygmalion : six mois de prison ferme requis contre Nicolas Sarkozy

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Par Alain JEAN-ROBERT et Marie DHUMIERES - Paris (AFP)
Publié le 17 juin 2021 - 19:14
Mis à jour le 18 juin 2021 - 10:02
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Ses dénégations véhémentes n'auront pas convaincu le parquet: un an de prison, dont six mois avec sursis, a été requis jeudi à l'encontre de l'ancien président Nicolas Sarkozy, jugé avec 13 autres prévenus dans l'affaire des dépenses excessives de sa campagne présidentielle de 2012.

Des peines allant de dix-huit mois à quatre ans d'emprisonnement avec sursis, assortis d'amendes de 25.000 à 150.000 euros, ont été requises à l'encontre des autres prévenus.

"Nicolas Sarkozy ne regrette visiblement rien puisqu'il n'est venu qu'à une seule audience alors que toutes les auditions le concernaient", a soutenu la procureure Vanessa Perrée en dénonçant "la totale désinvolture" de l'ex-chef de l'Etat.

Pour "marquer sa distance" avec les autres prévenus, Nicolas Sarkozy, jugé pour "financement illégal de campagne électorale", a choisi d'être représenté par son avocat durant les cinq semaines de procès. Lors de son interrogatoire mardi, il avait contesté que sa campagne ait coûté deux fois plus que le plafond autorisé par la loi. "C'est une fable !", s'était-il emporté.

Le procureur Nicolas Baïetto a balayé cette explication. "Il était président au moment des faits. C'est une fonction qui exige un comportement irréprochable", a asséné le magistrat.

"Ce comportement de ne pas se considérer comme un justiciable comme un autre, comme un citoyen parmi les citoyens, est à l'avenant de ce qu'il a été lors de cette campagne présidentielle, se situant hors de la mêlée", a renchéri Mme Perrée. "Cette désinvolture vis-à-vis (des autres prévenus) et du tribunal est à l'image de la désinvolture dans sa campagne".

- "Vogue la galère" -

"Il s'est éloigné du chemin de l'Etat de droit", a poursuivi la procureure en soulignant que Nicolas Sarkozy ne pouvait "se défausser de sa responsabilité du fait qu'il (était) président de la République". En agissant ainsi, il a "porté atteinte aux valeurs démocratiques républicaines".

En mars, Nicolas Sarkozy était devenu le premier ex-président de la Ve République à être condamné à de la prison ferme (trois ans dont un ferme), pour corruption et trafic d'influence dans l'affaire dite "des écoutes".

Dans le dossier Bygmalion, malgré des notes d'alerte sur le risque de dépassement du plafond de ses dépenses de campagne dès le 7 mars 2012, "Nicolas Sarkozy veut un meeting par jour" et dès lors "vogue la galère", a ironisé le procureur Baïetto.

Pour le parquet, la culpabilité des ex-dirigeants de Bygmalion, l'entreprise qui organisait les meetings, de sa filiale chargée de l'événementiel Event & Cie et des ex-cadres de l'UMP ne fait "aucun doute".

Tout au long des débats, les anciens cadres de l'UMP (devenue Les Républicains) et de Bygmalion, le directeur de campagne, les experts-comptables, ont tous cherché à minimiser leur rôle, voire à le nier.

Seuls 4 des 14 prévenus (3 ex-cadres de Bygmalion et l'ancien directeur de campagne adjoint du président-candidat, Jérôme Lavrilleux), ont reconnu partiellement leur responsabilité dans la mise en place d'un système de fausses factures imaginé pour masquer l'explosion des dépenses de campagne de Nicolas Sarkozy.

- Inéligibilités -

Les procureurs ont demandé trois ans de prison avec sursis et 50.000 euros d'amende pour Jérôme Lavrilleux. Contre les trois ex-cadres de Bygmalion qui ont admis avoir accepté la mise en place du système de fausses factures, ils ont requis dix-huit mois de prison avec sursis et des amendes de 100.000 euros.

La peine la plus lourde (quatre ans d'emprisonnement avec sursis) a été requise contre Eric Cesari, ex-directeur général de l'UMP, et Guillaume Lambert, qui était le directeur de la campagne en 2012. Le parquet a en outre requis des amendes respectives de 60.000 et 50.000 euros contre les deux prévenus.

Une interdiction du droit de vote et une peine d’inéligibilité de cinq ans ont été requises en outre à l'encontre de M. Cesari, adjoint au maire de Courbevoie, et de trois autres ex-cadres de l'UMP qui ont aujourd'hui des mandats électoraux.

Révélé deux ans après la défaite de M. Sarkozy, le scandale avait entraîné des déflagrations politiques en série à droite.

L'enquête a révélé que le prix réel des 44 meetings organisés par l'agence événementielle Bygmalion avait été drastiquement réduit - 80% des factures ont disparu - et le reste réglé par l'UMP au nom de conventions fictives du parti.

L'enquête "n'a pas établi" que Nicolas Sarkozy l'aurait "ordonné", qu'il y aurait "participé", ni même qu'il en aurait été informé. Par contre, l'accusation a soutenu qu'il en avait "incontestablement" bénéficié, disposant ainsi de "moyens bien supérieurs à ceux que la loi autorisait".

Le plafond légal a été dépassé de 22 millions d'euros.

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