Loi Travail : le ton monte et les mouvements se durcissent

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La rédaction de FranceSoir.fr
Publié le 25 mai 2016 - 12:59
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Blocage du dépôt de carburant de Douchy-Les-Mines le 25 mai.
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©François Lo Presti/AFP
Les forces de l'ordre ont déjà délogé à deux reprise cette semaine les militants syndicalistes qui bloquaient des dépôts de carburants.
©François Lo Presti/AFP
Files d'attentes aux stations-services, production d'électricité affectée, transports perturbés et manifestations spontanées: la grogne contre la loi travail reste intense mercredi, la contestation se propageant des raffineries aux réacteurs nucléaires et au trafic SNCF.

Le gouvernement, qui n'envisage pas de retirer le texte de la loi Travail , tente de garder la main, et a envoyé ce mercredi 25 à l'aube les forces de l'ordre pour débloquer le dépôt de carburants de Douchy-les-Mines, dans le Nord, dont l'accès était occupé depuis jeudi par des syndicalistes.

"Les CRS sont allés vite, ils ont utilisé le canon à eau. On sent les forces de l'ordre sur les nerfs", a relevé Willy Dans, porte-parole du syndicat Sud dans le Valenciennois, présent sur place.

A Brest, une soixantaine de manifestants qui avaient pris position vers 05h30 au port de commerce donnant accès au dépôt de carburant, en ont été délogés "vigoureusement et sans sommation alors que tout se passait dans le calme" par les forces de l'ordre, selon le responsable syndical FO Marc Hébert.

Le secrétaire d'Etat aux Transports Alain Vidalies a indiqué mardi que 20% des quelque 12.000 stations-service françaises étaient "en difficulté" d'approvisionnement. A Paris par exemple, la station Total de la Porte d'Orléans était à sec en début de journée et attendait une livraison prévue dans la nuit.

Opposés à la loi El Khomri, les syndicats, la CGT et FO en tête, appellent à une huitième journée de grèves et de manifestations partout en France jeudi 26. Mais les signes de protestation se multipliaient déjà mercredi comme au péage du pont de Normandie, où des manifestants bloquaient les camions.

Le conflit autour des sites pétroliers, au cœur de la contestation du projet de loi Travail depuis plusieurs jours, se prolongeait. Six raffineries sur huit au total en France sont au ralenti ou à l'arrêt. "Tant que le gouvernement refuse de discuter, il y a des risques que le mobilisation s'amplifie", a affirmé mercredi sur France Inter le leader de la CGT, Philippe Martinez.

Tout en dénonçant le "durcissement" opéré par la CGT, le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll a indiqué que l'hypothèse d'une réquisition d'employés dans les raffineries en grève n'avait "pas été évoqué(e)".

De son côté, Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, a estimé mercredi qu'un retrait du projet de la loi travail, comme le réclament la CGT et FO, serait "inacceptable". "Il est hors de question que le gouvernement renonce à ses engagements. Ce serait un coup dur pour les salariés car ils perdraient le bénéfice des nouveaux droits reconnus par le texte", déclare le numéro un de la CFDT dans un entretien au Parisien.

La CGT-Energie souhaite désormais étendre la mobilisation aux centrales nucléaires, appelant à un mouvement d'action "le plus fort possible" jeudi. La centrale de Nogent-sur-Seine (Aube), située à une centaine de kilomètres au sud-est de Paris, est déjà touchée.

"Il a été décidé d'un blocage du site à la centrale de Nogent et d'une baisse de charges lors d'une assemblée générale du personnel", a indiqué mardi à l'AFP, Arnaud Pacot, secrétaire général CGT-Energie Aube.

Un des deux réacteurs est à l'arrêt depuis mardi "en raison d'un problème technique" et "on fera en sorte de ne pas le redémarrer", a-t-il expliqué. Des coupures électriques ont déjà eu lieu mardi dans plusieurs quartiers de Nantes ainsi que dans le plus grand centre commercial d'Europe à Marseille.

Interrogé par l'AFP, un porte-parole d'EDF a déclaré qu'il était "difficile" de prévoir les conséquences de ces mouvements de contestation sur la production électrique.

Près de Clermont-Ferrand, des militants CGT, délogés lundi du dépôt de carburants de Cournon tentaient d'attiser la fronde en bloquant une plate-forme logistique du distributeur Atac. A Coignières (Yvelines) une trentaine de syndicalistes CGT et FO ont bloqué l'accès d'une zone industrielle où se trouve un dépôt de carburant.

Le trafic SNCF, où des cheminots font grève pour défendre notamment leurs conditions de travail, était aussi légèrement perturbé: la direction prévoit la circulation de 3 TGV sur 4 et de 4 RER sur 5.

A Toulouse, le quartier de la gare SNCF et routière était bloqué selon la police par quelque 200 manifestants, des cheminots ayant été rejoints par des manifestants de Nuit Debout, de CGT et de Sud. Des barrages ont été dressés depuis 05h40 par les manifestants paralysant la circulation du centre-ville.

"Il y a eu beaucoup de désinformation autour de la loi travail. A partir de là, il y a une petite minorité qui essaie de radicaliser les choses. Nous ne tomberons pas dans la provocation", a assuré sur RTL le secrétaire d'État aux relations avec le Parlement, Jean-Marie Le Guen.

Pourtant le ministre de l'Economie Emmanuel Macron a même suggéré dans une interview aux Echos d'aller plus loin. "Il faudra élargir le champ de la négociation collective au niveau de l'entreprise à d'autres domaines", a-t-il plaidé.

 

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