Mort d'André Courrèges, couturier et symbole des "sixties"
Le couturier André Courrèges, symbole de la révolution vestimentaire des années 1960, est décédé jeudi à l'âge de 92 ans à son domicile de Neuilly-sur-Seine, près de Paris, a annoncé vendredi 8 la maison Courrèges.
André Courrèges, qui avait cessé ses activités professionnelles dans les années 1990, "s'est éteint après un long combat de plus de trente ans contre la maladie de Parkinson", indique la maison dans un communiqué.
Difficile de trouver à travers l’Histoire un vêtement aussi représentatif d’une époque. La robe trapèze Courrèges, c’est le symbole des sixties, de la révolution sexuelle et de l’élégance française réunies. Créée en 1961 par le couturier André Courrèges et sa femme Coqueline, l’entreprise a traversé, non sans quelques accrocs, cinq décennies en conservant le même esprit et la "patte" d’André Courrèges. Le couple est resté impliqué dans la marque pendant cinquante ans.
"L’effet d’une bombe"
Très vite après la création de l’entreprise, les vêtements Courrèges rencontrent un grand succès. Leur design géométrique et avant-gardiste bouleverse la mode de l’époque avec l’apparition de la fameuse robe trapèze, de la minijupe, ou des bottes à semelles plates. Ces innovations répondent aux aspirations de la femme moderne des années 1960, plus libérée mais aussi plus active. Yves Saint Laurent lui-même comprend qu’André Courrèges vient de révolutionner la mode: "Je m'enlisais dans l'élégance traditionnelle, Courrèges m'en a sorti. Sa collection est apparue comme une bombe. Après, plus rien n'était comme avant", dira-t-il. Les icônes féminines de l’époque participent à la renommée de la marque. Brigitte Bardot, Catherine Deneuve et surtout Françoise Hardy craquent pour les créations épurées du couturier.
Mais très vite, l’entreprise est confrontée à la concurrence issue de la révolution industrielle. Les créations Courrèges sont, au grand dam de leur créateur, copiées dans de nombreux pays. Furieux, André Courrèges boudera un temps les podiums pour se consacrer au prêt-à-porter de luxe plus abordable. Pour ce faire, il ouvre en 1968 une usine dans sa ville natale de Pau.
Courrèges tombe dans l’oubli
L’éclosion des nouvelles puissances industrielles, notamment en Asie, et la crise des années 1970 touchent durement Courrèges. L’entreprise tente de se diversifier, lance une gamme de parfums en 1979, mais n’arrive plus à suivre le rythme imposé par la concurrence.
En 1983, le groupe Japonais Itokin devient l’actionnaire majoritaire de la marque. Cette prise de pouvoir est désastreuse. Le couple Courrèges et son nouveau dirigeant nippon ne s’entendent pas du tout sur la gestion de l’entreprise. Les ambitions artistiques de l’un se heurtent aux impératifs économiques de l’autre. En 1986, André Courrèges est même déchu de son titre de "grand couturier" faute de n’avoir présenté aucune nouvelle collection en un an. Après plus de dix ans de combat, Coqueline Courrèges réussit en 1994 à reprendre le contrôle de la société. Mais deux ans plus tard, à 73 ans, André Courrèges se retire du monde de la mode.
En 2011, Coqueline Courrège a revendu à la surprise général l'entreprise à deux jeunes entrepreneurs, Jacques Bungert et Frédéric Torloting, ignorant les offres de génats tels LVMH ou PPR. "C’est avant tout l’histoire d’une rencontre", confiait alors l’entreprise à FranceSoir, "Coqueline Courrèges voulait transmettre son entreprise plus que la revendre".
Depuis cette reprise, les nouveaux propriétaires tentent de faire revivre la marque en conservant l'esprit de son fondateur. André Courrèges aura pu assister à l'un des symboles de cette renaissance. En septembre dernier, Courrèges avait fait son grand retour sur les podiums de la Fashion Week de Paris.
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.