Expulsés par la France, des demandeurs d'asile soudanais torturés dans leur pays
L'affaire fait grand bruit en Belgique alors qu'elle ne provoque que peu (voir pas) de remous en France. Dans une longue enquête, publiée dimanche 22, le New York Times rapporte que des immigrés soudanais déboutés du droit d'asile par la France, l'Italie et la Belgique, ont été torturés à leur retour dans leur pays.
Selon le grand quotidien américain, la France aurait ainsi autorisé des "officiels soudanais", autrement dit des policiers, à pénétrer les centres de rétentions administratifs et interroger les migrants soudanais. Officiellement, la France souhaitait obtenir des éléments d'informations supplémentaires pour pouvoir juger ou non de la viabilité de la demande d'asile des réfugiés.
Des entretiens réalisés par des fonctionnaires du régime du dictateur Omar el-Béchir ont été effectués "en l'absence de fonctionnaire capable de traduire les propos échangés". Au mois de septembre, le ministère de l'Intérieur avait confirmé cette "mission d'identification" mais assurait qu'il n'y avait pas d'accord entre la France et le Soudan.
A en croire les témoignages de quatre d'entre eux, recueillis par le New York Times, ils ont été arrêtés dès leur retour puis torturés par le régime de Kharthoum. L'un d'eux, un dissident politique du Darfour expulsé par la France fin 2017, affirme avoir été électrocuté, battu et frappé par les services secrets soudanais (NISS) avec des tuyaux en métal pendant dix jours. Il a affirme qu'avant son expulsion, des officiers de police soudanais l'ont menacé en présence d'officiers français:
"Je leur ai dit: «Ils vont nous tuer », mais ils n'ont pas compris".
Omar el-Béchir dirige d'une main de fer le Soudan depuis 1989. La Cour pénale internationale a délivré contre lui un mandat d'arrêt en 2008 pour génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre.
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La publication de cet article a provoqué en Belgique l'ouverture d'une commission d'enquête parlementaire tandis que dans le même temps, les députés français adoptaient le très controversé projet de loi asile et immigration.
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