Philippot a quitté le FN : et maintenant ?
Le point commun entre Florian Philippot et le PS? Tous les deux se cherchent un nouveau siège. Au-delà de la blague -potache-, Florian Philippot est bien désormais à la recherche d'une nouvelle patrie depuis qu'il a annoncé son départ du FN jeudi 21. Un comble pour un souverainiste tel que lui et qui pourrait virer au casse-tête tant l'espace politique à droite, pourtant en pleine recomposition, semble bouché sur son créneau. D'où la question: et maintenant?
La première hypothèse est que le désormais ex-numéro 2 du FN mise sur son association politique "Les Patriotes", qu'il préside, pour rester sur le devant de la scène politique. Problème, le mouvement est très récent: fondé pendant les législatives de juin, il ne compte aucun élu. Les proches du député européen semblent toutefois accréditer la thèse en répétant à l'envi que "LP" (à ne pas confondre avec Le Pen) est solide, compte déjà 2.000 adhérents et a reçu 450 demandes d'encartage pour la seule journée de mercredi. Pour autant, malgré l'expérience avérée de son patron dans le domaine, il faudra du temps pour structurer la barque et la transformer en vaisseau capable de monter à l'assaut du FN et de LR.
Car c'est bien là l'espace politique correspondant aux idées du lieutenant frontiste tombé en disgrâce. Une ligne souverainiste, nationaliste, mais plutôt libérale sur la société -du moins plus que les "durs" du Front- et partisan d'un Etat providence contradictoire avec la ligne poujadiste ultralibérale portée par Jean-Marie Le Pen. À droite, mais moins extrême donc, du genre qui peut manger un couscous tranquillement.
Sauf que l'OPA de Laurent Wauquiez sur LR change la donne. Désormais bien loin du chiraquisme, l'ancien poulain du ministre chrétien-démocrate de centre droit Jacques Barrot veut donner un sérieux coup de barre à droite à la ligne du parti dont il s'apprête à prendre les commandes. Concurrencé au centre par Emmanuel Macron, le patron de la région Auvergne-Rhône-Alpes a adopté un positionnement très buissonien et a entamé un bras de fer avec les juppéistes. Son objectif assumé: braconner sur les terres du FN, comme Sarkozy avant lui. Ses thèmes: la France, la sécurité, les frontières, l'immigration...
Dernière possibilité pour Florian Philippot, un rapprochement avec Nicolas Dupont-Aignan qui n'a pas hésité à faire alliance avec Marine Le Pen entre les deux tours de la présidentielle, avant de faire machine arrière après la défaite. Les deux hommes sont proches mais, même unis, ne pèsent que peu électoralement. Et Debout la France est loin d'être une "marque" aussi puissante que le Front national.
Florian Philippot est-il donc condamné à l'oubli comme le lui promettent les ténors frontistes? Impossible à dire car personne n'est jamais mort en politique. Et si la partie semble bien mal engagée pour l'énarque, il a prouvé par le passé sa capacité à sentir l'opinion et à définir un positionnement apte à gagner des parts électorales. Ce qui soulève un dernier point, et non des moindres: il était alors dans l'ombre, numéro 2, conseiller d'une tête d'affiche charismatique et porteuse d'un nom -Marine Le Pen. Saura-t-il faire soulever les foules sur son nom? C'est l'autre grande inconnue.
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.