Espagne : des députés réclament le retrait des restes de Franco du mausolée d'El Valle de los Caidos

L'ombre de Francisco Franco plane encore sur le gigantesque mausolée d'El Valle de los Caidos ("La vallée de ceux qui sont tombés", en espagnol). Cette basilique colossale, surmontée d'une croix de 150 mètres de haut, digne héritière d'une architecture fasciste qui se voulait écrasante, a été imaginée en 1940 par la Caudillo lui-même dès la fin de la guerre d'Espagne comme un monument à sa victoire, et achevé en 1958.

Plus de 20.000 prisonniers politiques républicains y ont été mis à contribution pour construire, dans des conditions difficiles, ce mausolée élevé par le régime franquiste à la mémoire des "héros et martyrs de la Croisade", désignant par là les combattants nationalistes morts pendant la guerre civile.

Dans les années 1950, le régime de Franco y avait fait transférer les restes de plus de 30.000 victimes du conflit enterrées dans des fosses communes, rassemblant des nationalistes et des républicains à la condition qu'ils soient catholiques, au nom de la "réconciliation", dont plus de 12.000 n'ont jamais été identifiés. Beaucoup d'entre eux ont été transférés de fosses communes et de cimetières partout en Espagne, souvent sans autorisation, et même parfois à l'insu de leurs familles.

La dépouille du Caudillo en personne y repose, en compagnie des cendres de José Antonio Primo de Rivera, fils d'un ancien dictateur militaire et fondateur de la Phalange (une organisation politique espagnole nationaliste d'obédience fascisante). Plus de quarante ans après la mort du dictateur espagnol, la Fundacion Nacional Francisco Franco fleurit toujours sa tombe et rend hommage au Caudillo.

Le congrès des députés espagnol a demandé ce jeudi 11 au gouvernement conservateur que les restes de Franco soient exhumés de l'immense mausolée controversé où le dictateur est enterré depuis 41 ans, à 50 kilomètres de Madrid.

Un texte réclamant ce retrait, en application d'une loi visant à mieux honorer la mémoire des victimes de la dictature, a été adopté avec 198 votes favorables et un vote contre. Les élus du Parti populaire (PP, droite) au pouvoir se sont abstenus. Promu par le Parti socialiste, le texte appelle à "donner un nouveau sens" au mausolée pour qu'il ne soit "plus un lieu de mémoire franquiste et national-catholique" mais un espace favorisant la réconciliation.

La résolution parlementaire n’étant pas contraignante, il est probable que le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy ne la mette pas à exécution pour ne pas froisser une partie de son électorat où l'on retrouve encore des nostalgique du régime.