Le procès en Belgique de Salah Abdeslam reporté au 5 février 2018
Le jihadiste français Salah Abdeslam, seul survivant des commandos qui ont attaqué Paris le 13 novembre 2015, sera jugé du 5 au 9 février à Bruxelles pour une fusillade survenue dans la capitale belge en mars 2016 pendant sa cavale.
Ce procès très médiatique, qui devait à l'origine s'ouvrir lundi pour quatre jours, a été reporté par le tribunal correctionnel à la demande de l'avocat Sven Mary, qui vient tout juste d'accepter de défendre à nouveau Salah Abdeslam et réclamait du temps pour se préparer.
Comme attendu, ni le parquet fédéral, ni le tribunal correctionnel composé de trois juges, ne se sont opposés lors de l'audience lundi matin à cette demande formulée la semaine passée.
Le procès, dont l'organisation a nécessité une intense coopération judiciaire franco-belge, se tiendra sur quatre jours, avec relâche le mercredi 7 février, a précisé la présidente du tribunal.
"Le 9 février le tribunal fera connaître la date à laquelle le jugement sera prononcé (...) La loi prévoit un delai d'un mois", a ensuite précisé Luc Hennart, le président du tribunal de première instance de Bruxelles, au cours d'un point presse.
Me Mary a demandé lors de l'audience, très courte, un report en mars en raison du poids du dossier. Mais les juges n'ont pas accédé à sa requête pour des raisons de calendrier.
"On n'a jamais eu accès au dossier", a brièvement déclaré l'avocat en quittant le tribunal, assailli par les caméras, sans répondre aux autres questions.
Son client doit être jugé pour une fusillade avec des policiers survenue le 15 mars 2016 dans la commune bruxelloise de Forest, dans une des planques où il s'était réfugié durant sa cavale de quatre mois.
Ce jour-là, une équipe de policiers français et belges avait essuyé des tirs d'arme automatique en perquisitionnant un logement supposé vide, dans ce qui était présenté comme un acte de routine de l'enquête sur les attentats parisiens.
- 'Report justifié' -
Trois policiers avaient été blessés et un jihadiste algérien de 35 ans, Mohamed Belkaïd, tué en faisant face aux policiers pour couvrir la fuite de deux hommes, Salah Abdeslam et Sofiane Ayari, également présents dans la planque.
Ce raid policier avait cependant précipité la fin de cavale du Français d'origine marocaine, qui avait été arrêté trois jours plus tard, le 18 mars, non loin de là, à Molenbeek, commune populaire où il a grandi.
Avec Sofiane Ayari, le complice de sa fuite interpellé en même temps que lui, il doit répondre de "tentative d’assassinat sur plusieurs policiers" et "port d’armes prohibées", le tout "dans un contexte terroriste", des peines passibles, selon M. Hennart, d'un maximum de 40 ans de prison.
"Ce report est tout à fait justifié, c'est normal dans un Etat de droit", a affirmé lundi à l'AFP Me Maryse Alié, qui défend cinq des six policiers présents lors de la fusillade.
Salah Abdeslam devait initialement se défendre seul à son procès, mais sa famille l'a convaincu de se faire assister d'un avocat.
Me Mary, un pénaliste belge réputé, avait assuré sa défense lors de ses premiers interrogatoires devant les enquêteurs belges au lendemain de son arrestation. Il avait ensuite jeté l'éponge en octobre, critiquant l'attitude de son client.
Incarcéré depuis fin avril 2016 à Fleury-Mérogis (région parisienne), le jihadiste de 28 ans est toujours resté mutique face aux enquêteurs français depuis un an et demi.
Et c'est contre toute attente qu'il avait décidé en septembre de comparaître pour le procès de la fusillade de Forest.
Cette première comparution publique est très attendue pour évaluer dans quelle mesure il est prêt à collaborer avec la justice.
Il est susceptible de "donner des clés" sur l'organisation de cette même équipe de jihadistes à l'origine des attentats de Paris et de Bruxelles (32 morts le 22 mars 2016), ce qui est "important pour les victimes", soulignait récemment Frédéric Van Leeuw, le procureur fédéral de Belgique.
Les attaques de Paris et Bruxelles ont été revendiquées par l'organisation Etat islamique (EI).
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