Viande artificielle : pour le WEF, le recours aux "biotech" afin de nourrir la population mondiale est "urgent"
Pour le Forum économique mondial (WEF), le monde est “loin” de pouvoir satisfaire la demande alimentaire grâce à des solutions durables. Les États-Unis et l’Asie ont une légère avance, mais l’Europe est “encore à quelques années” de proposer suffisamment d’alternatives soutenables à ses citoyens, comme des aliments à base d’insectes, une viande à base de plantes ou développée grâce à des cellules animales dans des laboratoires, ou du lait généré à partir de cellules mammaires. Dans un article publié le 17 janvier 2023, le WEF promeut la biotechnologie comme “solution pour réduire le réchauffement climatique” et “prévenir une crise alimentaire”. Encore faut-il “augmenter les investissements” dans ces technologies... et convaincre les plus réticents, industriels comme consommateurs.
Dans son article, le Forum explique que l’industrie alimentaire génère “le tiers des émissions de gaz à effet de serre”, selon une étude publiée en mars 2021 sur Nature Food. “Lutter contre le réchauffement climatique et satisfaire les besoins alimentaires d’une population mondiale qui dépasse désormais les huit milliards sont les deux défis les plus importants de notre époque”, estime-t-on à Davos. Le besoin de recourir à la biotechnologie pour “améliorer les systèmes alimentaires et l’agriculture” est ainsi “urgent”. Le WEF cite alors quelques “innovations” dans son article pour exprimer son optimisme.
Le “déséquilibre” du système alimentaire dans le monde va s’accentuer tout en poussant les limites de la planète et de ses ressources. “De plus en plus de personnes risquent de manquer d’aliments sains et nutritifs”, avertit cette fondation de lobbying. Les “défis” résideraient notamment dans “nos choix alimentaires”, comme l’élevage.
Du lait ou de la viande cultivés dans des laboratoires
Cet article, intitulé “La biotechnologie peut apporter des solutions à la crise alimentaire mondiale. Voici comment”, se focalise principalement sur ce secteur de l’agriculture. Le WEF cite des “biotechnologies innovantes” qui fournissent des protéines végétales comme alternatives aux protéines animales.
C’est le cas de la startup américaine BioMilq, qui a produit un lait pour nourrissons cultivé dans un laboratoire à propos de cellules mammaires. “Un lait 100% humain, produit dans des conditions sûres”, par une startup “appartenant à des femmes” qui se veut “orientée vers les mamans”. C’est aussi le cas de Roslin Tech, société basée en Écosse qui produit de la viande à partir de cellules animales sans élevage.
Si des investissements, publics et privés, “ont permis la découverte de nouvelles solutions durables”, des “obstacles” empêchent d’autres biotechnologies de sortir du laboratoire et pénétrer les marchés mondiaux, déplore le WEF. Des initiatives, comme la plateforme Plant2Food de la Fondation Novo Nordisk qui soutient les projets de recherche, buteraient sur “les longs processus d’autorisations à la mise sur le marché”, notamment en Europe. Et ce, poursuit-on à Davos, malgré “l’intérêt croissant du public” pour les aliments durables.
La situation est “différente” aux États-Unis, car la FDA (Food and Drug Administration) a récemment autorisé la mise sur le marché de viande cultivée à partir de cellules vivantes de poulets. “Malheureusement, l’Europe est encore à quelques années de voir ces alternatives durables à la viande disponibles dans les supermarchés”, estime le WEF.
Pourtant, la Commission européenne a autorisé le 3 janvier 2023 la mise sur le marché d’une poudre de grillons domestiques partiellement dégraissés, qui pourrait se retrouver dans plusieurs nos aliments. Un produit “durable” dont la consommation a déjà été recommandée par le WEF, tant pour lutter contre le réchauffement climatique que pour satisfaire les besoins nutritifs. La Commission européenne avait fait savoir que 11 insectes sont sur la liste d'autorisations et trois sont déjà autorisés.
Réduire les vols par jets privés pour préserver la planète
Le Forum économique mondial préconise, dans son article du 17 janvier, “un changement de politique” pour “exploiter pleinement le potentiel” des innovations biotechnologiques. Il s’agit notamment “d’accroître les investissements dans la recherche”, “réduire les délais d’autorisation” de mise sur le marché et “encourager l’utilisation de solutions innovantes et durables” dans “une chaine alimentaire verte”.
Dans son article, le WEF insiste sur un accès à une nourriture “saine et nutritive” grâce aux biotechnologies. Si des alternatives comme les insectes font souvent l’objet de promotion pour leurs protéines, de nombreuses études soulèvent les dangers d’une telle consommation, comme des infections parasitaires, à l'image des Salmonelles ou de la campylobactériose.
À Davos, on rajoute que le remplacement de protéines à base de viande par des protéines alternatives “pourrait réduire en Europe de 80 % le réchauffement climatique, l’utilisation de l’eau et les ressources terrestres (...) Le dernier rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l’évolution du climat du Programme des Nations unies pour l'environnement, les systèmes agricoles et alimentaires ont un potentiel d’atténuation important”, lit-on.
Ces récents avertissements de la fondation quant à la consommation de la viande ont une fois de plus suscité des réactions, notamment aux États-Unis. Le représentant du Nebraska, Mike Flood, a critiqué, dans un tweet, “les mondialistes” qui “font pression pour mettre fin à la production de viande”.
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