Emmanuel Macron ouvert à la vaccination obligatoire des jeunes contre les papillomavirus
En conférence de presse le jeudi 8 décembre à Fontaine-le-Comte (Vienne), le président de la République a abordé le volet santé du Conseil national de la refondation (CNR). Afin d’améliorer la prévention sexuelle chez les adolescent(e)s, Emmanuel Macron s’est déclaré favorable à la vaccination obligatoire contre les infections à papillomavirus humains (HPV). Un vaccin controversé qui, selon des experts, est inefficace et peut causer de graves effets indésirables. Onze vaccins sont pour le moment imposés aux enfants nés après 2018 en France.
Depuis le département de la Vienne, jeudi 8 décembre, le président de la République a alerté sur la faible couverture vaccinale des adolescent(e)s contre les infections à papillomavirus humains (HPV) : “On est en retard là-dessus”. Seulement “un tiers des jeunes filles” et “moins de 10% des garçons” se font vacciner, a-t-il déploré. Ces infections sexuellement transmissibles (IST) peuvent être à l’origine de cancers chez l’homme, comme chez la femme. Si le cancer du col de l’utérus est le plus fréquemment développé, celui des voies aérodigestives supérieures (bouche et gorge) arrive en deuxième position.
Le vaccin Gardasil réduirait le risque de cancer
La vaccination contre les papillomavirus humains est actuellement recommandée pour les jeunes filles et jeunes garçons entre 11 et 14 ans révolus (avec un rattrapage possible jusqu’à 19 ans) ainsi que pour les personnes immunodéprimées. Sont concernés de même les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes, jusqu’à 26 ans.
Toute vaccination contre les papillomavirus se fait exclusivement à l’aide du vaccin GARDASIL 9 du laboratoire MSD France. Le dictionnaire Vidal (le manuel indispensable des professionnels de Santé) base son article daté du 16 novembre 2021 à ce sujet sur une enquête suédoise de 2020. Selon cette dernière, la vaccination contre les HPV diminuerait considérablement le risque de cancer du col de l’utérus.
L’enquête en question portait sur le suivi d’un groupe de filles et de femmes âgées entre 10 et 30 ans entre le 1er janvier 2006 et le 31 décembre 2017. Les résultats auraient démontré un nombre de cas de cancers beaucoup moins important chez la partie du groupe vaccinée, notamment lorsque la vaccination a eu lieu avant l’âge de 17 ans.
Un vaccin controversé dans la communauté médicale
Néanmoins, cette conclusion fait débat dans le monde médical. Les oncologues Nicole et Gérard Delépine avancent l’hypothèse dans leur livre paru en 2018 “Hystérie vaccinale : Vaccin Gardasil et cancer : le Paradoxe” que le vaccin Gardasil, qui a pourtant pour objectif affiché de diminuer la fréquence des cancers utérins, non seulement ne préviendrait pas la maladie mais… pourrait la provoquer. Les deux médecins prétendent que “contrairement aux espoirs et simulations statistiques, le nombre de cancers du col utérin a augmenté chez les populations vaccinées”.
En 2018, la publication de l’ouvrage “The HPV Vaccine On Trial : Seeking Justice For A Generation Betrayed”, rédigé par les juristes américaines Mary Holland et Kim Mack Rosenberg ainsi que la militante pour la sécurité vaccinale Eileen Iorio, a souhaité dénoncer les conditions de mise sur le marché du vaccin anti-HPV. Ce “mastodonte pharmaceutique” qui a rapporté “plus de 2,5 milliards de dollars de ventes annuelles” aurait eu de sérieux effets secondaires sur les jeunes générations.
Le Pr Luc Montagnier (co-prix Nobel 2008 avec la Pr. Françoise Barré-Sinoussi pour la découverte du virus du sida) a préfacé cet ouvrage : “Le lecteur verra la vérité : les effets secondaires sont sous-déclarés par le personnel médical, pendant qu’un nombre grandissant de parents portent plainte contre les fabricants et les gouvernements pour avoir provoqué des handicaps à vie, voire la mort, de leurs êtres chers. En fait, ceci est l’exemple tragique des différents penchants de notre société, à travers le monde, de placer les intérêts économiques avant la protection et la santé des plus jeunes. Je félicite les auteurs de ce livre, qui révèlent au monde entier ce scandale”.
Le vaccin Gardasil mis en cause devant la justice
En 2013, cette mise en cause pour le moins sévère du Pr Montagnier s’illustre dans le quotidien régional Ouest-France, qui rapportait qu’une jeune fille avait porté plainte contre le laboratoire Sanofi Pasteur MSD pour des effets secondaires liés au vaccin Gardasil.
À l’époque, l’adolescente avait décrit un calvaire après la prise du vaccin : de puissants vertiges, des symptômes typiques de la sclérose en plaques, jusqu’à une attaque l’obligeant au fauteuil roulant. Saisie par ses parents, la Commission de conciliation et d'indemnisation des accidents médicaux (CCI) d'Aquitaine avait conclu en juin 2013, selon l'avocat de la famille Me Jean-Christophe Coubris, au “lien d'imputabilité entre le vaccin et la pathologie”.
La plainte avait toutefois été classée sans suite en octobre 2015 par le parquet de Paris, au motif d’une absence de lien direct entre la prise du vaccin et les pathologies du système nerveux que présentait la victime. Pour autant, en avril 2014, vingt-cinq nouvelles plaintes avaient été déposées, renforçant les suspicions d’effets secondaires pour ce même vaccin. “Le point commun entre toutes ces affaires est le délai très court entre l'injection du Gardasil et les premiers symptômes de la maladie”, avait indiqué Me Jean-Christophe Coubris.
Parmi les pathologies les plus fréquemment évoquées par les victimes présumées figuraient la sclérose en plaques, le lupus, des encéphalomyélites aiguës disséminées (inflammations du système nerveux central) et des myofasciites à macrophages (une maladie qui se traduit par des douleurs musculaires et une fatigue chronique).
En avril 2019, la magistrate chargée d’instruire les différentes affaires a prononcé l’abandon des poursuites pénales envers le laboratoire Sanofi Pasteur MSD.
« La France est en retard »
Ces inquiétudes et procédures passées pourraient expliquer en partie le “niveau très éloigné des objectifs” en matière de couverture vaccinale anti-HPV. Chiffrés par l’Académie nationale de médecine - au travers de la Stratégie nationale de santé sexuelle et du Plan cancer -, ils visent 60% d’adolescentes âgées de 11 à 19 ans vaccinées en 2023 et 80 % à horizon 2030. Toujours selon l’Académie, en 2020, en Europe, la couverture vaccinale contre le papillomavirus dépasse 50% dans 20 pays et 75% dans 11 pays dont le Portugal, l'Espagne et le Royaume-Uni.
Santé Publique France note fin novembre 2022 dans un bulletin épidémiologique un taux de vaccination des adolescentes de 15 à 18 ans estimé à 43,6% en France métropolitaine et à environ 19% en moyenne en Guadeloupe, en Martinique, en Guyane et à l'île-de-la Réunion.
Le gouvernement s’est donné par conséquent un but de 60% de couverture vaccinale anti-HPV pour les adolescentes entre 11 et 19 ans dès l'année prochaine. “Il faut aller vite dans les 12 à 24 mois (à venir) sur ce sujet”, a déclaré Emmanuel Macron. “Pour un jeune, si ses parents disent de ne pas se faire vacciner, ça peut être trop tard”, a-t-il par ailleurs mis en garde, appuyant sur “un énorme travail d’information à faire dès l’école”, et disant vouloir “aller aussi vers les familles”.
Méfiance au pays des 11 vaccins déjà obligatoires ?
En avril 2022, la Ligue contre le cancer a publié le résultat d’une étude menée par OpinionWay qui consistait à évaluer l’opinion des Français sur le vaccin anti-HPV. Les conclusions de cette enquête indiquent que les parents semblent “peu ou pas convaincus” par la vaccination contre les HPV, voire “méfiants”. Ce sentiment de défiance s’avère être exacerbé depuis l’épidémie de Covid-19.
Ajouter un nouveau vaccin à la liste des 11 vaccinations déjà obligatoires en France depuis 2018 sans vraiment rassurer de façon scientifique les parents quant au rapport bénéfice-risque du Gardasil, sera un défi pour le gouvernement.
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