Iran : abolition de la police des moeurs, un geste envers les manifestants

Auteur(s)
FranceSoir avec AFP
Publié le 04 décembre 2022 - 12:15
Image
Un policier iranien devant une femme arrêtée en raison de ses vêtements, le 23 juillet 2007, à
Crédits
AFP/Archives - Behrouz MEHRI
Un policier iranien devant une femme arrêtée en raison de ses vêtements, le 23 juillet 2007, à Téhéran.
AFP/Archives - Behrouz MEHRI

L'Iran a annoncé l'abolition de la police des mœurs à l'origine de l'arrestation de la jeune Mahsa Amini, dont la mort en détention a provoqué une vague de contestation en Iran qui perdure depuis près de trois mois.

Cette annonce, considérée comme un geste envers les manifestants, est intervenue après la décision samedi des autorités de réviser une loi de 1983 sur le port du voile obligatoire en Iran, imposé quatre ans après la révolution islamique de 1979.

C'est la police des mœurs qui avait arrêté le 13 septembre Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans, à Téhéran en l'accusant de ne pas respecter le code vestimentaire strict en République islamique, qui impose aux femmes le port du voile en public.

Sa mort a été annoncée trois jours plus tard. Selon des militants et sa famille, Mahsa Amini a succombé après avoir été battue, mais les autorités ont lié son décès à des problèmes de santé, démentis par ses parents.

Son décès a déclenché une vague de manifestations durant lesquelles des femmes, fer de lance de la contestation, ont enlevé et brûlé leur foulard, en criant "Femme, vie, liberté".

Malgré la répression qui a fait des centaines de morts, le mouvement de contestation se poursuit.

"La police des moeurs (...) a été abolie par ceux qui l'ont créée", a indiqué samedi soir le procureur général Mohammad Jafar Montazeri, cité par l'agence de presse Isna dimanche.

"Saper les valeurs"

Cette police, connue sous le nom de Gasht-e Ershad (patrouilles d'orientation), a été créée sous le président Mahmoud Ahmadinejad, pour "répandre la culture de la décence et du hijab". Elle est formée d'hommes en uniforme vert et de femmes portant le tchador noir, qui couvre la tête et le haut du corps.

Cette unité a commencé ses premières patrouilles en 2006.

Le rôle de la police des mœurs a évolué au fil des années, mais il a toujours divisé, même parmi les candidats à la présidentielle.

Sous le mandat du président modéré Hassan Rohani, on pouvait croiser des femmes en jeans serrés portant des voiles colorés.

Mais en juillet dernier, son successeur, Ebrahim Raïssi, a appelé à la mobilisation de "toutes les institutions pour renforcer la loi sur le voile", déclarant que "les ennemis de l'Iran et de l'islam voulaient saper les valeurs culturelles et religieuses de la société en répandant la corruption".

Les femmes qui enfreignent le strict code vestimentaire de la République islamique d'Iran risquaient d'être embarquées par cette unité.

Loi sur le voile

Samedi, le même procureur, Mohammad Jafar Montazeri, a annoncé que "le Parlement et le pouvoir judiciaire travaillaient" sur la question du port du voile obligatoire, sans préciser ce qui pourrait être modifié dans la loi.

Selon la loi en vigueur depuis 1983, les femmes iraniennes et étrangères, quelle que soit leur religion, doivent porter un voile et un vêtement ample en public.

Depuis la mort Mahsa Amini et les manifestations qui ont suivi, un nombre grandissant de femmes se découvrent la tête, notamment dans le nord huppé de Téhéran.

Le 24 septembre, soit une semaine après le début des manifestations, le principal parti réformateur d'Iran a exhorté l'État à annuler l'obligation du port du voile.

L'Iran, qui voit dans la plupart des manifestations des "émeutes", accuse notamment des forces étrangères d'être derrière ce mouvement pour déstabiliser le pays.

Selon un dernier bilan fourni par le général iranien Amirali Hajizadeh, du corps des Gardiens de la Révolution, il y a eu plus de 300 morts lors des manifestations depuis le 16 septembre.

À LIRE AUSSI

Image
UE sanctions
Manifestations en Iran : après Washington, l'UE souhaite de nouvelles sanctions
A l'instar des nouvelles sanctions annoncées par Washington, l'Union européenne a indiqué mardi examiner des "mesures restrictives" pour sanctionner la répression des ...
05 octobre 2022 - 14:00
Politique
Image
Homayra Cellier
Iran : "Nos responsables politiques sont en train de se mettre à table avec des assassins" Homayra Sellier
« C’est un peuple qui m’émerveille, qui pour moi montre le courage dont les Iraniens ont fait preuve depuis toujours. Je suis fière d’eux. J’ai envie de voir le monde ...
26 octobre 2022 - 18:30
Vidéos
Image
Iran : Cérémonie en hommage à Mahsa Amini à Paris.
"Nous voulons une séparation de l’État et de la religion" : des Iraniens commémorent à Paris le 40e jour de la mort de Mahsa Amini
REPORTAGE - Mercredi 26 octobre, des membres et sympathisants du Comité national de la résistance iranienne (CNRI) ont organisé, à Paris, une cérémonie en hommage à Ma...
28 octobre 2022 - 19:00
Politique

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
ARA
Décès de ARA, Alain Renaudin, dessinateur de France-Soir
Il était avant toute chose notre ami… avant même d’être ce joyeux gribouilleur comme je l’appelais, qui avec ce talent magnifique croquait à la demande l’actualité, ou...
07 novembre 2024 - 22:25
Portraits
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.