Juin 1958, l’Assemblée donne les pleins pouvoirs à De Gaulle (VIDEO)
"DE GAULLE: Pleins pouvoirs votés à l'Assemblée: 322 voix contre 232".
Ce grand titre, qui barre toute la Une de France-Soir daté du mardi 3 juin 1958, annonce le début de la fin de la IVe République, et le retour aux affaires du héros de la France libre.
Ce retour s'était amorcé trois semaines auparavant, avec le "coup d'Etat du 13 mai" au cours duquel les généraux Massu et Salan avaient pris le pouvoir à Alger et fait sortir De Gaulle de ses 12 ans de retraite politique.
Dès le 15 mai, celui-ci se dit "prêt à assumer les pouvoirs de la République", et après la démission du gouvernement Pfimlin le 28 mai, le président René Coty le charge de former un nouveau cabinet.
Le nouveau gouvernement est investi le 1er juin par l'Assemblée, par 329 voix contre 224. Le lendemain, dans un nouveau vote (322 voix contre 232, donc), les parlementaires donnent les pleins pouvoirs à De Gaulle pour six mois.
La mission du général est de sortir le pays de la crise algérienne, et d'élaborer une nouvelle Constitution. "Le président du Conseil attend encore que l'Assemblée lui donne mandat pour réformer la Constitution avant de compléter son ministère", précise France-Soir.
Le journal de Pierre Lazareff ajoute que "le général de Gaulle compte se rendre mercredi à Alger. Il envisagerait une large amnistie qui serait mise au point, mardi, au cours d'un Conseil des ministres. Il serait accompagné dans son voyage par trois membres du cabinet: MM. Jacquinot (ministre d'Etat), Guillaumat (ministre des Armées) et Max Lejeune".
De Gaulle se rendra effectivement, les jours suivants, en Algérie où il lancera, le 4 juin, son fameux "Je vous ai compris!" que les partisans de l'Algérie française prendront pour une approbation de leur action.
France-Soir donne également des nouvelles des réactions étrangères à ce retour de De Gaulle au pouvoir: "A Washington, le président des E.-U., qui souhaite rencontrer le plus rapidement De Gaulle, se félicite, dans un communiqué spécial, de la fin de la crise française".
De même, "à Londres, M. Macmillan (le Premier ministre) adresse au général un télégramme de félicitations".
La grande photo qui illustre la Une de France-Soir est celle de De Gaulle quittant l'Elysée après son premier Conseil des ministres, avec la légende suivante: "Une violente pluie d'orage tombe sur Paris, à 23 heures, au moment où à l'Elysée se termine le premier Conseil des ministres du gouvernement De Gaulle. Le général refuse de s'abriter et, nu-tête sous la pluie, regagne sa voiture. Les ministres, eux, ne refuseront pas l'abri d'un parapluie".
Le général de Gaulle fera approuver par référendum le 28 septembre, à une large majorité (80%), la Constitution de la Ve République, qui sera promulguée le 4 octobre.
Mais, même en cette période politique agitée, la vie continue. En Une de cette édition du 3 juin 1958, France-Soir fait état d'une demi-douzaine de faits divers, dont le journal s'est fait une spécialité.
Les titres sont les suivants:
"Un autorail coupe en deux l'autocar de Paris à un passage à niveau. Un mort, quatre blessés, dont un dans un état grave".
"Un étudiant de 25 ans se pend chez sa fiancée".
"Didier (10 ans) broyé par un ascenseur".
"La Fête des Mères des petits substitués de Roubaix. Viviane: deux mamans. Henri: aucune".
"Bébé carbonisé".
"Un soldat U.S. grièvement blessé par le père de deux jeunes filles".
"Robert et Jean (9 et 12 ans) retrouvés: ils avaient disparu 48 heures".
Et enfin, un drame hors du commun survenu à Brescia, en Italie du Nord. "Un chirugien italien opère une femme. Elle meurt. Désespéré, il se fait opérer –se sachant cardiaque– pour se suicider".
(Voir ci-dessous, dans les archives de l'INA, la vidéo du retour au pouvoir de De Gaulle aux Actualités cinématographiques):
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