"Nuit debout" à Paris : les organisateurs ne veulent "pas arrêter" le mouvement
Malgré le démantèlement de son campement emblématique de la place de la République lundi matin, le mouvement "Nuit debout" entend poursuivre sa mobilisation, et suscite l'embarras des autorités et de la classe politique. Depuis onze jours, l'esplanade du coeur de Paris était devenue l'épicentre d'un mouvement citoyen inédit, lancé au soir du 31 mars contre le projet de loi Travail "et le monde qui va avec", qui a essaimé dans plus d'une cinquantaine de villes de France.
Des manifestants s'y retrouvaient chaque soir, souvent par milliers, dans une ambiance de kermesse et de forum altermondialiste entre stands, réunions de commissions et "assemblées générales" quotidiennes. Mais leur autorisation de se réunir expirait dimanche soir. L'évacuation de lundi matin, qui s'est déroulée sans heurt, "visait prioritairement à enlever les structures fixes, conformément aux déclarations de manifestation déposées qui prévoyaient un démontage dimanche en fin de soirée", a expliqué à l'AFP la préfecture de police de Paris. Selon cette source, "une nouvelle déclaration de manifestation a été déposée, signifiant que le mouvement pourra reprendre lundi soir". Ses organisateurs ont annoncé leur intention de "ne pas arrêter". Les installations -stands, tentes, banderoles- auront toutefois disparu.
Lundi matin, une pelleteuse soulevait les structures les plus imposantes, et des employés de la Propreté de Paris remplissaient des bennes avec les matelas, tapis et bâches accumulés depuis dix jours et balayaient les débris. Une poignée de sympathisants du mouvement essayaient de sauver ce qui pouvait l'être: quelques palettes, des chaises, des fleurs de leur "jardin debout"... "Ça fait mal de voir ça. Mais on va reconstruire, le mouvement ne peut pas se terminer comme ça", glisse Leo Joudi, étudiant de 20 ans et "travailleur dans la restauration", présent lors de l'évacuation qui a débuté vers 05h30.
"Ce qui est certain, c'est qu'on ne va pas s'arrêter. Je pense qu'il va y avoir du monde qui va revenir à République", a affirmé à l'AFP l'une des initiatrices du mouvement, qui se fait appeler Camille. Une réunion entre les personnes référentes des différentes "commissions" qui composent le mouvement est également prévue vers 21H00 pour "discuter de comment organiser la suite", a-t-elle précisé Faire une pause? Rester place de la République? Occuper un autre lieu? De nombreuses questions ont été soulevées par les incidents qui ont émaillé pour la première fois la "Nuit debout" de Paris dans la nuit de samedi à dimanche, lorsque quelques centaines de personnes ont voulu se rendre au domicile du Premier ministre Manuel Valls. Huit personnes ont été interpellées et des dégradations déplorées par les autorités. "On ne veut pas que le mouvement soit montré pour ce qu'il n'est pas, ce n'est pas un mouvement violent", affirme Camille.
La présidente de la région Ile-de-France Valérie Pécresse (Les Républicains) avait jugé dimanche "souhaitable qu'on évacue la place de la République ou alors, si on ne l'évacue pas, que les manifestants eux-mêmes la sécurisent et empêchent la casse, l'agression des policiers, les dérapages". La mairie de Paris avait indiqué à l'AFP qu'elle demanderait un simple "constat d'huissier" concernant les dégradations sur la place.
Lundi, un candidat à la primaire à droite, Geoffroy Didier, évoquant l'état d'urgence en vigueur depuis les attentats de novembre, a estimé qu'il était "temps d'évacuer": "Il y a un temps pour tout. Qu'il y ait eu le temps de la manifestation, c'est légitime, (...) mais aujourd'hui il faut et il est temps d'évacuer parce que il y a eu des débordements".
Le secrétaire national du PCF s'est dit "choqué parce que c'était un rassemblement pacifique". "Si la police et la ville veulent s'organiser avec ceux qui maintiennent ces rassemblements pour que ça se passe bien, (...) il suffit qu'il y ait une discussion assez tranquille entre les autorités et les organisateurs de +Nuit debout+", a-t-il estimé.
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