À Londres, pour échapper au vandalisme, les caméras qui traquent les émissions automobiles hors norme de CO2 pour les taxer doivent être blindées

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France-Soir
Publié le 18 août 2023 - 11:00
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Photo de the blowup sur unsplash.com
Les caméras pour traquer le CO2 nécessitent une protection bien plus élevée que les dispositifs classiques de surveillance (image d'illustration).
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SMART GRID - À Londres, les caméras et les bornes installées dans le centre-ville dans le but de réduire la circulation motorisée et la pollution ne font pas l’unanimité. Mis en place durant la crise sanitaire du Covid par le gouvernement Boris Johnson dans quartiers résidentiels "à faible trafic" (Low Traffic Neighbourhood) ou dans les "zones à très faible émission" de CO2 (Ultra Low Emission Zone), ces équipements font régulièrement l’objet d’actes de vandalisme. Depuis leur installation effective en 2020, les dégâts s’élèvent à 850.000 livres (environ 1 million d’euros). De quoi obliger les autorités locales à les couvrir par des armoires métalliques. 

Les "zones à très faible émission" (Ultra Low Emission Zone ou ULEZ) ont été instaurées en 2019 par le maire Sadiq Khan et couvrent peu à peu, au fur et à mesure de leur extension, la majeure partie du centre de la capitale britannique. Pour y entrer, les véhicules dont les émissions dépassent les normes établies en matière de CO2 doivent s'acquitter d'une redevance. Dans le cadre de l'ancien système de contrôle de la pollution des vieux véhicules, cette taxe était nommée jusqu'en 2017 T-charge pour Toxic charge.

Un autre dispositif au Royaume-Uni vise à réduire le trafic motorisé dans les zones résidentielles, à l'aide de barrières, de bornes ou de caméras : les zones LTN (Low Traffic Neighbourhood). Mises en place en 2020 (certaines variantes de cette idée existent toutefois dans le pays depuis les années 70, ndlr), celles-ci visent à encourager la circulation piétonne ou à vélo et, par conséquent, à dissuader l'acquisition et l'utilisation de véhicules par les habitants.  

850.000 livres de réparation 

Les bornes et les caméras des ULEZ identifient ainsi les plaques d’immatriculation des voitures qui accèdent à ces zones ou quartiers. Une amende de 12,50 livres est appliquée pour chaque infraction. Un citoyen qui possède un véhicule non conforme à la "Toxicity Charge", vraisemblablement ancien, peut subir cette pénalité plusieurs fois par jour.

Des personnes hostiles à ce type de dispositifs ont d’abord essayé de couvrir les lentilles des caméras afin de ne pas se faire détecter. Une méthode peu efficace puisque les employés de la mairie se chargeaient de retirer la peinture, l’adhésif ou un objet, un sac ou un carton afin d'empêcher la prise vidéo. À ces tentatives ont vite succédé des actes de vandalisme comme la destruction des caméras, l’incision des câbles ou le vol des équipements. Les systèmes de surveillance mis en place pour vérifier si le trafic diminue ou si la circulation piétonne ou à vélo est en hausse sont ciblés de façon similaire.

Début mai, la police de Londres a annoncé 96 cas de vandalisme contre les caméras ULEZ, contre 31 fin mars. Et le nombre d’incidents augmente selon le Telegraph avec 11 cas de vols de caméras et 17 actes de vandalisme enregistrés sur la courte période des 10 derniers jours du mois de juillet. Une partie de ces actes est attribuée par la police à un mouvement de désobéissance civile appelé "Blade Runners", qui a revendiqué des dizaines d’attaques. Celles-ci sont parfois filmées et partagées sur les réseaux sociaux par des personnes à visages couverts. 

La facture est salée. Selon les informations auxquelles The Guardian dit avoir eu accès, les dommages s’élèvent à 850.000 livres depuis 2020. Le Council (division administrative du Grand Londres, ndlr) de Hackney est le plus touché avec près de 400.000 livres de réparations. Celui de Lambeth qui doit débourser quant à lui 310.000 livres pour réparer les caméras de ses quartiers LTN et ULEZ.  

Londres fait blinder les caméras  

En plus de la réparation de ces dispositifs, Londres a pris de mesures pour prévenir les actes de vandalisme. Des caméras mobiles pour les ULEZ ont été envisagées mais le Telegraph a annoncé mardi 15 août 2023 que le choix a été fait de protéger les caméras et les bornes dans des boîtes métalliques noires blindées afin de dissuader les attaques.

Environ 1.900 caméras ont jusque-là été installées dans les quartiers LTN et ULEZ. Leur nombre devrait atteindre 2.750 avec leur expansion, prévue le 29 août, à travers tout le Grand Londres. Le projet, annoncé par Boris Johnson lorsqu’il était maire de Londres, a été repris par son successeur, le travailliste Sadiq Khan.

L’expansion des ULEZ fait l’objet d’un bras de fer politique entre les Labours (travaillistes) et les Tories (conservateurs). Lundi dernier, M. Khan s'est engagé à poursuivre ce plan d'équipement mais cinq Councils refusent d’autoriser l’organisme public Transport For London (TFL), chargé de l’installation de ces caméras, de poursuivre l’expansion.

Les London Councils soutenus par des députés Tories ne souhaitent pas que leurs habitants soient soumis à une amende et exhortent le maire de Londres à "accorder une exemption aux travailleurs essentiels et à améliorer les itinéraires de bus entre les comtés".

"En refusant l'autorisation à TFL d'installer des panneaux d'avertissement ULEZ, ces Conseils ne remplissent pas leur responsabilité (...). Le maire exhorte ces trois conseils à mettre leur politique de côté et à faire ce qui est le mieux pour leurs résidents et leurs conducteurs", a déclaré le porte-parole de Sadiq Khan. La Haute cour de justice a toutefois débouté les recours de ces conseils, permettant au maire de Londres de confirmer l’expansion de ces quartiers "sous contrôle".  

Ces zones sont également au cœur des débats chez les habitants. Les opposants à ces mesures, des citoyens généralement à faible revenu, refusent d’être contraints à abandonner leurs véhicules pour se rendre au travail, au risque d’être condamnés à des amendes pouvant atteindre plus de 4.500 livres par an.  

Le Royaume-Uni n’est pas le seul pays européen à adopter ce système. En France, il existe quatre "zones à faible émission" (ZFE) : dans le Grand Paris, à Lyon, à Grenoble et à Strasbourg. Les véhicules conformes sont classés par six catégories de la vignette Crit’air, allant de zéro émission moteur à véhicules très émetteurs. Les véhicules de catégorie 4 et 5 sont ainsi interdits d’accès.  

Plus de 300 ZFE ont été mises en place en Europe, réparties dans plus d’une dizaine de pays comme l’Allemagne, la Belgique ou les Pays-Bas, avec des réglementations différentes. En France comme ailleurs, des automobilistes sont hostiles à ces mesures.

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