Hausse record de 40% du prix du gaz en Europe
ÉNERGIE - Les marchés mondiaux s'inquiètent d'une grève dans deux champs pétroliers australiens, qui pourrait déstabiliser le marché asiatique et entraîner par contrecoup des problèmes d'approvisionnement en Europe cet hiver.
Depuis juin, le prix de référence du gaz naturel en Europe a dépassé les 40 euros pour la première fois. La raison ? Le possible maintien de grèves de travailleurs au sein de deux champs de gaz naturel australiens. Cette situation a conduit le marché à craindre d'éventuelles ruptures d'approvisionnement.
Les contrats ont grimpé de 40% par conséquent. Il s'agit de la plus forte hausse depuis mars 2022. Les traders s'inquiètent d'une grève durable et les analystes de Citigroup (mastodonte de la finance, ndlr) soulignent que cela pourrait doubler les prix des contrats de GNL (gaz naturel liquéfié) en Europe et en Asie d'ici janvier 2024.
Grèves en Australie et impact sur les importations en Asie
Les travailleurs des installations de Chevron et de Woodside Energy (principaux producteurs de GNL) en Australie ont voté la grève, ce qui pourrait perturber les exportations de gaz du pays. Cela entraînerait par ailleurs une modification du marché mondial des carburants. La date exacte et l'évolution du mouvement social ne sont pas encore connus mais les travailleurs pourraient lancer un préavis de sept jours dès la semaine prochaine et cesser leur activité.
Les acheteurs asiatiques sont "susceptibles d'augmenter leurs importations de GNL" pour remplacer les volumes australiens en cas de perturbations, ce qui affecterait mécaniquement l'Europe, a déclaré Nick Campbell, directeur du cabinet de conseil Inspired. Le GNL est devenu une source d'approvisionnement de base dans le bouquet gazier européen, de sorte que tout signe indiquant que ce flux est menacé entraîne une hausse des prix.
L'Europe confrontée à la concurrence des prix
La dépendance de l'Europe à l'égard des importations de GNL, et l'éventualité d'un arrêt de l'approvisionnement à partir des installations australiennes (qui représentent environ 10% des exportations mondiales) mettent en évidence la vulnérabilité de l'Europe face aux fluctuations de l'offre mondiale de gaz. Une offre qui comprend aussi la Russie.
L'an dernier, les réserves accumulées pendant l'été ont permis d'éviter la crise énergétique tant redoutée. Un spectre qui revient en plein mois d'août, alors que l'on craint qu'un approvisionnement régulier ne puisse être maintenu pendant les mois les plus froids de l'année.
La forte baisse de la demande a été un facteur compensatoire important, mais la réduction du réservoir mondial de GNL laisse les pays européens exposés à la concurrence des prix pour les cargaisons disponibles en Asie, "en particulier face à une demande saisonnière plus élevée l'hiver prochain", a déclaré Patricio Alvarez, analyste chez Bloomberg Intelligence.
Tensions en Allemagne
En Europe, les stocks de carburant sont actuellement remplis à plus de 87%, soit le niveau le plus élevé jamais enregistré pour cette période de l'année. L'Union européenne souhaite qu'ils soient remplis à 90% d'ici novembre, et de nombreux pays, comme l'Espagne et les Pays-Bas, ont déjà atteint ou dépassé cet objectif. L'Allemagne et l'Italie y sont presque. La France est à 78% en raison de problèmes d'approvisionnement lors des récentes grèves.
En revanche, la sonnette d'alarme a été tirée en Allemagne. L'association allemande des gestionnaires de réseaux de stockage (INES) signale que la menace de pénurie persistera jusqu'en 2027, si les infrastructures ne sont pas renforcées. L'organisation estime que l'Allemagne a besoin de plus d'usines de GNL, de plus de capacités de stockage et de plus de gazoducs pour assurer un approvisionnement constant en hiver.
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