Le Front national veut la sortie de l'euro, un think tank alerte sur le coût gigantesque pour l'économie française
C'est un des points forts du programme de Marine Le Pen, et le think tank d'inspiration libérale l'Institut Montaigne tire la sonnette d'alarme sur ses effets dans un rapport publié mercredi 22. La sortie de l'euro et le retour à une monnaie nationale voulus par le Front national coûterait en 4% et 13% de points de PIB à l'économie française selon le chiffrage du cercle de réflexion. Une contraction de l'économie qui ferait peser le risque de la disparition de 500.000 emplois.
Les analystes de l’institut estiment qu’une telle mesure pourrait coûter à la France entre 0,6 et 3,2% de son PIB la première année et de 4 à 13% sur une quinzaine d’année. L'estimation médiane retenue, pour essayer d'y voir plus clair dans une fourchette aussi large, donne le tournis: 9 points de PIB, pour une facture finale de 190 milliards d'euros en perte d'activité.
Le risque de retour d'un "nouveau franc", serait, dans un premier temps, une dévaluation de 15% à 20% par rapport à l'euro. Ceux qui se sont endettés, qu'il s'agisse de particuliers ou d'entreprises, se retrouveraient donc à devoir rembourser des prêts en euro avec un franc qui aurait bien moins de valeur, ce qui renchérirait automatiquement la dette assure l'Institut Montaigne.
Les partenaires économiques de la France pourraient être tentés de mettre en place des barrières tarifaires pour éviter le gain de compétitivité qu'aurait l'Hexagone avec une monnaie dévaluée (une monnaie dite "faible" favorise en effet les exportations en les rendant moins chères à l'achat pour les importateurs). Or, les pays de l'Union européenne n'hésitent plus à mettre en place ce genre de barrières et cinq des dix premiers clients de la France sont justement dans la zone euro.
Les détenteurs de capital pourraient enfin être tentés de fuir la France pour protéger leurs avoirs de la conversion forcée dans une monnaie dépréciée. Une situation qui forcerait à la mise en place de systèmes de contrôle stricts qui pourraient dissuader les investissements extérieurs.
L'Institut Montaigne, s'il dresse un portrait apocalyptique d'un retour au franc, admet cependant que son estimation reste sujette à caution. Primo, le programme du FN reste assez flou sur les modalités pratiques, et le chiffrage réel reste complexe à estimer (le parti de Marine Le Pen ne s'y est d'ailleurs jamais risqué lui-même). Secundo, la France représentant 20% de l'économie de l'Union européenne, son poids pourrait lui permettre d'obtenir une réaction relativement conciliante par rapport à la sortie de la monnaie unique. Mais ce n'est là qu'une hypothèse dont la probabilité est très difficile à anticiper.
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