Affaire Fillon : point après la mise en examen de Penelope Fillon

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Par AFP
Publié le 29 mars 2017 - 16:18
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Penelope Fillon à son retour à son domicile à l'issue de son audition au pôle financier du tribunal
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© THOMAS SAMSON / AFP/Archives
Penelope Fillon à son retour à son domicile à l'issue de son audition au pôle financier du tribunal de grande instance le 28 mars 2017 à Paris
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Complicité et recel de détournement de fonds publics, complicité et recel d'abus de biens sociaux, recel d'escroquerie aggravée: le point sur les soupçons qui pèsent sur Penelope Fillon au lendemain de la triple mise en examen de l'épouse du candidat de la droite à la présidentielle.

- Les suites judiciaires -

En mettant en examen l'épouse du candidat - après François Fillon et son ancien suppléant Marc Joulaud -, les juges ont considéré qu'il existait aussi des "indices graves ou concordants" la concernant.

A moins d'un mois du premier tour de la présidentielle, les juges vont-ils décider de suspendre provisoirement leurs investigations ou continuer à instruire leur enquête, menée jusqu'ici tambour battant?

"Ils devront à un moment ou à un autre entendre Marc Ladreit de Lacharrière, propriétaire de La Revue des deux mondes et les enfants du couple Fillon", Charles et Marie, également embauchés comme collaborateurs parlementaires de leur père, relève une source proche du dossier.

Contrairement à François Fillon s'il est élu le 7 mai, son épouse ne bénéficiera pas d'une immunité présidentielle qui empêche tout acte judiciaire pendant la durée du mandat, et l'enquête à son encontre pourra se poursuivre.

- L'Assemblée nationale -

Au cœur de l'affaire, les salaires perçus par Penelope Fillon, de 1986 à 2013 avec plusieurs interruptions, comme assistante parlementaire de son mari ou de Marc Joulaud: 680.380 euros net, soit environ 3.600 euros mensuels.

Rien n'interdit à un parlementaire d'embaucher un membre de sa famille, mais les juges s'interrogent sur l'effectivité du travail de la discrète Galloise, sans profession connue jusque-là.

Entendue le 30 janvier à l'office anticorruption (Oclciff), elle a déclaré "ne s'être jamais rendue à l'Assemblée, et avoir exercé son activité depuis son domicile dans la Sarthe", d'après la source proche du dossier, confirmant une information du JDD qui a révélé des extraits de cette audition.

Le candidat a décrit une relation de travail très personnelle avec son épouse, qui d'après lui gérait notamment son courrier et son agenda, mais l'emploi de cette dernière auprès de Marc Joulaud de 2002 à 2007, rémunéré plus de 6.000 euros par mois, interroge encore davantage.

"L'influence de mon mari restait importante" dans la circonscription, "ma présence pouvait apporter du poids" à son suppléant, a-t-elle expliqué devant l'Oclciff, expliquant que son souhait était "de rester dans l'ombre, pour des raisons de caractère".

- La Revue des deux mondes -

Les juges s'interrogent sur le contrat de Penelope Fillon de mai 2012 à décembre 2013 à La Revue des deux mondes, propriété de l'homme d'affaires proche du candidat, Marc Ladreit de Lacharrière. "Une dizaine de notes et fiches de lecture ont été retrouvées", d'après des sources proches du dossier, mais seules deux recensions ont été publiées. Penelope Fillon, qui a admis ne s'être jamais rendue dans les locaux du magazine littéraire, aurait aussi eu un rôle de conseil auprès de M. de Lacharrière.

Les relations entre ce dernier et François Fillon posent question: pourquoi la société du député, 2F, a conseillé la holding du milliardaire, Fimalac? Pourquoi l'homme d'affaires a versé 50.000 euros, sans intérêts, à l'ex-Premier ministre en 2013, une somme non déclarée qui a été depuis remboursée.

- Un cumul qui interroge -

Des documents saisis à l'Assemblée, notamment une fiche de renseignements sur laquelle l'épouse du candidat a déclaré en juillet 2012 un travail mensuel à la Revue des deux Mondes de 14 heures, intriguent les enquêteurs.

Les magistrats se demandent si ce chiffre aurait été minimisé pour respecter la limite légale du temps de travail cumulé quand elle était à la fois salariée par la revue et l'Assemblée de juillet 2012 à novembre 2013, deux emplois censés être à temps plein.

D'après le code du travail, le salarié cumulant plusieurs emplois, ne doit pas travailler plus de 44 heures hebdomadaires sur une période de 12 semaines consécutives. Mais le législateur a prévu une série d'exceptions non soumises au respect de la durée maximale de travail, "notamment les travaux d'ordre littéraire", a relevé l'avocat de François Fillon, Antonin Levy. Par ailleurs, elle avait un contrat dans cette revue "qui mentionnait un travail de 281 jours par an et lui laissait une totale liberté dans l'organisation de son temps de travail", a-t-il ajouté.

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