Les Suisses devront voter sur leur neutralité, la guerre en Ukraine ayant rouvert le débat sur son degré de coopération avec l'Otan et sur la reprise des sanctions européennes.
L'organisation souverainiste Pro Suisse a recueilli plus des 100.000 signatures nécessaires pour lancer un référendum visant à mieux ancrer dans la Constitution la neutralité suisse, a annoncé mercredi un des responsables, Walter Wobmann, dans un entretien au journal Blick.
"Nous avons récolté près de 140.000 signatures" (...). Le 11 avril, nous déposerons l'initiative à la Chancellerie fédérale. D'ici là, nous continuons à récolter des signatures", a-t-il détaillé.
Mal comprise à l'étranger, la neutralité suisse a provoqué de nombreux débats depuis le début de la guerre en Ukraine, chaque parti politique l'interprétant à sa guise.
La Suisse - qui ne fait pas partie de l'Union européenne - s'est montré inflexible sur sa neutralité militaire mais elle a en revanche adopté les sanctions instaurées contre la Russie par Bruxelles, une décision dénoncée avec vigueur par le premier parti helvétique, l'UDC, une formation de droite radicale.
Moscou a également critiqué l'adoption par la Suisse des sanctions européennes et refuse depuis que les pourparlers onusiens sur la Syrie se tiennent à Genève (Suisse).
"En adoptant les sanctions de l'UE contre la Russie, nous nous sommes barrés la route. Aux yeux des Russes, nous ne sommes plus neutres", a souligné M. Wobmann, ancien député UDC, dans l'entretien.
La Constitution fédérale suisse prévoit que le gouvernement et le Parlement veillent à "préserver la neutralité" mais Pro Suisse veut aller au-delà.
Son projet de référendum - appelée en Suisse "initiative populaire" - demande que la Constitution garantisse que la neutralité soit "armée et perpétuelle" et appliquée "en permanence et sans exception".
Les mesures de coercition non militaires, à savoir les sanctions, seraient également interdites, sauf lorsqu'elles sont décidées par l'ONU.
Pro Suisse, qui s'oppose aussi à tout rapprochement avec l'Alliance atlantique (Otan), souhaite également que la Constitution interdise à la Suisse d'adhérer à une alliance militaire ou de défense, sauf en cas d'attaque militaire directe contre le pays.
"Ce n'est que lorsque nous sommes directement attaqués que nous pouvons nous allier à d'autres. Si nous sommes transformés en partie de guerre, nous devons nous défendre", a observé M. Wobmann.
Une fois que les signatures auront été déposées puis vérifiées par la Chancellerie, il s'écoule en général de nombreux mois, voire quelques années, avant que le vote ait lieu.
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