Pratiques "nazies" : Erdogan a "dépassé une limite" selon Berlin

Auteur:
 
Par AFP
Publié le 19 mars 2017 - 19:57
Mis à jour le 20 mars 2017 - 17:34
Image
Le chef de la diplomatie allemande Sigmar Gabriel lors d'un meeting du SPD à Berlin le 19 mars 2017
Crédits
© Tobias SCHWARZ / AFP
Le chef de la diplomatie allemande Sigmar Gabriel lors d'un meeting du SPD à Berlin le 19 mars 2017.
© Tobias SCHWARZ / AFP

La chancelière Angela Merkel a menacé lundi d'interdire aux responsables turcs de participer à des réunions électorales pro-Erdogan en Allemagne si les attaques à son encontre en référence au nazisme se poursuivent.

Dans le même temps, Berlin n'a annoncé aucune sanction immédiate et paraît en réalité soucieux d'éviter une surenchère dont profiterait surtout Recep Tayyip Erdogan dans sa volonté de mobiliser son électorat en vue du référendum du 16 avril sur un renforcement de ses pouvoirs de chef d'Etat.

Le gouvernement allemand "se réserve le droit" de "réexaminer les autorisations" données à ce jour à la participation de responsables politiques turcs à des meetings en Allemagne, a déclaré Angela Merkel, lors d'une conférence de presse à Hanovre (nord), en marge du salon de l'électronique CeBit.

"Les comparaisons avec le nazisme doivent cesser", a-t-elle martelé, "nous n'allons pas tolérer que la fin justifie toujours les moyens et que tous les tabous tombent sans respect pour la souffrance de ceux qui ont été poursuivis et assassinés durant le national-socialisme".

La veille, le président turc Recep Tayyip Erdogan s'en était pris personnellement à la chancelière, suite à l'interdiction de réunions électorales en sa faveur en Allemagne, où vivent environ trois millions de Turcs.

- "pratiques nazies" -

"Tu as recours en ce moment précis à des pratiques nazies", a lancé dimanche à la télévision M. Erdogan à l'adresse d'Angela Merkel.

Angela Merkel a détaillé le contenu d'un document transmis il y a quelques jours par le ministère allemand des Affaires étrangères aux autorités turques.

Il précise les conditions dans lesquelles des réunions électorales du parti islamo-conservateur au pouvoir, l'AKP, ont été autorisées sur le sol allemand, où vit la plus grande diaspora turque au monde, et avertit notamment que "la participation des responsables politiques turcs (...) n'est possible que dans le respect des principes" de la Constitution du pays, a-t-elle dit.

"Dans le cas inverse (...) le gouvernement allemand se réserve le droit de prendre toutes les mesures nécessaires, y compris un réexamen des autorisations (de meetings) données", a ajouté la chancelière.

"Je rappelle ceci pour dire clairement que ce point est toujours valable", a ajouté Angela Merkel.

Les relations entre la Turquie et l'Allemagne traversent une crise aigüe après l'annulation par les autorités locales de plusieurs réunions électorales pro-Erdogan dans le pays, dont M. Erdogan s'est emparé pour dénoncer l'Europe et l'Allemagne en particulier, avec qui les relations sont exécrables depuis l'été dernier.

- "Tactique" -

Pour autant, Berlin, tout en accusant les responsables turcs d'avoir "franchi une limite" avec la mention du nazisme, fait tout pour éviter un affrontement direct.

Après avoir accueilli plus d'un million de migrants en 2015 et 2016, l'Allemagne d'Angela Merkel a toujours le plus grand besoin de la Turquie pour freiner le flux de réfugiés vers l'Europe, dans le cadre du pacte UE-Turquie.

Berlin stationne aussi ses avions de chasse sur la base turque d'Incirlik (sud) dans le cadre de la lutte de la coalition internationale contre l'organisation Etat islamique.

Surtout, aux yeux de Berlin, toute surenchère n'aboutirait qu'à faire le jeu du président Erdogan dans la perspective du référendum du 16 avril.

"Cela sert surtout les intérêts du président turc", qui cherche "par des menaces et insultes" à "obtenir la majorité des voix en Turquie et en Allemagne des ressortissants turcs" en se posant en victime, a déclaré lundi le porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères Martin Schäfer.

"Plus nous répliquons, plus nous alimentons la tactique suivie par ce gouvernement, par le parti au pouvoir, par le président", a-t-il argumenté.

Il reste que cette crise aura un impact durable sur les chances de la Turquie d'entrer dans l'UE, alors que les négociations sont déjà au point mort. Même à gauche, où se trouvaient jusqu'ici les partisans d'une adhésion en Allemagne, plus grand monde ne soutient cette perspective.

"Nous sommes plus éloignés que jamais d'une adhésion de la Turquie à l'UE", a ainsi déclaré ce week-end le chef de la diplomatie allemande et social-démocrate, Sigmar Gabriel, au magazine Der Spiegel.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Kamala Harris
Kamala Harris, ou comment passer de la reine de la justice californienne à valet par défaut
PORTRAIT CRACHE - Samedi 27 juillet, la vice-présidente américaine Kamala Harris a officialisé sa candidature à la présidence des États-Unis, une semaine après le retr...
03 août 2024 - 12:49
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.