Les sciences comportementales pour inciter à mieux suivre les mesures barrière et à lutter contre l'épidémie de covid 19
Les sciences comportementales sont déjà largement utilisées dans le secteur du marketing et de la vente en ligne pour optimiser les sites Internet et pousser les utilisateurs à faire ce qui convient mieux aux entreprises. De manière générale, elles visent à déterminer ce qui pousse une personne à réaliser une action, ce qui permet ensuite de faire adhérer les gens à des comportements plus civiques, plus respectueux de l'environnement mais aussi, dans le contexte actuel, plus en adéquation avec les consignes sanitaires.
L'OMS donne des conseils contre l'épidémie à l’aide d’un groupe d’experts des sciences comportementales
Chaque pays développent ses propres stratégies et outils pour influer sur les comportements de ses citoyens. Les outils classiques sont les campagnes d'information, les lois, les règlements, les lignes directrices et bien sûr les amendes. Pour le port du masque concrètement, de plus en plus de maires et préfets commencent à prendre des mesures pour rendre obligatoire le port du masque même en extérieur. Le non-respect de cette mesure est sanctionné d'une contravention de 4e classe, assortie d'une amende de 135 €.
Il existe cependant un débat concernant l'efficacité des amendes. Ne sont-elles pas démesurées? L'OMS aborde cette question, pour déterminer ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. Fin juillet, un Groupe consultatif technique a été mis en place par l'OMS, pour étudier les connaissances et les pratiques des sciences comportementales dans le domaine de la santé, dans le but de “donner des conseils de santé plus efficaces”.
Composé de 22 experts externes de 16 pays, compétents dans les domaines de la psychologie, de l'anthropologie, de la santé, des neurosciences, de l'économie comportementale et du marketing social, et dans d'autres domaines, ce nouveau groupe conseillera l'OMS pour faire face à la COVID-19.
Différentes études se penchent sur notre comportement face au Coronavirus pour mieux nous cibler
Certains comportements pourraient permettre d'expliquer pourquoi certaines personnes arrivent à éviter la plupart des risques de contamination, alors que d'autres ont tendance à prendre beaucoup trop de risques inutiles. Selon Christelle Quéro, Docteur en sciences de gestion et Professeur à l’ISTEC Paris, et co-rédactrice d’un article pour le site Internet The Conversation, il existe un phénomène « d’ancrage-ajustement » qui fait que les individus ont tendance à raccrocher leur jugement à la première information qu’ils ont reçue (l’ancre) lorsqu’ils doivent prendre une décision dans un contexte baigné d’incertitude. Si un individu a entendu dire au début de l'épidémie, que la COVID-19 n’était qu’une « grippette », cette idée sera ancrée dans son comportement, et biaisera son jugement tout au long de la crise sanitaire. h
Hommes et femmes n'agissent pas pareil en cas de risque
Un autre aspect des sciences comportementales se penche sur les différences entre hommes et femmes, et sur leur perception du risque. Pour la chercheuse en sciences comportementales Christina Garvert, l'appréhension du risque dépend du genre, et c’est pour cela que certaines assurances automobiles coûtent moins cher pour les femmes, car elles sont à l'origine de beaucoup moins d'accidents de la route.
Cela pourrait expliquer que les affiches pour le port du masque montrent surtout des hommes, car ils sont en moyenne moins altruistes et plus égoïstes. Pour les convaincre, les campagnes de sensibilisation sont donc axées “non pas vers la protection d'autrui mais bien vers celle de soi-même”.
Les sciences comportementales contre les groupes anti masques et les «soirées Covid»
Sachant que les individus suivent beaucoup les tendances sociales, les politiques et les programmes de sensibilisation à la COVID-19 exploitent le pouvoir de l'influence sociale. D'autant plus en période d'incertitude, où les individus sont plus enclins à se tourner vers les autres comme points de référence.
Selon le Dr. Joshua Liao , specialiste dans l’etude des changements dans le secteur de la sante, les gens ont tendance à être plus fortement influencés par les gens qu'ils aiment.
Ce type d'information est précieux pour encadrer les normes et consignes de sécurité concernant l'épidémie, car mieux on comprend comment les gens réagissent, plus il est facile de concevoir des campagnes d'information et des initiatives de santé publique efficaces (par exemple, «maintenir la distance sociale peut réduire la propagation virale»).
Ainsi, les messages devraient inclure, selon Liao, des informations comme «la plupart de vos voisins, collègues, amis, etc. pratiquent la distanciation sociale» pour accroître l'impact de ce message.
Nos habitudes sont persistantes mais pas toujours saines
Selon Cass Sunstein, président du Groupe consultatif technique de l’OMS fondateur et directeur du Programme d’économie du comportement et de politique publique à la Harvard Law School, la science qui étudie nos comportements montre que nos habitudes sont persistantes, pas toujours saines, mais qu’elles peuvent être modifiées. Ces modifications sont selon l'OMS nécessaires pour sauver des vies.
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