"Je ne suis pas candidat à l'élection présidentielle" : Hollande renonce, pour mettre Valls sur orbite ?

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Pierre Plottu
Publié le 01 décembre 2016 - 22:24
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François Hollande et Manuels Valls à l'Elysée.
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©Philippe Wojazer/Reuters
Manuel Valls était sans doute au courant de la volonté de François Hollande.
©Philippe Wojazer/Reuters
Passé le choc de la nouvelle, reste l'Histoire: François Hollande est le premier président de la Ve République a annoncer qu'il ne brigue pas un nouveau mandat. La voie semble maintenant ouverte à gauche pour Manuel Valls. Et le choix du locataire de l'Elysée n'était peut-être pas dénué de volonté de laisser le champ libre à son chef de gouvernement.

Il restera comme le premier de l'Histoire de France. Le premier président à faire face à une telle menace terroriste? Non. Le premier à avoir proposé la déchéance de nationalité? Non. Le premier chef d'état en exercice à ne pas briguer un nouveau mandat? Oui. François Hollande l'a annoncé ce jeudi 1er décembre en direct au 20 Heures, depuis le palais de l'Elysée: il a "décidé de ne pas être candidat à l'élection présidentielle" de 2017. Coup de tonnerre.

Lorsque son entourage avait fait savoir, environ une heure plus tôt ce jeudi soir, que le président allait prendre la parole en direct, les observateurs ont immédiatement cru à l'annonce officielle tant attendue, annoncée même, depuis des mois: François Hollande allait se déclarer candidat à la présidentielle via le passage obligé par une primaire de la gauche qui semblait taillée sur mesure pour son costume présidentiel.

Au fil des minutes de son discours, entamé pile à 20 heures , il a ainsi vanté un bilan positif, vendeur pour la gauche. "En tant que président, en tant que socialiste", s'est-il même mis en scène pour louer le redressement des comptes publics et de la Sécurité sociale, les avancées sociétales (comme le recul de l'âge de la retraite pour les carrières longues) ainsi que sécuritaires de son mandat. Même le petit mea culpa en forme de gage à la gauche sur la déchéance de nationalité dont il "pensai(t) qu'elle rassemblerait" le pays mais l'a "divisé": tous les ingrédients étaient là.

La surprise n'en fut que plus énorme lorsque le président a annoncé renoncer à se faire réélire.

"Je ne suis pas le mieux placé pour faire gagner mon camp", a-t-il ainsi justifié dans un éclair de lucidité qui ne peut qu'être salué, même par ses détracteurs.

Une leçon de courage politique pour un homme qui a rappelé avoir donné sa vie au "socialisme" et au "bien commun". Et faisant fi des procès en médiocrité ou découragement qu'il a balayés par avance en rappelant qu'il avait le cuir solide.

Maintenant, François Hollande va mener sa mission à son terme durant les cinq mois de mandat qu'il lui reste, a-t-il promis. Tout en préparant une rampe de lancement pour le candidat qui portera l'oriflamme frappé du poing et de la rose, comme il l'a entamé ce jeudi soir en attaquant le programme supposé "dangereux pour notre modèle social" de François Fillon ou encore le "repli" tout aussi présumé mortifère du Front national. 

On ne peut s'empêcher de penser à Manuel Valls, donné démissionnaire dimanche 27 au soir du résultat de la primaire de la droite et avec lequel il a longuement déjeuné lundi 28. Un Premier ministre qui, après avoir joué la carte de la fidélité infaillible (jusqu'au-boutiste?) a depuis peu semblé se préparer. Un chef de gouvernement, qui n'avait pourtant recueilli que 5,63% à la primaire de la gauche en 2011, et qui semble désormais le mieux placé. Selon les sondages du moins. Celui-ci a d'ailleurs réagi à l'annonce de François Hollande en saluant "le courage d'un homme d'Etat", semblant ainsi confirmer qu'il était dans la confidence (comment ne l'aurait-il pas été...)

D'autant que François Hollande a appelé tous ceux de son camp à prendre leurs responsabilités alors que lui vient d'assumer les siennes, a-t-il semblé prévenir: ne faites pas perdre votre camp. Pensez au pays, à cet intérêt général cité précédemment, avant de penser à vous même ou aux calculs d'arrière-cuisines.

Nul doute que la surprise doit être totale dans les états-majors de tous les partis. Tous perdent leur meilleur ennemi, sans connaître le nouveau. Et pour certains leur meilleur chance semble s'éloigner en même temps qu'ils perdent leur chiffon rouge.

Une seule certitude à ce stade, en ce jeudi soir qui restera gravé dans les mémoires: François Hollande est prêt à tout pour faire gagner son camp à la prochaine présidentielle, comme il vient de le prouver. Rien n'est donc joué pour 2017, alors qu'Alain Juppé et François Hollande, les deux grands candidats pressentis depuis des mois, sont désormais hors-jeu.

 

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