Des médecins qui refusent de soigner les plus démunis : une pratique récurrente, illégale, mais assumée

Auteur(s)
La rédaction de FranceSoir.fr
Publié le 30 janvier 2017 - 18:16
Image
Une consultation médicale.
Crédits
©Valinco/Sipa
Certains médecins affichent désormais qu'ils refusent de prendre en charge certains patients.
©Valinco/Sipa
Plusieurs associations ont saisi le Défenseur des droits après avoir constaté que certains médecins n'hésitent plus à afficher leur refus de prendre en charge les patients bénéficiant uniquement de la CMU ou de l'AME, autrement dit les plus démunis. Une pratique qui ne semble pas nouvelle bien qu'illégale.

La pratique serait courante, mais elle est désormais parfaitement assumée par certains médecins, bien qu'elle soit illégale en plus d'être contraire à la déontologie. Certains praticiens affichent désormais clairement, notamment sur des sites de prise de rendez-vous médicaux, qu'ils n'acceptent pas les patients qui n'ont pour toute couverture que la CMU (Couverture maladie universelle) ou l'AME (l'Aide médicale de l'Etat, destinée aux personnes en situation irrégulière).

Des pratiques qui reviennent à refuser aux malades le tarif conventionnel, sans dépassent d'honoraires, et donc de discriminer les plus précaires dans l'accès au soin. Trois associations, Médecins du monde, la Fédération des acteurs de la solidarité (Fnars) et le Collectif interassociatif sur la santé (CISS), ont alerté le 10 janvier dernier le Défenseur des droits.

Par ailleurs, ces associations insistent sur le fait que si cette pratique se fait désormais en partie au grand jour, elle n'est pas nouvelle. "Avec cet affichage sur les sites, un pas de plus est franchi, la démarche de rejet est décomplexée", a déclaré au Monde Florent Gueguen, le délégué général de la Fnars.

Un point de vue confirmé par le Défenseur des Droits dans un communiqué publié vendredi 27. Il y fait remarquer qu'une enquête a été ouverte sur la question dès décembre dernier. "Ces pratiques ne sont certes pas généralisées mais demeurent récurrentes", précise le texte, ajoutant que "les refus de soins illégaux auxquels sont exposés les bénéficiaires de la CMU-C, de l'ACS et de l'AME ont fait l'objet de dénonciations multiples. Pourtant, les pratiques illégales perdurent toujours".

Les médecins ont le droit de pratiquer des dépassements d'honoraires plafonnés par des accords entre l'Assurance maladie et les syndicats. Mais, rappelle le Défenseur des droits, "aucune personne ne peut faire l'objet de discriminations dans l'accès à la prévention ou aux soins" (article L1110-3 du code de la santé publique). Et de telles discriminations sont "contraires aux articles 225-1 et 225-2 du code pénal".

Par ailleurs, le serment d'Hippocrate précise: "je donnerai mes soins à l’indigent et à quiconque me les demandera. Je ne me laisserai pas influencer par la soif du gain ou la recherche de la gloire". Le Conseil national de l'Ordre des médecins s'est également insurgé contre ces pratiques qui pourraient entraîner des poursuites disciplinaires.

À LIRE AUSSI

Image
La fin d'année marque un regain des virus saisonniers comme la grippe et la gastro-entérite.
Des médecins généralistes appellent au boycott du tiers payant sur la part mutuelle
Le premier syndicat de médecins généralistes a appelé dimanche au boycott du tiers-payant sur la part complémentaire. MG France critique la complexité d'application du...
02 janvier 2017 - 11:39
Politique
Image
Un tensiomètre et un stéthoscope .
La consultation à 25 euros validée même sans l'accord du premier syndicat de médecins
Le passage en mai 2017 de la consultation chez le généraliste à 25 euros est officialisé ce jeudi par la signature d'une nouvelle convention tarifaire. Mais le texte o...
25 août 2016 - 14:49
Politique
Image
Le logo de Google.
Google : une consultation gratuite pour identifier votre maladie
Google vient de lancer une fonctionnalité qui permet aux internautes américains d'identifier leur maladie selon les symptômes qu'ils inscrivent dans la barre de recher...
23 juin 2016 - 10:02
Société

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Les dessins d'ARA

Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.