Donald Trump apprend à ses dépens que le président américain est faible

Auteur:
 
Par AFP
Publié le 31 mars 2017 - 09:45
Image
Donald Trump attend à la Maison-Blanche l'arrivée du Premier ministre danois Lars Lokke Rasmussen, l
Crédits
© Brendan Smialowski / AFP
Donald Trump attend à la Maison-Blanche l'arrivée du Premier ministre danois Lars Lokke Rasmussen, le 30 mars 2017 à Washington.
© Brendan Smialowski / AFP

De PDG à président des Etats-Unis, la transition est rude pour Donald Trump. Le milliardaire anti-système avait promis de réformer le pays à la hussarde mais Justice et Congrès brident ses pouvoirs, conformément à la Constitution.

Le nouveau locataire de la Maison Blanche a essuyé deux revers retentissants sur ses deux grandes mesures de début de mandat, le décret anti-immigration et sa réforme du système de santé.

"Notre président est assez faible" sur le plan constitutionnel, rappelle John Carey, professeur au Dartmouth College, en comparaison des présidents français ou d'autres systèmes politiques.

Aux Etats-Unis, le gouvernement ne peut pas faire passer des textes en force. Le Congrès est maître de son ordre du jour. Et les droits de l'opposition sont par coutume très importants à la chambre haute, le Sénat, où une majorité qualifiée est requise.

"Le pouvoir du président sur les parlementaires est surtout un pouvoir de persuasion", dit John Carey à l'AFP. "En l'occurrence, Trump a complètement surestimé sa capacité à exercer ce pouvoir".

Quant à la justice, elle est systématiquement saisie par des opposants politiques sur les décisions présidentielles, dont elle bloque parfois l'application.

L'interférence judiciaire n'est pas totalement nouvelle; Franklin Roosevelt a vu son "New Deal" presque bloqué par la Cour suprême dans les années 1930. Mais la "judiciarisation" de la politique s'est intensifiée depuis plusieurs années.

"Je ne parviens pas à me souvenir d'un seul président ayant fait face aussi rapidement à autant de recours devant la justice", souligne pour l'AFP le constitutionnaliste Erwin Chemerinsky.

Ces procédures se déroulent dans un contexte particulièrement polarisé, Donald Trump dénonçant quant à lui une justice... "politisée", coupable selon lui d'empiéter sur ses attributions régaliennes.

- Le système résiste -

A ces facteurs structurels, auxquels sont confrontés tous les présidents américains, s'ajoutent les particularités de Donald Trump.

Il est le président le plus impopulaire de l'histoire récente pour un début de mandat, avec moins de 40% d'opinions favorables. Alors qu'en 1981 les démocrates avaient collaboré avec le populaire président républicain Ronald Reagan, ils n'ont que peu d'incitation à chercher un compromis avec l'actuel chef de l'exécutif.

Même les élus de la majorité le défient. Une faction de frondeurs a torpillé son projet d'abrogation d'"Obamacare" la semaine dernière, créant un début de guerre civile au parti républicain.

Puis, les méthodes de gestion expéditives et peu orthodoxes de l'ex-homme d'affaires ont créé de la confusion. Il voulait curer le marigot mais s'y est embourbé, entouré d'"outsiders" peu au fait du fonctionnement des administrations.

"C'est le pire début de présidence que j'aie jamais vu de ma vie", dit à l'AFP David Rohde, professeur de science politique à l'Université Duke.

- Rien n'est perdu -

Mais dix semaines exactement après sa prise de fonction, le 45e président américain garde des prérogatives qui, si elles sont utilisées judicieusement, peuvent lui permettre de reprendre la main, par exemple lors de l'épreuve imminente du budget.

Ses prédécesseurs George W. Bush et Barack Obama ont aussi appris à contourner la paralysie du Congrès administrativement. Certaines de leurs initiatives ont échoué en justice, mais d'autres ont survécu.

"Trump aura beaucoup d'occasions d'agir de façon efficace par décrets et par la voie réglementaire", dit John Carey, qui note que Donald Trump "n'a pas perdu de temps" après sa défaite sur la santé pour lancer l'annulation de normes écologiques instaurées par Barack Obama.

Côté justice, le dirigeant républicain sera bientôt aidé par une Cour suprême à majorité conservatrice, grâce à la nomination du juge Neil Gorsuch.

Tous les juges fédéraux étant nommés par le président, celui-ci devrait au fil du temps être en mesure de changer la coloration politique de la magistrature.

Cela prendra "des années", explique à l'AFP Eric Posner, professeur à la Chicago Law School. Mais "s'il fait deux mandats, il aura alors probablement nommé une minorité importante de l'ensemble des juges fédéraux".

En raison de l'âge des magistrats des cours d'appel, M. Trump pourrait nommer entre un tiers et la moitié des juges d'appel, imprimant une empreinte profonde sur le système judiciaire.

À LIRE AUSSI

Image
Donald Trump lors d'une réunion à la Maison-Blanche à Washington, le 29 mars 2017
L'administration Trump fait à nouveau appel du blocage du décret migratoire
L'administration du président Donald Trump a une nouvelle fois fait appel, jeudi, de la suspension du décret migratoire qui interdit temporairement l'entrée aux Etats-...
31 mars 2017 - 09:49
Image
Le président chinois Xi Jinping doit rencontrer son homologue américain Donald Trump dans sa luxueus
Pékin espère "une rencontre réussie" avec Trump
La Chine a dit vendredi espérer "une rencontre réussie" la semaine prochaine entre les présidents chinois et américain, alors que Donald Trump a prédit un face-à-face ...
31 mars 2017 - 08:40
Image
Xi Jinping (g) et Donald Trump (d), montage
Trump prévoit une rencontre "très difficile" avec le président chinois
Le président américain Donald Trump a prévu jeudi une rencontre "très difficile" avec son homologue chinois Xi Jinping qu'il doit recevoir la semaine prochaine dans sa...
31 mars 2017 - 04:27

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Kamala Harris
Kamala Harris, ou comment passer de la reine de la justice californienne à valet par défaut
PORTRAIT CRACHE - Samedi 27 juillet, la vice-présidente américaine Kamala Harris a officialisé sa candidature à la présidence des États-Unis, une semaine après le retr...
03 août 2024 - 12:49
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.