Contre Valls, Boutih ou El Khomri, Hamon règle ses comptes et préfère soutenir EELV ou le PC

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Pierre Plottu
Publié le 23 mai 2017 - 19:44
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Benoît Hamon et Manuel Valls à Paris le 29 janvier 2017
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© Eric FEFERBERG / AFP/Archives
Benoît Hamon soutient un adversaire de Manuel Valls aux législatives.
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Benoît Hamon multiplie les prises de position en faveur d'adversaires des candidats investis par le PS aux élections législatives des 11 et 18 juin prochains, leur préférant les têtes d'affiche PCF ou EELV (voire les deux à la fois). Logique, politiquement parlant, mais aussi compte tenu du passif entre les acteurs. Car les rivaux en question s'appellent Manuel Valls, Myriam El Khomri ou encore Harlem Désir...

LES ENNEMIS DE MES ENNEMIS... - Alors que le PS est en ruine et menacé de prendre une nouvelle gifle électorale aux législatives -après celles des municipales, européennes, départementales, régionales et de la présidentielle-, personne au sein du parti ne semble décidé à tenter quoi que ce soit pour sauver les meubles. A l'image de Benoît Hamon qui, non content d'avoir annoncé dès le lendemain du second tour, le 10 mai, qu'il lancera son mouvement pour "reconstruire la gauche" (hors PS, donc) en juillet, prend désormais fait et cause pour des candidats aux législatives rivaux de ceux estampillés socialistes.

Les PCF Michel Nouaille et Philippe Rio contre Manuel Valls et Malek Boutih dans l'Essonne, les candidats EELV Salah Amokrane (qui était dans son équipe de campagne pour la présidentielle) et Caroline de Haas (étiquetée EELV/PCF) contre Gérard Bapt à Toulouse et Myriam El Khomri à Paris: Benoît Hamon prend position et le fait savoir.

Logique, au regard de son intention de lancer son écurie "transpartisane" -encore une- pour reconstruire une force de gouvernement à gauche sur les cendres du PS. Ce qui correspond par ailleurs au positionnement du héraut du revenu universel, frondeurs parmi les frondeurs mais dont l'européisme est incompatible avec un Jean-Luc Mélenchon qui n'hésite pas à envisager le "Frexit". Certes, mais pas uniquement.

Car celui qui a été le premier à faire passer le PS sous la barre des 10% à une présidentielle depuis Gaston Deferre (en 1969) en profite aussi visiblement pour régler ses comptes. Ainsi de Manuel Valls, Premier ministre autoritaire et figure du courant social-libéral au PS, ou encore de Myriam El Khomri, qui a porté la loi Travail, ou de Malek Boutih, vallsiste qui n'a pas hésité à dire qu'Hamon était "en résonance avec une frange islamo-gauchiste". Feutrée pendant la primaire socialiste puis mise en pause pendant la campagne présidentielle, la guerre est désormais ouverte entre les futurs ex-socialistes tous déterminés à se tailler la part du lion sur les restes de Solférino.

Un pari dangereux pour Benoît Hamon. Déjà car celui qui est lui-même candidat à sa propre succession aux législatives n'est pas assuré de l'emporter dans une 11e circonscription des Yvelines loin d'être gagnée d'avance. Quelle image s'il perdait mais que ses rivaux l'emportaient? Ensuite car si son positionnement est clair, il est grignoté sur sa gauche par Jean-Luc Mélenchon et concurrencé dans le cœur des militants PS par les sirènes d'un macronisme qui a pourtant encore tout à prouver.

C'est peut-être cela que joue l'éphémère ministre de l'Education nationale: l'échec du quinquennat Macron, espérant un retour au bercail du cheptel socialiste revenu du libéralisme de l'ancien banquier devenu président. Après avoir misé sur l'échec du quinquennat Hollande, le fondateur du MJS retente le coup avec Macron. Pour le même résultat?

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