Présidentielle en Iran : un scrutin aux airs de référendum pour Rohani

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Par AFP
Publié le 19 mai 2017 - 07:01
Mis à jour le 20 mai 2017 - 13:40
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Des supporters du président iranien Hassan Rohani, candidat à sa propre succession, à Ardabil le 17
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© Behrouz MEHRI / AFP
Des supporters du président iranien Hassan Rohani, candidat à sa propre succession, à Ardabil le 17 mai 2017
© Behrouz MEHRI / AFP

La télévision d'Etat iranienne a "félicité" samedi le président modéré Hassan Rohani pour sa réélection à un second mandat de quatre ans avant même l'annonce des résultats définitifs.

Selon des résultats officiels encore partiels, le président sortant totalisait au premier tour environ 57% des voix face à son adversaire conservateur Ebrahim Raissi.

Si elle se confirmait, cette large victoire devrait permettre à ce religieux modéré de poursuivre sa politique d'ouverture au monde entamée par l'accord nucléaire historique avec les grandes puissances, conclu en juillet 2015 pendant son premier mandat.

La télévision d'Etat Irib, organe dont le directeur est nommé par le guide suprême Ali Khamenei, a félicité M. Rohani dans un message défilant en bas d'écran bien que les résultats officiels et définitifs n'aient pas encore été annoncés par le ministère de l'Intérieur.

Le vice-ministre de l'Intérieur, Ali Asghar Ahmadi, avait auparavant indiqué que, sur 40 millions de bulletins dépouillés, Hassan Rohani obtenait 22,8 millions de voix contre 15,4 millions à Ebrahim Raissi, qui obtient ainsi environ 38,5 % des voix.

Deux autres candidats ont participé au scrutin, avec des scores marginaux. Le taux de participation s'élève à plus de 70%.

Avant même l'annonce des premiers résultats partiels, des dirigeants conservateurs avaient déjà reconnu la victoire de leur adversaire.

"Les premiers décomptes montrent que M. Rohani est le vainqueur (...) et il faut le féliciter", a écrit sur le réseau social Telegram Alireza Zakani, ancien député conservateur qui avait activement participé à la campagne contre la réélection de Hassan Rohani.

Le premier vice-président de Rohani, le réformateur Es-Hagh Jahanguiri, qui s'était retiré de la course présidentielle en appelant à voter Rohani, s'est félicité sur Twitter de "la grande victoire de la nation iranienne".

Vendredi, les journalistes de l'AFP avaient constaté un vote massif et enthousiaste des électeurs à Téhéran et en province.

Face à cette forte affluence, le vote a été prolongé de six heures et s'est achevé à minuit (19h30 GMT). Même après 18 heures de vote d'affilée, des électeurs attendaient encore leur tour de voter et certains n'ont pas pu le faire.

- Plus de libertés -

M. Rohani, 68 ans, briguait un dernier mandat de quatre ans et affrontait Ebrahim Raissi, religieux conservateur de 56 ans proche du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei.

Elu en 2013, il a consacré la majeure partie de son premier mandat à la négociation d'un accord nucléaire historique avec six grandes puissances, dont les Etats-Unis, ennemi de l'Iran depuis la révolution islamique de 1979.

En échange d'une levée partielle des sanctions internationales qui frappaient l'Iran depuis près de 10 ans, Téhéran s'est engagé à limiter son programme nucléaire à des fins strictement civiles.

Cet accord n'a pas attiré les investissements étrangers espérés et n'a pas eu d'impact direct sur la vie quotidienne des Iraniens qui restent durement frappés par le chômage: 12,5% de la population, 27% des jeunes.

Mais il a en revanche permis à l'Iran d'entamer son retour sur la scène internationale, une politique d'ouverture qu'entend poursuivre M. Rohani lors de son second mandat si sa victoire dès le premier tour se confirme.

Un pourcentage élevé lui donnerait les coudées plus franches et pourrait même lui permettre d'étendre cette ouverture à la société iranienne où les atteintes aux libertés restent nombreuses.

Le président en Iran n'est cependant pas le seul à prendre des décisions dans ce domaine. Elles doivent aussi recevoir l'aval du guide suprême Ali Khamenei, du puissant pouvoir judiciaire et parfois des Gardiens de la révolution, l'armée d'élite.

Le scrutin s'est tenu deux jours après la décision américaine de renouveler l'allègement des sanctions contre l'Iran, conformément à l'accord nucléaire de 2015.

Mais la méfiance entre Téhéran et Washington demeure et l'administration américaine a assorti cette mesure de nouvelles sanctions ciblées liées au programme de missiles balistiques de l'Iran.

Le président américain Donald Trump, hostile à l'Iran, a en outre réservé son premier déplacement à l'étranger à un sommet avec des dirigeants musulmans en Arabie saoudite, grand rival régional de Téhéran.

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