Journée internationale des droits des femmes : Catherine Coutelle appelle à se battre pour l'égalité salariale

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Propos recueillis par Amandine Zirah
Publié le 07 mars 2017 - 18:24
Mis à jour le 08 mars 2017 - 12:57
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Catherine Coutelle.
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©Jacques Demarthon/AFP
"Il y a toujours plus d'hommes qui dirigent", a déclaré Catherine Coutelle.
©Jacques Demarthon/AFP
Ce mercredi, le monde entier célèbre les 40 ans de la journée de la femme. Interrogée par "FranceSoir", la présidente de la délégation aux droits des femmes à l'Assemblée nationale, Catherine Coutelle, dit avoir constaté une réelle évolution de leurs droits au cours de ces dernières années. La députée de la Vienne revient également sur les éléments qui font encore barrage.

Comme chaque année, le 8 mars est la journée internationale des droits des femmes, l'occasion de faire entendre leurs revendications afin d'améliorer leur condition et leur participation sur la scène politique et économique. Et cette 40e édition a pour thème le monde du travail. Interrogée par FranceSoir, Catherine Coutelle est revenue sur l'évolution de leurs droits au cours de  ces dernières années. Présidente de la délégation aux droits des femmes à l'Assemblée nationale, la député de la Vienne contribue à améliorer l'égalité entre les hommes et les femmes en analysant les textes de lois mais aussi en évaluant les politiques publiques.

> Quelles ont été les avancées réalisées ces dernières années?

"Nous avons progressé ces cinq dernières années car nous avions un ministère des Droits des femmes. C'est fondamental. Il est essentiel d'avoir un ou une ministre car c'est grâce à cela que cette politique est identifiée. Ça a été un élément favorable. Le Haut Conseil à l'Egalité a également été créé sous ce mandat. Il nous a beaucoup aidés en faisant des travaux, des recherches mais aussi des évaluations de politiques publiques. Il nous a également alertés lorsqu'il y avait des textes de lois sur des améliorations apportées. Cela a été très utile. Ces avancées ont également été possibles grâce à des associations très mobilisées.

"Je ne dis pas que l'on a tout fait et que tout est fini, au contraire. Ce n'est jamais acquis définitivement mais nous avons bien avancé. Nous avons mis de la parité dans les conseils d'administration, dans les chambres de commerce, dans les chambres de métier, dans les fédérations sportives ou encore les universités. Maintenant, il reste les postes à responsabilités: les présidents de conseils régionaux ou de conseils départementaux. Il y a autant de femmes que d'hommes dans ces institutions mais nous avons toujours beaucoup plus d'hommes qui dirigent. Nous avons également doublé la pénalité pour les partis qui ne vont pas présenter assez de femmes aux législatives".

 

> Le thème retenu cette année est leur place dans le monde du travail. On dit que les femmes gagnent en moyenne 23% de moins que les hommes à l’échelle mondiale. La lutte pour l’égalité est donc toujours d’actualité…

"Lorsque l'on dit 23%, c'est que l'on additionne la totalité des salaires des femmes et des hommes. Il faut savoir que 30% des femmes travaillent à temps partiel. Mais lorsque l'on compare à niveau égal, à compétence égale, nous sommes à 9% de moins. Nous sommes passés de 10 à 9%. C'est une petite baisse mais insuffisante. Ce n'est pas justifiable. Pour quelle raison une femme compétente serait-elle embauchée avec un différentiel de salaire de 10%? Les femmes sont moins payées. Il faut se battre.

"Pour rattraper le retard salarial, il faut apprendre aux femme à s'évaluer à leur juste valeur. Elles demandent moins au départ. Nous avons des tests qui montrent qu'un garçon qui a 50% des capacités d'un CV l'envoie à l'employeur. Les filles, elles, attendent d'être 120%. Ce sont ces freins là qu'il faut également dépassés dans l'égalité professionnelle. Il faut également venir à bout des stéréotypes selon lesquels il y aurait des métiers d'hommes et de femmes. Tous les métiers sont accessibles aux uns et aux autres.

"Désormais, les entreprises peuvent être pénalisées lorsqu'elles n'ont aucun plan d'égalité. Une centaine d'entreprises en ont déjà fait les frais. A savoir que les entreprises de plus de 50 salariés qui ne font aucun effort pour l'égalité salariale sont exclues du marché public si elles ont été condamnées. Ce sont des signaux que l'on envoie pour dire que tout cela doit s'arrêter".

 

> Qu’avez à répondre à cet eurodéputé polonais (Janusz Korwin-Mikke) qui a affirmé il y a quelques jours que les femmes devaient être payées moins que les hommes car elles sont moins intelligentes?

"C'est une honte, il est irrécupérable. Moi je dis toujours que les femmes n'ont pas le gène de la serpillère ou de l'aspirateur. Ce n'est pas génétique donc nous n'avons pas plus de capacités que les hommes. Sauf que notre éducation ou nos habitudes font que nous le faisons plus spontanément. De nombreuses études montrent que le cerveau des filles et des garçons est le même. Le cerveau n'a pas de sexe".

 

> Et concernant les violences subies par les femmes, notamment au travail. Comment faire pour aider les victimes? Qu’avez-vous comme solution à leur apporter?

"Nous avons eu à redéfinir le harcèlement sexuel. Je pense que maintenant c'est très clair. Et normalement cette définition doit être affichée sur les lieux de travail. C'est une obligation. Nous avons amélioré l'information, améliorer aussi les poursuites. Jusqu'à présent, lorsque l'on disait qu'on avait été harcelée au travail, il fallait apporter les preuves du harcèlement. Nous avons inversé la charge de la preuve. Désormais c'est à celui qui harcèle de prouver qu'il ne la pas fait.

"Puis, nous avons demandé aux CHSCT (comités hygiène sécurité et conditions de travail, NDLR) de s'emparer du sujet. Ils doivent faire de l'information dans les entreprises, faire de l'affichage, de la prévention. A l'Assemblée par exemple, nous avons réussi à mettre en place une information dans chaque bureau. Et une personne dédiée, déjà en place, peut être contactée discrètement pour parler de cas de harcèlement. Elle est en mesure de conseiller la victime.

Pour la prochaine mandature, il y aura une formation de tous les collaborateurs sur cette question du harcèlement. Et sur le site interne de l'Assemblée, il sera possible de pouvoir déclarer des faits de harcèlement. Deux choses sont difficiles: libérer la parole des victimes et celle des témoins. Il faut accompagner les personnes victimes de violences et les entourer.

 

> Qu’attendez-vous du prochain président de la République ?

"Je lui demande en priorité un ministère des droits des femmes, un gouvernement paritaire et que toutes les politiques fassent avancer l'égalité".

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