Le romancier d'origine russe Andreï Makine élu à l'Académie française

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 04 mars 2016 - 10:37
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Andreï Makine.
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"Le français m'a toujours baigné et a encouragé, stimulé mon amour pour la littérature française", a déclaré par le passé Andreï Makine.
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Russe de naissance et Français de cœur, le romancier Andreï Makine a été élu à l'Académie française, jeudi. L'auteur du "Testament français", pour lequel il a reçu les prix Goncourt, Goncourt des lycéens et Médicis la même année, est un amoureux rigoriste de la langue française et s'inquiète d'un possible délitement de l'identité française.

L'écrivain d'origine russe Andreï Makine, lauréat du prix Goncourt et du Médicis pour Le testament français (ed. Gallimard), a été élu jeudi 3 à l'Académie française, une consécration pour ce romancier longtemps boudé par les éditeurs et qui dut batailler pour obtenir la nationalité française.

Andreï Makine, 58 ans, a été élu au premier tour par 15 voix sur 26 votants. Il y a eu 3 bulletins blancs et six bulletins marqués d'une croix, signe d'une opposition. Deux voix sont allées sur le nom d'Arnaud-Aaron Upinsky, un écrivain proche des milieux catholiques traditionalistes. L'écrivain, amoureux de la langue française, succède à la romancière algérienne Assia Djebar, décédée en février 2015. Huit candidats étaient en lice dont un lycéen de 15 ans, Valentin Ogier, qui n'a obtenu aucune voix. Il n'existe pas d'âge minimum pour se présenter à l'Académie qui n'accepte pas en revanche les candidats âgés de plus de 75 ans.

Auteur de seize livres sous son nom et de quatre sous le pseudonyme de Gabriel Osmonde, Andreï Makine a réussi l'exploit, en 1995, d'être couronné par les prix Goncourt, Goncourt des lycéens et Médicis pour son roman Le testament français. "C'est tout naturellement que j'écris en français, et ce depuis mon arrivée en France" en 1987, se souvenait Andreï Makine dans un rare entretien publié par Le Figaro au début des années 2000. "Le français m'a toujours baigné et a encouragé, stimulé mon amour pour la littérature française", dit le romancier, qui défend une conception rigoriste de la langue, ne supportant ni le "verlan" ni la grammaire approximative.

Lorsqu'il débarque à Paris de sa Sibérie natale, il n'a rien d'autre qu'une vision mythique de la France, transmise, en même temps que la langue, par sa grand-mère d'origine française. La réalité qu'il découvre ne correspond pas au mythe. Mais cela ne le décourage pas, au contraire. Il vivote, écrit, envoie ses manuscrits même si les refus des éditeurs s'enchaînent. Pour faire éditer ses deux premiers romans, La fille d'un héros de l'Union soviétique (1990) et Confession d'un porte-drapeau déchu (1992), il fait croire qu'ils ont été traduits du russe en inventant un traducteur imaginaire.

Sa première demande de nationalité française en 1991 est également refusée. "C'était humiliant pour moi, qui suis imprégné de culture française. Mais je ne veux pas me plaindre. Je n'avais pas de domicile ni de travail fixes. Ils avaient sans doute raison", analysera-t-il plus tard.

Son quatrième roman, Le testament français (1995) lui ouvre les portes de la notoriété. Le roman reçoit le Goncourt et le Médicis ainsi que le Goncourt des lycéens. L'année suivante Makine obtient enfin la nationalité française. En 2005, le romancier a reçu le prix Prince Pierre de Monaco pour l'ensemble de son œuvre et en 2014 le prix Mondial de la Fondation Simone et Cino del Duca-Institut de France.

Son dernier roman, Le pays du lieutenant Schreiber (ed. Grasset, 2014) retrace l'histoire de Jean-Claude Servan-Schreiber, officier français et résistant au nazisme mais tombé dans un quasi-oubli. Comment cela est-il possible, s'interroge Makine qui, à l'instar des académiciens Alain Finkielkraut ou Max Gallo, s'inquiète d'un possible délitement de l'identité française et d'une perte de mémoire collective. Il avait déjà eu l'occasion d'aborder ce thème dans Cette France qu'on oublie d'aimer (2006) où il fustigeait la tendance française à l'autodénigrement.

Elu à l'Académie française, Andreï Makine devra être reçu par le président de la République, "protecteur de l'Académie", pour être considéré comme faisant vraiment partie de la Compagnie. Il devra ensuite patienter (pendant au moins un an) avant de revêtir l'habit vert et d'être officiellement reçu sous la Coupole. Un mot du dictionnaire lui sera alors attribué. Celui d'Hélène Carrère d'Encausse, également d'origine russe et secrétaire perpétuelle de l'Académie, est "lexicographie". Le dernier reçu, Alain Finkielkraut a reçu le mot "variété".

En attendant l'intronisation d'Andreï Makine, un autre académicien, Marc Lambron, élu à l'Académie en juin 2014, sera officiellement reçu sous la Coupole le 14 avril prochain.

 

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