Carburant : un effort accru pour réapprovisionner les stations
Des militants CGT bloquaient depuis la nuit de dimanche 22 à ce lundi 23 le site de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), qui comprend notamment une raffinerie et un dépôt de carburant, rejoignant les actions pratiquées depuis plusieurs jours dans le Nord et l'Ouest du pays. Dans l'ensemble, six raffineries sur les huit que compte le pays étaient touchées lundi contre quatre la veille.
Evoquant "des actions de blocage" qui ne sont pas "légitimes", le ministre des Finances Michel Sapin a réaffirmé lundi que le gouvernement utiliserait "tous les instruments qui sont dans (ses) mains" pour débloquer la situation.
Dimanche déjà, le Premier ministre Manuel Valls et le secrétaire d'Etat aux Transports Alain Vidalies avaient menacé d'employer la force publique pour "libérer" les dépôts de carburants bloqués. CRS ou gendarmes mobiles sont déjà intervenus ce week-end pour déloger les manifestants de quatre dépôts à Dunkerque (Nord), Rouen (Seine-Maritime) et Lorient (Morbihan).
Parmi les cinq raffineries hexagonales de Total, trois (Gonfreville-L'Orcher en Seine-Maritime, Donges en Loire-Atlantique et Feyzin dans le Rhône) subissent toujours la "mise à l'arrêt de certaines unités" en raison d'un mouvement de grève, tandis qu'à Grandpuits (Seine-et-Marne) et à La Mède (Bouches-du-Rhône), "des blocages d'expéditions de produits pétroliers" ont conduit à passer la production des sites "en débit réduit", a expliqué le groupe. Selon la CGT, la raffinerie Petroineos à Lavera près de Martigues (Bouches-du-Rhône) était également affectée.
Les deux raffineries Esso de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) et de Port-Jérôme-Gravenchon (Seine-Maritime) continuaient à fonctionner normalement, selon un porte-parole, même si à Fos, "les expéditions sont perturbées par des manifestations en dehors du site". A Gravenchon, une intersyndicale était réunie lundi matin pour décider d'un éventuel appel à la grève, tandis que le site était encerclé par des cordons de CRS pour éviter un blocage de l'extérieur, selon la CGT.
Du côté des dépôts de carburant, cinq sur une centaine étaient toujours bloqués lundi matin: si celui de Cournon-d'Auvergne (Puy-de-Dôme), bloqué depuis mardi, a été évacué vers 06h30 par les gendarmes mobiles, selon le président de l'union locale de la CGT, Jean-François Trincal, celui de Fos, s'est ajouté à la liste des sites bloqués.
Donges (Loire-Atlantique) et Dunkerque (Nord) demeuraient par ailleurs bloqués par une grève de leurs salariés et ceux du Havre (Seine-Maritime) et de Haulchin, près de Valenciennes (Nord), par des actions extérieures.
Le dépôt de Vern-sur-Seiche (Ille-et-Vilaine), brièvement rebloqué lundi, a été évacué par la police en cours de matinée.
Ces blocages provoquent depuis plusieurs jours des difficultés d'approvisionnement de certaines stations-service, principalement dans le Nord-Ouest. A ce phénomène s'est ajoutée une ruée des automobilistes à la pompe - certains détaillants ont enregistré ce week-end une consommation "trois fois supérieure à la moyenne", selon Laurent Michel, directeur général de l'Energie et du Climat, au ministère de l'Environnement.
Lundi matin, la situation était "stable voire en légère détérioration" par rapport à dimanche, où environ 1.500 stations sur 12.000 étaient en rupture partielle ou totale, a précisé Laurent Michel à l'AFP. Sur les 2.200 stations-service exploitées par Total en France, 509 étaient affectées lundi matin, contre 390 la veille, a précisé le groupe.
La situation devrait toutefois s'améliorer au cours de la journée car, alors qu'aucun camion n'a effectué de chargement dans les dépôts du groupe dimanche, 710 véhicules étaient mobilisés lundi matin, soit deux fois et demi plus que d'habitude, et ils devraient faire "deux voire trois rotations" dans la journée pour ravitailler le réseau, contre une seule habituellement, a souligné un porte-parole du groupe auprès de l'AFP.
"Un effort très important" est actuellement fourni par les distributeurs pour réalimenter les stations, en ciblant les zones souffrant de pénurie, a confirmé Laurent Michel. "Cent camions" circulent depuis le site Esso de Port-Jérôme-Gravenchon (Seine Maritime), contre 30 d'habitude, et "230 camions sont positionnés depuis ce matin" aux dépôts de Dunkerque débloqués dimanche, a-t-il ajouté.
A condition que la consommation de carburant revienne à la normale, "cela devrait porter ses fruits d'ici ce soir", a-t-il encore estimé.
Tout en appelant les automobilistes à la "responsabilité", le gouvernement a rappelé l'existence de stocks confortables, qui permettraient d'assurer l'approvisionnement en carburants en cas de paralysie prolongée des raffineries (90 jours de "réserves stratégiques" nationales et une trentaine de jours de stocks commerciaux chez les opérateurs).
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