Présidentielle - Fillon : quand va-t-on toucher le fond ?
Affaires, clashs, "cabinet noir"... Du passage de François Fillon à L'Emission politique jeudi 23 sur France 2 il ne reste que peu d'éléments de fond ce vendredi 24. Le format se veut pourtant "le lieu de référence du débat politique pour la présidentielle de 2017 (...) donnant l'occasion (aux différentes candidats) de s'exprimer sur leurs programmes respectifs". Mais les 135 minutes accordées -en prime time sur une chaîne de grande écoute- au candidat LR ont été largement consacrées aux polémiques qui l'éclaboussent depuis les premières révélations du Canard enchaîné en janvier dernier. Et celui qui réclame d'être jugé avant tout par les électeurs depuis sa mise en examen n'a rien fait, ou si peu, pour tenter de recentrer les débats, notamment lorsqu'il a attaqué François Hollande et son supposé "cabinet noir", les rendant responsables du complot présumé destiné à l'abattre électoralement.
La question semble donc légitime: François Fillon est-il devenu inaudible? Largement traitée par les experts en communication politique et autres observateurs, l'assertion semble avoir été intégrée jusque par le candidat lui-même. Désormais, celui qui se targuait, probablement à raison, quoi qu'on en pense, d'avoir le programme le plus solide en matière économique ne fait plus campagne sur ses propositions.
"Ce sont les Français qui me jugeront (...) à l’élection présidentielle", martèle-t-il depuis sa conférence de presse du 1er mars, lorsqu'il a lui-même annoncé sa mise en examen prochaine -et formalisée mi-mars. Jugé sur quoi? Son programme bien sûr: "le seul qui peut redonner confiance aux Français" et redresser le pays.
Sauf que depuis, et face au flot ininterrompu de buzz médiatique autour des différentes affaires le touchant, François Fillon a choisi une autre stratégie. Place désormais à la dénonciation d'une "machination".
"Les masques tombent", a-t-il ainsi lancé après le scandale impliquant Bruno Le Roux, dont la démission a été ressentie comme illustrant son propre acharnement à se maintenir. Point d'orgue, à ce stade, jeudi soir lorsque le candidat dans la tourmente dénonce un "cabinet noir" donc, se basant sur les bonnes feuilles d'un livre à paraître dont l'un des auteurs a pourtant dénoncé une "instrumentalisation" de son ouvrage. Et va jusqu'à dresser un comparatif qui a suscité la polémique: "Ca m'a fait souvent penser à Pierre Bérégovoy. (...) J'ai compris pourquoi on pouvait être amené à cette extrémité", a-t-il lancé en référence à l'ancien Premier ministre de François Mitterrand qui s'était suicidé après des révélations mettant en cause sa probité bien que la justice n'ait pas estimé nécessaire de se saisir du dossier. La stratégie est claire.
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