Le président de l’Assemblée nationale a rendu sa copie
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FranceSoir
Publié le 03 juillet 2020 - 14:19
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© KENZO TRIBOUILLARD / AFP
Richard Ferrand parle de modernisation profonde plutôt que de réformes
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Suite à la sollicitation d’Emmanuel Macron, le président de l’Assemblée nationale Richard Ferrand a livré le 1er juillet une lettre d’une vingtaine de pages sur la thématique des « priorités essentielles qui dans ce moment font consensus ou qui émergent au premier rang des préoccupations de nos compatriotes ».
Richard Ferrand commence par insister sur sa méthode de travail, évoquant notamment une journée « Dialoguer pour agir » qui a réuni une centaine de personnes d’horizons divers (élus, experts, représentants d’entreprise, associatifs…). C’est sa première constatation :
« Je crois que l’urgence est au dialogue »
Le président de l’Assemblée nationale appuie sur cet argument en revenant sur les réformes qui ont précédé la crise sanitaire et « qui ont en commun de viser à améliorer ou à préserver notre modèle de société sans avoir convaincu qu’elles respectent les principes d’égalité, d’équité et de justice ».
Une autre démocratie
Une méthode s’impose, selon lui, celle du dialogue entre les institutions et les citoyens, avec des pratiques renouvelées. La lettre souligne que l’urgence n’appelle pas à de nouvelles réformes mais à une modernisation du pays, et d’abord sur le plan démocratique.
« Les élus ont le monopole de la décision, mais pas de la proposition »
Prenant en exemple la Convention citoyenne pour le climat, Richard Ferrand se prononce en faveur de la transformation du CESE (Conseil économique, sociale et environnemental), mais aussi de ses pendants régionaux, les CESER, afin de laisser davantage de place à l’initiative citoyenne.
« Nous sommes en train de voir les prémices d’une démocratie délibérative, d’un droit au débat et à la contribution. Ce sera complexe à mettre en œuvre mais je l’appelle de mes vœux »
Une décentralisation par région
Cette volonté de dialogue et de proximité avec les citoyens, Richard Ferrand l’illustre également par une nécessaire décentralisation, mais d’une décentralisation d’un autre genre, qui passe par la différenciation des territoires.
A l’Etat la charge de domaines moins nombreux, les droits sociaux par exemple, mais aussi de « revenir aux lettres de missions » en laissant de la souplesse aux collectivités pour la mise en œuvre des objectifs et en donnant un rôle prépondérant aux préfets.
Urbanisme, langues régionales, environnement, mais aussi déploiement numérique, sont les exemples pris par Richard Ferrand pour appeler à une réorganisation région par région avec en ligne de mire pour chacune « l’égalité d’accès aux services de base ».
« Une France différenciée sera une France modernisée »
Laisser davantage d’initiative aux acteurs locaux, dire stop à l’uniformisation c’est en réalité tout le sens de cette lettre, qui aborde également des thématiques comme l’emploi des jeunes (avec de nouveaux dispositifs), la prise en charge de la perte d’autonomie (prioritaire), la rénovation énergétique des bâtiments (et ses dispositifs inefficaces)…
Cette territorialisation par régions est encore évoquée dans son « appel à la planification » pour anticiper les conséquences concrètes des grandes évolutions sur des sujets comme le climat et l’emploi. Richard Ferrand propose d’ailleurs une version moderne du Commissaire au plan. L’enjeu est bien entendu la souveraineté, avec là encore un objectif précis : « pouvoir acheminer en tout temps et vers toute notre population de la nourriture (y compris l’eau), de l’énergie, de quoi se soigner et les informations vitales ».
Quel sort sera fait aux propositions du président de l’Assemblée nationale ? C’est à Emmanuel Macron et au gouvernement d’en décider, qui ont également entre les mains les copies des présidents du Sénat et du CESE.
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