Fillon et Le Roux face aux affaires : l'un reste, l'autre part
Il est des affaires touchant le "camp d'en face" dont on aimerait qu'elles n'aient jamais éclaté. C'est un peu l'atmosphère qui règne dans les troupes de François Fillon depuis que Quotidien a révélé lundi 20 que le ministre de l'Intérieur Bruno Le Roux a salarié en CDD ses deux filles, mineures au début des faits, comme attachées parlementaires lorsqu'il était député. D'autant que le tout frais locataire de la place Beauvau a démissionné dans la foulée, lui. Une pierre dans le jardin socialiste? Oui. Mais une pierre qui fait aussi ressortir, terrible clair-obscur, l'entêtement du candidat LR à se maintenir malgré la tempête. Une toile que n'aurait pas reniée Le Caravage et qui balaie tout d'un coup la théorie de l'instrumentalisation de la justice par le pouvoir en place, et celle d'un complot médiatique qu'entretiennent les fillonistes.
Lundi au soir, l'excellent -et instructif- débat entre les cinq "gros" candidats à la présidentielle vient à peine de s'achever que la nouvelle prend de l'ampleur: Bruno Le Roux aurait salarié à partir de 2009 et jusqu'en 2016 ses deux filles comme collaboratrices parlementaires à l'Assemblée nationale. Âgées d'à peine 15 et 16 ans au début des faits, celles-ci n'étaient encore que des ados lorsqu'elles ont entamé leurs premiers CDD pour leur député de père. Elles en signeront au total 24 pour un montant dépassant les 50.000 euros, l'équivalent de deux ans de salaire pour nombre de Français.
Moins de 24 heures plus tard, Bruno Le Roux démissionne sur demande expresse du Premier ministre Bernard Cazeneuve et du président François Hollande. Après Cahuzac, Thévenoud, Benguigui ou encore Kader Arif, à nouveau l'exécutif fait le ménage. Car ici encore le parquet national financier, le fameux PNF, a rapidement pris l'affaire en main et ouvert une enquête notamment sous la pression médiatique.
Une "justice TGV", pour reprendre le mot de François Fillon lors du débat de lundi, qui n'a cette fois guère ému. Un déferlement médiatique que les porte-paroles du candidat ne se sont pas empressé de dénoncer. "Au moins les enfants (de François Fillon) étaient majeurs", s'est contenté de glisser un de ses proches mardi en marge d'un meeting. Une certitude: Fillon ne se retirera pas. Il est trop tard car les parrainages étant désormais clos, il faudrait pour cela que la droite se résolve à ne pas avoir de représentant à la présidentielle.
"Le Pen est dans la même situation et Macron fait l'objet d'une enquête préliminaire" aussi, contre-attaque ainsi un proche du candidat contacté en référence à la French Tech Night organisée sans appel d'offres début 2016 à Las Vegas. L'équipe de celui qui était alors encore à Bercy répond pour sa part que "ce n'est en aucun cas une affaire Macron" puisque le choix du prestataire incriminé dans cette affaire de favoritisme "n'incombait aucunement au ministre ou à son cabinet".
Les ressemblances entre les affaires Le Roux et Fillon sont pourtant frappantes. Députés, ils ont rémunéré des membres de leur famille pour un travail parlementaire que la justice estime suffisamment discutable pour enquêter, voire mettre en examen le candidat LR. D'autant que ce dernier est également dans la tourmente pour des costumes offerts par le sulfureux Robert Bourgi, un prêt non déclaré que lui aurait accordé son ami le milliardaire Marc Ladreit de Lacharrière ou encore, depuis de nouvelles révélations du Canard enchaîné de ce mercredi 22, avoir mis en relation –et avoir été rétribué 50.000 dollars pour cela– Vladimir Poutine et un milliardaire libanais. Même cause, mêmes effets? Non, comme dans le film, l'un reste, l'autre part.
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