La grogne policière persiste, François Hollande s'engage à recevoir les syndicats
François Hollande a annoncé ce vendredi 21 qu'il recevrait les syndicats de policiers en "début de semaine" prochaine, tentant d'apaiser la grogne qui s'est poursuivie jeudi 20 au soir avec des centaines de manifestants à Paris et en région. Depuis Bruxelles où il assistait à un sommet européen, le chef de l'Etat a assuré que le gouvernement et lui étaient "dans une démarche de dialogue".
"Je recevrai les organisations représentatives de policiers dans le début de semaine", a ajouté M. Hollande, jugeant "important (de) donner une perspective et une réponse immédiate" au mouvement des policiers né d'une violente attaque au cocktail Molotov contre 4 policiers à Viry-Châtillon (Essonne) le 8 octobre. Le mouvement ne cesse de faire tache d'huile depuis quatre nuits.
Les policiers étaient près de 500 à Paris sur l'esplanade du Trocadéro à entonner la Marseillaise avant de prendre la direction des Champs-Élysées puis de tenter de rejoindre le ministère de l'Intérieur avant d'être bloqués par les gendarmes. Après avoir annoncé qu'une délégation serait reçue place Beauvau vendredi, les manifestants se sont dispersés dans le calme peu avant 01H00 du matin.
Près de 800 fonctionnaires ont défilé entre la place Bellecour et l'hôtel de ville de Lyon, quelque 400 à Melun, 120 à Évry, une centaine d'agents à Bobigny, Toulouse, Carcassonne et Bordeaux, une cinquantaine à Montpellier et à Tarbes.
A Marseille, près de 200 policiers se sont rassemblés à 23H00 sur le Vieux Port avant de rallier le palais de justice, sirènes hurlantes et gyrophares allumés.
Ces manifestations contre le manque de moyens, le sentiment d'impunité octroyé aux délinquants ont suscité la sympathie de témoins mais aussi des slogans hostiles.
Face à la mobilisation qui s'étend, le Premier ministre Manuel Valls a exhorté jeudi les policiers à "continuer le dialogue", le gouvernement condamnant par ailleurs l'"utilisation politique" du mouvement par l'opposition.
Le ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas qui a promis "la plus grande fermeté" envers ceux qui s'en prennent aux fonctionnaires de police, a dit dans un entretien à La Croix vouloir remédier au "manque d'informations" sur les suites judiciaires données aux interpellations afin de démontrer qu'il n'y pas de laxisme de la justice.
La veille, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve avait promis aux syndicats policiers qu'une concertation serait lancée dès lundi dans les départements.
Les syndicats policiers semblent dépassés par le mouvement. Pour un manifestant parisien, ils "ne pensent qu'à leur gueule, ils font leur guéguerre entre eux, de la politique". "La France est le seul pays où on peut cramer un mec et ne rien risquer", a affirmé à l'AFP un autre manifestant, sous couvert d'anonymat, qui comme ses collègues veut "des moyens sur le terrain" et des crédits pour remplacer des matériels hors d'âge.
Sur la défensive, le gouvernement pointe la responsabilité vers la droite, qui a supprimé selon lui 10.000 postes sous la présidence de Nicolas Sarkozy.
"Mensonges", a rétorqué l'ancien chef de l’État, candidat à la primaire de droite. "La Cour des comptes a publié un rapport démontrant qu'en décembre 2015 il y avait 868 policiers et gendarmes de moins à l'époque de M. Hollande qu'avec moi", a-t-il affirmé. "Nous avons créé près de 6.500 emplois, il en reste 2.500 à créer en 2017", a riposté Bernard Cazeneuve, en marge d'un déplacement à Villeneuve-d'Ascq (Nord).
De son côté, le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis a dit voir la "patte" du Front national dans ces actions "hors la loi" d'agents de police. Un soupçon balayé par le FN, dont la présidente Marine Le Pen a évoqué le mécontentement "légitime et sain" des policiers. Selon un haut cadre de la police nationale à l'AFP, cette fronde révèle surtout "que les policiers ne font plus confiance à leurs syndicats".
Lors de l'agression de Viry-Châtillon, un adjoint de sécurité de 28 ans a été très grièvement brûlé. Il est toujours hospitalisé, plongé dans un coma artificiel mais n'est plus sous assistance respiratoire. Sa collègue, une gardienne de la paix de 39 ans, également grièvement touchée, a quitté l'hôpital mardi soir.
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