Chloroquine : un groupe WhatsApp pour des échanges homériques entre spécialistes
TEMOIGNAGE-Confinés, nous avons tous été témoins du débat sur l'hydrochloroquine (chloroquine pour faire court) au cours des derniers jours entre les divers groupes d'experts médicaux, de personnalités politiques et leurs échanges enflammés sur les réseaux sociaux.
Une pétition a même été lancée sur le site change.org afin de demander au gouvernement l'usage de cette molécule. #URGENCECOVID19: Tester en masse, traiter à la chloroquine
Le Président Trump s’est lui-même déclaré en faveur de l'usage de ce traitement "Je pense que cela va changer la donne !” et il a annoncé que les États-Unis allaient “pouvoir rendre le médicament disponible immédiatement”. Le patron de la FDA a rappelé que l’utilisation de la chloroquine pour soigner le coronavirus n'avait pas été approuvée et a mis en garde contre les "faux espoirs"
Ce débat s'est soldé par l'apparition ce jour au Journal Officiel d'une recommandation sur la prescription de l'hyrdroxychloroquine
WhatsApp : le champ de bataille des meilleurs spécialistes français.
Pour peu que les serveurs du propriétaire de WhatsApp (le groupe Facebook) soient victimes d'un hackeur ou d'un lanceur d'alerte, nous aurions été témoins d'échanges homériques entre les plus grands spécialistes. Les plus grands experts du pays se sont donc chamaillés par voie de messagerie interposée avec des mots dont le langage est sans équivoque. Les esprits se sont échauffés, réveillant les querelles de chapelle des éminences et reprenant la totalité des symptômes de la vie médicale française. Tout y est passé :
- de la légèreté des protocoles de tests du professeur Raoult
- au respect des protocoles afin de ne pas créer de "faux espoirs"
- des spécialistes prêts à prendre le risque pour les patients en dernier recours
- des médecins ayant délaissé leur univers primaire pour faire de la politique
- de la politique des quotas qui a affaibli l'hôpital et les services de santé
- de la théorie du complot entre le professeur Raoult et l'ancienne ministre de la santé Agnès Buzyn et son mari Yves Lévy (président de l'INSERM)
Les armées étaient divisées en plusieurs camps
- les pros prêts à prendre certains risques pour donner ce traitement aux patients les plus atteints (usage compassionnel)
- les conservateurs qui préféraient faire plus de tests avant de prendre des risques eu égard des effets secondaires
- les plus politiques enclins à regarder les responsabilités qui leur incombaient.
Ce n’étaient pas les avions ou les bombes qui volaient mais bien les noms d'oiseaux entre pseudo experts et membres du corps médical. Un scénario digne des plus grandes séries télévisées pendant que sur un autre front, la bataille contre le virus battait son plein et que des vies étaient perdues. Nous avons même vu une procédure juridique lancée contre le gouvernement et l'ancienne ministre.
Le spectre de la mort planait
"vous allez donc les laisser crever la bouche ouverte sans rien faire" peut-on entendre - les médecins du front ne voyaient donc pas les mêmes choses que les médecins des salons ou des laboratoires.
La sagesse l'emporta et une des éminences les plus respectées essaya de redonner un peu de cadre à cette foire d'empoigne
Pour conclure, il est possible de donner ce traitement faute de mieux et dans les cas désespérés mais il faut conduire rapidement les études nécessaires pour démontrer son efficacité
Voilà la bataille de l'hydroxychloroquine et comment cette molécule s'est retrouvée le 26 mars au Journal Officiel.
A lire aussi: Coronavirus: panique sur la chloroquine
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