La première exécution d'un prisonnier au fentanyl a eu lieu aux Etats-Unis

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Par Nova SAFO - Chicago (AFP)
Publié le 14 août 2018 - 18:21
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Photo de Carey Dean Moore fournie par le Département des service pénitentaires du Nebraska
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© Handout / NEBRASKA DEPARTMENT OF CORRECTIONAL SERVICES/AFP
Photo de Carey Dean Moore fournie par le Département des service pénitentaires du Nebraska
© Handout / NEBRASKA DEPARTMENT OF CORRECTIONAL SERVICES/AFP

L'Etat du Nebraska a procédé mardi matin à la première exécution aux Etats-Unis d'un prisonnier par une injection létale contenant du fentanyl, un opiacé puissant à l'usage controversé.

Carey Dean Moore, 60 ans, avait été condamné à mort pour le meurtre de deux chauffeurs de taxi en 1979.

Son décès a été prononcé à 10H47 (15H47 GMT) mardi. L'exécution a duré une vingtaine de minutes, a indiqué Scott Frakes, directeur du Département des services pénitentiaires du Nebraska (centre).

"Je reconnais que l'exécution d'aujourd'hui touche de nombreuses personnes à plusieurs niveaux", a-t-il ajouté, précisant qu'elle avait été menée avec "professionnalisme, respect de la procédure et dignité pour toutes les parties impliquées".

"Calme et posé", selon les médias présents sur place, Moore s'est tourné vers ses proches, notamment son frère, pour leur demander pardon et leur adresser ses derniers mots, "je vous aime", à trois reprises.

On lui a ensuite administré un cocktail de quatre substances, dont trois n'avaient encore jamais été utilisées lors d'une exécution: le sédatif diazépam, le puissant analgésique fentanyl, le relaxant musculaire cisatracurium et du chlorure de potassium, qui arrête le coeur.

L'usage du fentanyl, responsable de dizaines de milliers de morts par overdose aux Etats-Unis, est particulièrement décrié. Cet opiacé est cinquante fois plus puissant que l'héroïne et près de cent fois plus puissant que la morphine.

Dans le but de protéger sa réputation, un laboratoire pharmaceutique allemand avait engagé une procédure judiciaire pour bloquer l'exécution de Moore, affirmant que le Nebraska avait illégalement obtenu des produits auprès de sa société.

"Fresenius Kabi ne prend pas position sur la peine capitale" mais "s'oppose à l'utilisation de ses produits à cette fin et ne vend donc pas certains médicaments aux établissements pénitentiaires", avait déclaré le laboratoire dans sa plainte au civil.

Un appel rejeté par un tribunal fédéral, qui a donné lundi son feu vert à l'exécution.

- 38 ans de couloir de la mort -

Pour Robert Dunham, directeur du Centre d'information sur la peine de mort, cette première exécution au fentanyl dans le Nebraska "montre que les Etats sont à la recherche de produits disponibles".

Les cocktails létaux sont devenus difficiles à obtenir en raison de l'opposition du public et de la réticence, ou de l'hostilité pure et simple, des laboratoires pharmaceutiques à les vendre aux prisons pour procéder à des exécutions.

Un procès intenté en juillet par le laboratoire pharmaceutique Alvogen a temporairement interrompu une exécution capitale dans le Nevada.

L'ACLU, puissante organisation américaine de défense des droits civiques, a également demandé lundi à la justice du Nebraska le report de l'exécution de Moore.

Les avocats ont argué que sa peine avait été automatiquement commuée en peine de prison à perpétuité en 2015 quand le Nebraska a aboli la peine capitale, un an avant que les électeurs ne la rétablissent par référendum.

Cet Etat rural du centre du pays n'avait plus exécuté de prisonnier depuis 1997. Il s'agit de la première mise à mort par injection létale de son histoire.

Carey Dean Moore, qui a passé 38 ans dans le couloir de la mort, avait fait savoir qu'il ne voulait plus que l'exécution soit repoussée.

Il n'avait que 22 ans lorsqu'il a été condamné à mort pour le meurtre de deux chauffeurs de taxi à Omaha, en août 1979, à cinq jours d'intervalle. Il a reconnu avoir tué par balle le premier chauffeur au cours d'un braquage avec son frère jumeau.

Il a écrit en 2007 avoir tué le second à la fin d'une course pour "(se) prouver bêtement" qu'il était capable "d'enlever tout seul la vie d'un homme".

Quelque seize prisonniers ont désormais été exécutés aux Etats-Unis depuis le début de l'année, selon le Centre d'information sur la peine de mort.

La moitié de ces exécutions ont eu lieu au Texas (sud), qui n'utilise qu'une seule substance pour ses injections létales: le pentobarbital, un sédatif provoquant à forte dose un arrêt respiratoire.

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