Investitures législatives : le parti de Macron lève un coin du voile

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Par AFP
Publié le 11 mai 2017 - 06:18
Mis à jour le 12 mai 2017 - 00:15
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Emmanuel Macron lors de la cérémonie de commémoration de l'abolition de l'esclavage, le 10 mai 2017
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© Eric FEFERBERG / POOL/AFP
Emmanuel Macron lors de la cérémonie de commémoration de l'abolition de l'esclavage, le 10 mai 2017 à Paris
© Eric FEFERBERG / POOL/AFP

Emmanuel Macron a pour l'instant ménagé des ténors de droite et de gauche en n'investissant jeudi aucun candidat pour les législatives dans quelque 150 circonscriptions, mais a fortement contrarié son allié François Bayrou qui espérait davantage de candidatures MoDem.

Après avoir adopté une ligne dure en promettant d'aligner un représentant dans chacune des 577 circonscriptions, le nouveau président de la République a temporisé jeudi en ne dévoilant que 428 noms, à huit jours de la fin du dépôt légal des candidatures.

C'est évidemment la lecture en creux de cette liste qui a focalisé l'attention et notamment les blancs laissés face à des responsables LR comme Bruno Le Maire, ou l'ancien Premier ministre Manuel Valls, façon de laisser la porte ouverte dans le premier cas et de faire un compromis dans le second.

Mais le président du MoDem François Bayrou a fait une toute autre analyse de cette liste et prévenu qu'elle n'avait pas "l'assentiment" de son parti, qui avait conclu un accord avec En marche ! dont les termes n'ont pas été rendus publics.

"Je convoque le bureau politique du MoDem demain (vendredi) soir en souhaitant que dans les heures qui viennent, un mouvement de raison permette des investitures communes dans toutes les circonscriptions comme Emmanuel Macron et moi en sommes convenus depuis le premier jour de notre entente", a-t-il déclaré à l'AFP.

Des proches du président élu ont tenté de déminer ces critiques. "Ce qu'il se passe c'est qu'il considère qu'il n'a pas été assez servi, c'est tout", a expliqué un premier, pour qui "Bayrou est un homme politique madré, il veut faire monter les enchères".

"Plusieurs dizaines de MoDem ont été retenus et dans des circos gagnables", relève un second. "Mais il peut arriver qu'il y a des gens auxquels il tenait et qui n'y sont pas...".

Le secrétaire général de La République en Marche !, Richard Ferrand, a assuré qu'il pourrait y avoir des places dans les 150 circonscriptions restantes.

Outre cette première anicroche avec un allié majeur, la liste comportait pas moins de dix erreurs, corrigées dans la soirée, dont certaines ont fait du bruit, comme celles concernant Mourad Boudjellal, président du Rugby club toulonnais, qui n'a pas été investi contrairement à ce qui a été annoncé.

Pour Manuel Valls, qui avait annoncé briguer l'investiture La République En marche ! cette semaine, le parti du président élu a trouvé une forme de compromis.

Le député PS de l'Essonne n'a certes pas rempli les critères requis ayant "déjà fait trois mandats de parlementaire", mais, a expliqué M. Ferrand, le parti ne veut "pas donner l'impression d'humilier" l'ancien premier ministre et ne lui opposera pas de candidat.

- "Recyclage" -

Le sort des 148 autres circonscriptions vacantes devrait être réglé avant mercredi prochain, a ajouté M. Ferrand en affirmant que le parti souhaitait que "puisse être maintenu vivant un espace permettant la recomposition du paysage politique".

En clair, il s'agit de laisser une option aux parlementaires PS et LR jugés compatibles avec le projet de M. Macron, qui cherche une majorité à l'Assemblée nationale pour faire passer ses réformes.

A gauche, ni Stéphane Le Foll, ni Jean-Marie Le Guen, ni Marisol Touraine ou Myriam El Khomri n'ont ainsi pour l'heure l'identité de leur adversaire.

A droite, où certains "ont besoin d'un signal", selon un proche de M. Macron, Nathalie Kosciusko-Morizet, Thierry Solère, le juppéiste Gilles Boyer ou encore Franck Riester sont dans le même cas.

Un premier pas avant ce qui sera "le vrai signal", selon un soutien de droite du nouveau chef de l'Etat : l'annonce en début de semaine de la composition du gouvernement, qui devrait comporter des ministres de droite.

En attendant, La République en marche ! préfère mettre en avant ses promesses tenues en matière de renouvellement et de parité pour les 428 investis.

On y retrouve pêle-mêle le conseiller communication de François Hollande Gaspard Gantzer (Ille-et-Vilaine), le mathématicien Cédric Villani (Essonne) ou encore la torera Marie Sara (Gard).

Parmi les impétrants, il y a 214 femmes et autant d'hommes. Aussi, "52% de candidates et candidats issus de la société civile au sens qu'ils n'ont jamais exercé de mandat électif", a relevé M. Ferrand.

Une vingtaine de députés sortant, la plupart socialistes, ont tout de même été investis.

Une brèche dans laquelle le chef de file LR pour les législatives François Baroin s'est engouffré pour dénoncer "une opération de recyclage du Parti socialiste en déshérence".

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