"Penelope Gate" : François Fillon contre-attaque face aux accusations d'emploi fictif
François Fillon, dans la tourmente après les soupçons d'emplois fictifs visant sa femme Penelope, tentait jeudi 26 d'éteindre l'incendie en promettant notamment de fournir des "pièces" au parquet financier, qui a ouvert une enquête notamment pour "détournement de fonds publics".
L'heure est à la contre-offensive dans le camp Fillon: un de ses proches, Bruno Retailleau, patron des sénateurs LR, a annoncé jeudi matin que l'avocat du candidat de la droite allait contacter le parquet financier et "se déplacer avec un certain nombres de pièces" afin de prouver la réalité du travail de Penelope Fillon.
Après l'annonce de l'ouverture d'une enquête préliminaire mercredi, l'ancien Premier ministre avait déjà promis qu'il ferait tout pour "faire taire les calomnies". Il a prévu de s'exprimer au JT de 20h sur TF1 jeudi soir.
"Nous donnerons très vite à la justice l'ensemble des éléments", a assuré M. Retailleau, "parce que les choses sont trop graves". A trois mois de la présidentielle, cette affaire est embarrassante pour le candidat, qui peinait déjà, depuis sa large victoire fin novembre à la primaire de la droite, à trouver le ton de sa campagne.
Et le sénateur de Vendée l'atteste: "Ca se déroule désormais entre la justice et François Fillon mais je vous le dis (...), cette affaire fera pschitt", usant de la même expression que Jacques Chirac face aux accusations de billets d'avion payés en liquide quand il était maire de Paris.
A droite, les porte-parole du candidat semblent à la peine pour défendre leur champion. Depuis mercredi, dans les couloirs de l'Assemblée, c'est la surprise chez les collaborateurs, où la plupart semblaient ignorer que Penelope Fillon ait pu être la collaboratrice de son époux.
Une proche de François Fillon, la député LR Valérie Boyer, a ainsi un peu cafouillé mercredi lors d'une émission télévisée pour défendre son candidat. Expliquant qu'il lui était arrivé "d'embaucher" et "rémunérer un de ses fils comme collaborateur, elle a ajouté maladroitement: "Oui. Mais pour des activités réalisées".
De son propre aveu, encore à l'automne dernier pendant la campagne de la primaire de la droite, Mme Fillon revendiquait sa discrétion et être en retrait des activités de son mari.
Personne ne l'a jamais vue à l'Assemblée hormis l'ex-président, Bernard Accoyer, devenu secrétaire général de LR.
Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France, juge que François Fillon est "un homme intègre et droit" mais, comme beaucoup, elle "ne savait pas" que Penelope travaillait pour le compte de son mari, dont elle a pourtant fait partie du proche entourage depuis 2012.
"La question est de savoir si c'est un emploi fictif ou pas. A lui de donner des explications (…) Si elle ne travaillait pas et était payée, c'est un problème, sinon c'est un épiphénomène", résume un député.
D'autant que François Fillon a fait de sa probité, face à Nicolas Sarkozy notamment mais aussi à Alain Juppé qui a été condamné par le passé dans un affaire d'emploi fictif, un axe de campagne. Sa phrase "Qui imagine le Général de Gaulle mis en examen?", lui revient désormais comme un boomerang.
Son entourage insiste: "Ca fait plus de 30 ans qu'il est dans la vie politique, sans aucune affaire, et comme par hasard, à trois mois des présidentielles, quelques jours avant son discours fondateur, dimanche prochain, à La Villette, cette affaire lui tombe dessus", a accusé M. Retailleau.
L'enquête préliminaire porte aussi sur la réalité d'un emploi rémunéré pendant un an et demi à la Revue des Deux Mondes pour 5.000 euros bruts par mois.
A gauche, à trois jours du second tour de la primaire initiée par le PS, Manuel Valls a réclamé "des explications particulièrement claires et rapides" du candidat de la droite. Il est tombé d'accord avec Benoît Hamon lors de leur duel télévisé pour interdire l'embauche de proches par des parlementaires.
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