Le Premier ministre tchèque retire sa démission

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Par AFP
Publié le 05 mai 2017 - 13:47
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Le président tchèque Milos Zeman (g) et son Premier ministre Bohuslav Sobotka, le 4 mai 2017 à Pragu
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© Michal Cizek / AFP
Le président tchèque Milos Zeman (g) et son Premier ministre Bohuslav Sobotka, le 4 mai 2017 à Prague
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Le Premier ministre tchèque Bohuslav Sobotka a annoncé vendredi qu'il renonçait à démissionner avec tout son gouvernement et qu'il proposerait à la place au président de limoger son ministre des Finances, le milliardaire Andrej Babis soupçonné de fraude fiscale.

Cette volte face n'a fait qu'aggraver la crise politique dans laquelle la République tchèque est enlisée après l'annonce surprise mardi par M. Sobotka de sa démission en raison d'un conflit ouvert qui l'oppose à son ministre, influent rival en tête des sondages de popularité.

"Je ne présenterai pas ma démission. Je proposerai au président de révoquer le ministre des Finances", a déclaré vendredi M. Sobotka, chef du Parti social-démocrate CSSD.

M. Babis, 62 ans, chef du mouvement centriste ANO, est donné favori des élections législatives prévues en octobre, qui seront suivies du scrutin présidentiel trois mois plus tard.

A la mi-mars, la Chambre basse a formulé à l'égard de M. Babis des accusations de fraude fiscale et de conflit d'intérêt invitant M. Sobotka à prendre éventuellement des "mesures appropriées" contre son ministre.

Le Premier ministre lui a donné jusqu'à "fin avril" pour s'expliquer sur ses transactions financières, en particulier sur la façon dont il a acquis les titres de dette de son groupe Agrofert, pour 1,5 milliard de couronnes (environ 55 millions d'euros).

Le chef du gouvernement a fait marche arrière quand le président Milos Zeman a fait savoir qu'il souhaitait uniquement changer de Premier ministre et garder le reste du cabinet avec M. Babis.

Rival de longue date de M. Sobotka, le chef de l'Etat est favorable à Andrej Babis.

Depuis une dizaine de jours, des rumeurs couraient dans les médias tchèques au sujet du possible limogeage de M. Babis par M. Sobotka. Ce dernier n'a cependant pas voulu en faire un "martyre" à quelque mois des élections.

- 'Une démission irréfléchie' -

Interrogé par l'AFP, le politologue Tomas Lebeda a qualifié de "triste" le fait que M. Sobotka n'ait pas exigé la révocation du ministre dès mardi.

"La démission annoncée du Premier ministre a été une énorme erreur, une décision absolument irréfléchie qui a donné lieu à une série d'autres événements plutôt pénibles", a-t-il estimé.

"Au lieu de mettre le président et le ministre des Finances sous pression, le Premier ministre s'est mis lui-même sous pression", a ajouté M. Lebeda.

Selon une opinion défendue par nombre d'experts, la démission d'un Premier ministre entraîne celle du gouvernement tout entier, aux termes de la Constitution tchèque, relativement vague sur ce point.

Le vice-président du CSSD, Jan Birke, a toutefois assuré vendredi que M. Sobotka bénéficiait d'un "soutien univoque" de son parti.

"Les problèmes qui sont à l'origine de la crise sont désormais éclipsés par le différend entre le Premier ministre et le président", a souligné M. Lebeda.

- Le président ne va pas se dépêcher -

Le président Zeman, lui, "ne va pas se dépêcher", a affirmé de son côté vendredi le porte-parole de la présidence, Jiri Ovcacek.

Il a rappelé que le président effectuerait à partir du 9 mai un déplacement prévu en dehors de Prague, suivi d'une visite à Pékin, jusqu'au 18 mai.

"Ce n'est qu'après que nous analyserons la situation", a dit le porte-parole.

M. Babis a quant a lui indiqué qu'il allait "laisser la décision au président", avant de qualifier de "comédie" et de "ridicules" les arguments avancés par M. Sobotka.

Depuis lundi, M. Babis est aussi au coeur d'une affaire de fuite sur internet d'enregistrements de conversations qui lui sont attribuées et qui révèleraient ses pressions sur un journaliste du quotidien Dnes du groupe Mafra, pour qu'il s'attaque à ses rivaux politiques.

A l'appel de l'opposition, le parlement se réunira mercredi prochain en session extraordinaire pour demander des explications dans cette affaire.

Le gouvernement tripartite au pouvoir depuis début 2014 est formé du CSSD, d'ANO et des chrétiens-démocrates KDU-CSL.

Homme politique le plus populaire du pays selon des sondages récents, le ministre des Finances s'est formellement séparé de son groupe agro-alimentaire Agrofert, à l'origine de sa fortune, la deuxième du pays selon Forbes.

L'une des divisions d'Agrofert est le groupe de médias Mafra, qui outre Dnes possède également le journal Lidove Noviny.

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