Guyane : le syndicat UTG vote la grève générale à partir de lundi

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Par AFP
Publié le 25 mars 2017 - 17:20
Mis à jour le 27 mars 2017 - 12:45
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Des piétons sur des routes barrées de Guyane à Kourou le 25 mars 2017
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© jody amiet / AFP
Des piétons sur des routes barrées de Guyane à Kourou le 25 mars 2017
© jody amiet / AFP

La Guyane entame lundi son premier jour de grève générale, dans un climat "tendu", de l'aveu même de la ministre des Outre-mer Ericka Bareigts, qui appelle "au calme", conditionnant sa venue sur place à l'établissement d'un "dialogue serein".

Malgré l'arrivée d'une mission interministérielle pour "dialoguer", 37 syndicats réunis au sein de l'Union des travailleurs guyanais (UTG) ont voté samedi à la quasi-unanimité la "grève générale illimitée" pour lundi.

Ce territoire ultramarin d'Amérique du sud qui compte plus de 250.000 habitants se réveille donc lundi -il est 5 heures de moins par rapport à la métropole- sous la menace d'une paralysie de la vie économique, déjà ralentie depuis jeudi par une quinzaine de barrages routiers.

Air France a annulé ses vols vers Cayenne dimanche et lundi et Air Caraïbes lundi.

"La situation est tendue" en Guyane a reconnu lundi matin Ericka Bareigts, en appelant "au calme" et "au dialogue".

"Cette situation, nous la suivons de très près", a souligné la ministre, expliquant ne pas s'être elle-même rendue sur place, malgré la demande des protestataires, "parce que aujourd'hui les conditions du dialogue ne sont pas réunies".

Mme Bareigts a cependant ouvert la porte à un possible prochain déplacement sur place: "bien sûr que je peux (y) aller. Sauf qu’il faut les conditions du dialogue, les conditions du dialogue serein, républicain, à visage découvert".

"Il ne s'agit pas d'avoir peur de se rendre sur place mais on n'a pas un climat serein avec des hommes cagoulés qui font fermer les commerces", souligne une source gouvernementale.

Un groupe, baptisé "Les 500 frères" et créé récemment par des citoyens contre "l’insécurité en Guyane", multiplie les manifestations. Ils sont toujours cagoulés.

La ministre de l’Environnement, Ségolène Royal, avait écourté le 18 mars une visite en Guyane après l’irruption sans violence d’un groupe d'hommes cagoulés.

- Une enveloppe pour le centre hospitalier de Cayenne -

Mme Bareigts souligne le rôle préalable de la mission interministérielle dépêchée samedi par le gouvernement.

Cette mission a multiplié dimanche les annonces visant à désamorcer le mouvement social, dont les revendications portent aussi bien sur la question cruciale de la sécurité, sur l'accès aux soins de santé ou l'éducation. "Les revendications sont éparses et les collectifs ne sont pas d'accord entre eux", note une source gouvernementale.

Jean-François Cordet, un ancien préfet de Guyane qui pilote la mission, a annoncé que "25 policiers, 23 gendarmes (viendront) renforcer les effectifs de la police nationale et de la gendarmerie", ainsi que "la fidélisation d’un escadron de gendarmes mobiles à Cayenne".

Il a aussi annoncé une enveloppe d’urgence de "60 millions d’euros supplémentaires" pour le centre hospitalier de Cayenne, fortement endetté.

"Une autorité ministérielle viendra parapher" les engagements du gouvernement, a-t-il promis.

A quatre semaines du premier tour de la présidentielle, la ministre des Outre-mer a défendu le bilan du gouvernement face aux critiques formulées par plusieurs candidats.

Jugeant le mouvement social "justifié", elle a mis en cause un "désengagement massif de l’Etat avant 2012".

Le gouvernement actuel fournit "des efforts considérables" pour "rattraper dix ans de désengagement de l’Etat", a-t-elle fait valoir. "C’est très difficile et donc la frustration qui s’accumule, à un moment elle s'exprime. Bien sûr que je l’entends, moi, je suis ultramarine".

"Ce gouvernement s’est constamment occupé de l’outre-mer", a renchéri la ministre du Logement Emmanuelle Cosse, appelant à "la mesure dans tous les propos".

Nicolas Dupont-Aignan, candidat de Debout la France, à la présidentielle a estimé que la situation en Guyane était "complètement surréaliste" et appelé le Premier ministre à se rendre sur place.

Le gouvernement avait dénoncé dimanche soir "l'instrumentalisation à des fins électoralistes" de la "crise sociale" en Guyane par "certains candidats à l'élection présidentielle ou leur porte-parole".

Marine Le Pen (FN) a fustigé le "service cruellement minimum" du gouvernement en Guyane. "Cette situation est la conséquence de l'échec de la politique de François Hollande", a encore accusé François Fillon (LR).

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