Climat : report d'une réunion cruciale à la Maison Blanche

Auteur:
 
Par AFP
Publié le 09 mai 2017 - 16:07
Image
Donald Trump à la Maison Blanche le 4 mai 2017
Crédits
© MANDEL NGAN / AFP/Archives
Donald Trump à la Maison Blanche le 4 mai 2017
© MANDEL NGAN / AFP/Archives

Partir avec fracas au risque de faire s'écrouler l'édifice ou rester en recherchant des ajustements ? Le président américain Donald Trump a du mal à trancher sur l'accord de Paris sur le climat.

Pendant sa campagne, l'homme d'affaires septuagénaire, qui martèle vouloir mettre fin à la "guerre contre le charbon", avait promis d'"annuler" cet accord conclu fin 2015 dans la capitale française par plus de 190 pays.

Mais depuis son installation à la Maison Blanche, il a envoyé des signaux contradictoires, reflets des courants contraires qui traversent son administration sur la question climatique mais aussi, au-delà, sur le rôle des Etats-Unis dans le monde et leur rapport au multilatéralisme.

Une réunion prévue mardi à la Maison Blanche pour discuter d'une éventuelle sortie des Etats-Unis de ce texte emblématique a été reportée à une date indéterminée. C'est la deuxième fois que le rendez-vous est annulé.

Or le monde entier a les yeux braqués sur Washington: deuxième émetteurs mondiaux de gaz à effet de serre, les Etats-Unis sont au coeur du jeu.

Leur retrait serait un camouflet pour la "diplomatie climat" qui, il y a moins de 18 mois, célébrait à Paris un accord historique, rendu possible par un pacte âprement négocié entre Washington et Pékin.

Claquer la porte "ternirait l'image de l'Amérique" avec "des dommages collatéraux au-delà du climat", estimait récemment dans un entretien à l'AFP Todd Stern qui fut, jusqu'en 2016, émissaire américain dans les négociations internationales.

Une solution politiquement habile pourrait être de rester dans l'accord, qui vise à limiter la hausse de la température mondiale en deçà de +2°C, mais de lancer un réexamen des objectifs américains.

Cela permettrait de garder un siège à la table des négociations tout en envoyant, en interne, le signal d'une forme de rupture avec l'administration démocrate de Barack Obama.

- "Mauvais accord" -

Les positions ne sont pas forcément là où on les attends le plus, si l'on se fie aux titres des personnes concernées.

Le patron de l'Agence de protection de l'environnement (EPA), Scott Pruitt, le dit ouvertement: il est favorable à une sortie de l'accord.

"Nous devons en sortir. C'est un mauvais accord pour l'Amérique", affirmait-il mi-avril, déplorant, de manière erronée, que la Chine et l'Inde n'aient "aucune obligation d'ici 2030".

Le secrétaire à l'Energie, Rick Perry est lui favorable à un maintien dans l'accord, tout comme le secrétaire d'Etat Rex Tillerson, ancien PDG du géant pétrolier ExxonMobil.

Le monde des affaires est, dans l'ensemble, sur la même ligne. Une douzaine de grands groupes, parmi lesquels le pétrolier BP, le géant de l'agrochimie DuPont, ou encore Google, Intel, Microsoft, ont pressé Donald Trump de ne pas en sortir.

L'objectif des Etats-Unis, fixé par l'administration Obama, est une réduction de 26% à 28% de leurs émissions de gaz à effet de serre d'ici 2025 par rapport à 2005.

Un réexamen pourrait se traduire par un objectif moins ambitieux avec la même date ou un changement de calendrier, en fixant par exemple un objectif à l'horizon 2030.

Une sortie pure et simple est plus compliquée qu'il n'y paraît, plusieurs années étant nécessaires, suivant les textes, avant que le retrait d'un pays ne devienne effectif.

Mais au-delà de ce point de procédure, l'annonce d'un retrait américain constituerait une véritable déflagration.

Car la lutte contre le changement climatique est d'abord affaire de signaux envoyés sur une volonté commune de limiter les émissions de gaz à effet de serre pour freiner l'envolée de la température mondiale. C'est en cela que l'accord de Paris fut une véritable percée.

La Maison Blanche n'a pas annoncé de date pour une nouvelle réunion en interne. Mais a promis qu'elle qu'elle fera connaître sa position avant le sommet du G7, qui aura lieu les 26 et 27 mai en Italie.

Plutôt discret depuis son départ de la Maison Blanche, Barack Obama a fait mardi un retour remarqué en s'exprimant précisément sur le climat, qui fut l'une des priorités de ses deux mandats.

"Il est important que les grands pays qui sont de grands émetteurs (de gaz à effets de serre) montrent la voie", a-t-il lancé depuis Milan, dans un message aussi clair que possible à son successeur.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Kamala Harris
Kamala Harris, ou comment passer de la reine de la justice californienne à valet par défaut
PORTRAIT CRACHE - Samedi 27 juillet, la vice-présidente américaine Kamala Harris a officialisé sa candidature à la présidence des États-Unis, une semaine après le retr...
03 août 2024 - 12:49
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.