Mars 1977 : Chirac est élu maire de Paris (VIDEO)
"Chirac est maire de Paris", titre France-Soir le samedi 26 mars 1977, six jours après le second tour des municipales qui ont conduit l'ancien Premier ministre de Valéry Giscard d'Estaing à la conquête de la capitale.
"L'événement est historique même s'il a été sans surprise", ajoute le journal. Historique parce que, pour la première fois depuis la Révolution, les Parisiens avaient un maire issu d'élections au suffrage universel.
Suffrage indirect, puisque Chirac a été élu par les conseillers municipaux de Paris élus lors des municipales des 13 et 20 mars 1977. "La majorité a voté en bloc pour lui: 67 voix pour Chirac, 40 voix sur Fiszbin sur 109 votants", précise France-Soir. Le communiste Henri Fiszbin, candidat de l'Union de la gauche, n'a pas pesé lourd.
C'est le président Giscard d'Estaing qui avait voulu rétablir la fonction de maire de Paris, qui n'existait plus depuis 1871. La loi du 31 décembre 1975 avait fait de Paris à la fois une commune et un département, deux collectivités territoriales distinctes gérées par une même assemblée, le Conseil de Paris.
Giscard avait prévu de promouvoir, pour ce mandat de premier maire de la capitale, l'un de ses fidèles, Michel d'Ornano, cofondateur avec lui des Républicains indépendants (RI) et maire de Deauville depuis 1962.
Mais Chirac, poussé par ses proches conseillers Pierre Juillet et Marie-France Garaud, a annoncé sa candidature le 19 janvier 1977, consommant sa rupture avec VGE qu'il avait contribué à élire président en 1974 en le soutenant au détriment de Jacques Chaban-Delmas.
Premier ministre de Giscard depuis 1974, Chirac avait démissionné en août 1976 et créé le RPR quatre mois plus tard. L'élection comme maire de Paris sera une nouvelle étape dans sa stratégie de conquête de l'Elysée, bataille dans laquelle il essuiera deux échecs (1981, 1988) puis deux succès (1995, 2002).
Jacques Chirac a mené une campagne active dans la capitale, sa liste recueillant 26% des suffrages au premier tour, derrière l'Union de la gauche (32%) mais devant les listes D'Ornano (22%). Au second tour, les trois listes se maintiendront mais celles de Chirac arriveront largement en tête (49,5%).
Au premier conseil de Paris, le vendredi 25 mars, qui verra la passation de pouvoirs entre le préfet et le nouveau maire de Paris, les divisions de la droite seront apparemment effacées. "Certes, l'élection de Jacques Chirac à la mairie était assurée; ce qui n'était pas assuré, c'est que la quasi-totalité des conseillers de la majorité se rejoindraient pour élire le président du RPR", note l'éditorialiste de France-Soir, Claude Vincent.
"L'affaire de Paris, mal engagée, se termine bien pour la majorité. Il n'y a en son sein ni vainqueurs ni vaincus, mais, pour tous, une victoire commune et partagée", ajoute-t-il.
Jacques Chirac restera maire de Paris jusqu'en 1995, date de son accession à la présidence. De 1995 à 2001, c'est son premier adjoint Jean Tiberi qui lui succédera.
Celui-ci, miné par les affaires et par la division de la droite, se représentera en 2001 sur une liste dissidente du RPR, contre le candidat officiel Philippe Seguin, parachuté pour l'occasion. L'opposition profitera de ces divisions et Bertrand Delanoë deviendra le premier maire de gauche de la capitale. Il sera réélu en 2008, face à la candidate de droite Françoise de Panafieu. Et depuis avril 2014, à l'issue du duel entre Anne Hidalgo et Nathalie Kosciusko-Morizet, le maire de Paris, pour la première fois dans son histoire, est une femme.
(Voir ci-dessous, dans les archives de l'INA, l'élection de Jacques Chirac comme maire de Paris le 25 mars 1977):
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.