Crue en Seine-et-Marne : Nemours, coupée en deux par les eaux
Une ville coupée en deux: les habitants de Nemours ont découvert ce mercredi 1er juin matin, avec curiosité et fatalisme, le centre de leur ville noyé sous les eaux du Loing, sorti de son lit.
Derrière la barrière marquée "Rue barrée, inondation", recouverte un peu plus chaque heure par l'eau qui monte inexorablement, une Nemourienne contemple le cœur commerçant de la ville coupé en deux sur plus de 500 mètres. "Et on fait comment là?" s'exclame-t-elle.
Certains habitants ont retroussé leur pantalon pour tenter une traversée. Insuffisant pour certains passages où l'eau arrive en haut des cuisses... D'autres tentent péniblement leur chance à vélo.
Comme sur le pont situé un peu plus haut, qui enjambe la rivière au courant devenu violent, les badauds sont venus en nombre pour prendre en photo "l'événement".
"C'est impressionnant. J'habite ici depuis 39 ans, je n'ai jamais vu ça. Il y avait déjà eu des débordements mais c'était juste quelques flaques", glisse Virginie Louitfi, 44 ans.
"Je connais des gens qui sont touchés, ils ont dû monter leur canapé, leur congélateur et tout à l'étage, sinon ils perdaient tout", raconte Cyril Petit, un chauffeur de car de 39 ans.
La crue s'annonce historique: "On devrait être 80 centimètres au-dessus de la crue de 1910", prévient la maire (LR) Valérie Lacroute, sur le pied de guerre depuis deux jours.
Avec les élus, elle prévient depuis lundi ses administrés que des inondations sont annoncées. "Mais tant que ça n'arrive pas, les gens ne se rendent pas compte", soupire l'édile de cette ville de 12.000 habitants.
Comme cet homme qui a garé sa voiture "à minuit" et au sec et doit la sortir de l'eau dix heures plus tard. Il ouvre sa portière, déversant un torrent d'eau qui a inondé sa voiture jusqu'aux banquettes.
"Ça a commencé à monter vers 2h. C'est monté de 10 cm/heure et parfois 20 cm/heure", raconte la maire. "On nous dit que ça va monter jusqu'en début d'après-midi, mais ensuite ça ne va pas redescendre tout de suite...".
Les commerçants touchés tentent de sauver ce qui peut l'être. "Mais c'est impossible de tout sauver", glisse Emmanuelle Fabre, dont le magasin de produits bio a été envahi d'une quarantaine de centimètres d'eau.
Dans sa boutique, elle a surélevé ce qu'elle pouvait, et ramené sur la terre ferme quelques produits dans des sacs et des seaux avec l'aide de son père.
"Il y en a pour 40.000 euros de stock. Et puis, il y a les murs, les présentoirs, on ne sait pas dans quel état ce sera", soupire-t-elle, pieds nus, sa paire de bottes à la main: "De toute façon, pour l'instant, il n'y a rien à faire".
Des membres du club de canoë-kayak local sont venus avec leurs embarcations renforcer les services municipaux qui patrouillent entre les maisons à colombages pour évacuer en barques des personnes handicapées ou avec enfants, et amener des packs d'eau aux habitants restés dans les étages.
L'électricité a également été coupée dans le quartier par précaution.
Les écoles, collège et lycée, qui regroupent plusieurs dizaines de communes de la région, sont fermés durant deux jours pour éviter au maximum la circulation.
Un voisin, en pleine opération d'évacuation de ses meubles, préfère prendre la chose avec philosophie, malgré l'eau qui lui arrive à mi-mollets: "Ça fait de l'animation, il se passe jamais rien ici. Et les gens savent où c'est Nemours maintenant!".
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