Affaires politiques : le ras-le-bol des policiers face aux attaques

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Par AFP
Publié le 01 avril 2017 - 16:42
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Marine Le Pen (c), candidate du Front National à la présidentielle, visite un commissariat à Juvisy-
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Marine Le Pen (c), candidate du Front National à la présidentielle, visite un commissariat à Juvisy-sur-Orge, le 7 février 2017
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"Cabinet noir", "police politique", menaces de mesures de rétorsion à peine voilées: les policiers et leurs syndicats expriment leur ras-le-bol face aux attaques dont ils font l'objet au fil d'une campagne présidentielle électrisée par les affaires judiciaires.

Ces dernières semaines, c'est devenu une habitude, ou presque. Alors que les candidats de droite François Fillon et Marine Le Pen sont visés par des enquêtes, une personnalité de l'un ou l'autre camp, sur une estrade ou à la télévision, fustige le travail de la police, entraînant une réaction outrée d'un syndicat policier.

Vendredi, c'était au tour d'Alternative Police CFDT et du Syndicat des cadres de la sécurité intérieure (SCSI) de s'insurger après les déclarations du vice-président du FN, Florian Philippot, la veille sur BFMTV.

Il avait parlé de "police politique" et dénoncé des "dérives anti-démocratiques" au sujet de la perquisition dont le parti a fait l'objet dans le cadre d'une enquête sur des soupçons d'emplois fictifs au Parlement européen.

Courroucé par des "propos indignes", Alternative Police en appelle au ministre de l'Intérieur pour "déposer plainte contre toute personne qui continuera de diffamer de la sorte toute une institution".

Fustigeant aussi des propos "inacceptables" de M. Philippot, le syndicat Unsa Police a réclamé samedi "l'arrêt immédiat de toute instrumentalisation" de la police "par les équipes des candidats à l'élection présidentielle".

En première ligne sur les affaires politico-judiciaires, l'Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (Oclciff) se retrouve dans le viseur.

Il est accusé d'être la cheville ouvrière de "cabales d'Etat" ou d'un "cabinet noir", selon l'expression polémique employée par François Fillon après sa mise en examen dans l'enquête sur des soupçons d'emplois fictifs de son épouse Penelope.

Dans un courrier inédit envoyé le 13 mars au patron de la police et dont le contenu a fuité dans la presse, les fonctionnaires de l'Oclciff se sont émus, en plus du manque de moyens, "des menaces de représailles à peine voilées proférées par des candidats à la magistrature suprême". Et ont rappelé au passage avoir été assimilés déjà en 2014 à la Stasi - la redoutable police est-allemande - par Nicolas Sarkozy.

"A la lumière de ces événements se pose la question de la mise en oeuvre de la protection fonctionnelle des fonctionnaires face à de telles menaces ou accusations émanant de personnalités majeures", écrivent les policiers financiers.

- Impact sur le vote ? -

"De telles menaces sont une nouveauté et sont très mal ressenties par les collègues", indique Patrice Ribeiro, secrétaire général du syndicat d'officiers Synergie.

"Les attaques contre la police avaient commencé au moment de la loi El Khomri puis avec l'affaire Théo sur le registre des violences policières. On est habitué aux remises en cause mais s'installe un vrai sentiment d'injustice et de stigmatisation", poursuit M. Ribeiro.

Ces critiques auront-elles un impact sur le vote des policiers, alors même que la droite et l'extrême droite ont largement leurs faveurs, selon des études d'opinion ?

Pour Yves Lefebvre, patron d'Unité SGP-FO, les attaques "auront naturellement un effet sur le vote des collègues".

Une analyse que ne partage pas M. Ribeiro: "Les policiers sont à l'image de la population. Ils votent en fonction de leur quotidien. Les critiques, ça agace mais ça ne détermine pas le vote".

Dans une note du Cevipof (Centre de recherches politiques de Sciences Po Paris), le chercheur Luc Rouban soulignait, sur la base d'une enquête réalisée les 7 et 13 février, que les intentions de vote pour le premier tour chez les policiers et les militaires en faveur de François Fillon chutaient "depuis décembre 2016", probablement en raison des affaires, passant de 29 à 19%. Elles restaient stables en revanche pour Marine Le Pen, autour de 47%.

Mais l'enquête avait été réalisée avant que ne grossisse la vague de critiques visant le travail des enquêteurs.

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