Etiquetage nutritionnel : le nouveau logo sera facultatif à cause de la pression du lobby agroalimentaire
Les paquets d'emballage vont prochainement prendre des couleurs. Dans un entretien accordé au Parisien, Marisol Touraine a annoncé ce mercredi 15 la mise en application, en avril prochain, d'un nouveau logo nutritionnel. Baptisée Nutri-Score, cette vignette proposera cinq notes de couleur, allant de A (en vert) à E (orange foncé) "en fonction de la qualité du produit". Un logo contre lequel s'étaient élevés les industriels, le jugeant trop "stigmatisant". Mais pour la députée européenne EELV Michèle Rivasi, contactée par FranceSoir, le gouvernement a effectué un grand pas en avant.
"Je dis Bravo à Marisol Touraine. Je suis ravie qu'elle soit allée contre le lobby agroalimentaire. Maintenant, il y a un autre combat qui va se jouer, c'est de le rendre obligatoire pour l'ensemble des industriels", explique-t-elle. Car ce logo sera facultatif, le règlement européen ne permettant pas de le rendre obligatoire. "Le lobby agroalimentaire a beaucoup agi dans les années 2010/2011. Et il a fait en sorte de ne pas le rendre obligatoire" rappelle-t-elle, appelant les consommateurs à faire pression "pour que l'ensemble des industriels suivent la démarche". Puis de conclure, dans un communiqué publié ce mercredi: "il ne faut pas laisser les grandes multinationales faire la loi dans l'UE, comme elles sont en train d'essayer de le faire, la balle est maintenant entre les mains des autorités européennes".
Mais la députée européenne se dit également confiante. Invitée en septembre dernier dans l'émission d'Elise Lucet, Cash Investigation, la finaliste de la primaire d'Europe Ecologie-Les Verts avait demandé aux industriels s'ils comptaient s'engager à respecter le logo Nutri-Score si jamais il était choisi. Et selon ses dires, ils auraient dit oui. "J'espère qu'ils ne seront pas comme Fillon. S'ils le font, les autres suivront. Et cela aura des répercussions sur les autres pays européens".
Concrètement, ce nouveau logo nutritionnel, issu des travaux du professeur Serge Hercberg (épidémiologiste à l’INSERM et président du Programme national nutrition santé), permettra aux consommateurs d'y voir plus clair et les incitera à acheter moins de produits riches en gras, en sel et en sucre. "Cela permettra aux consommateurs d'avoir un choix éclairé sur le meilleur produit dans la gamme des produits proposés. Lorsqu'ils choisiront des céréales ou du cassoulet par exemple, ils se dirigeront vers les produits les plus sains. Et cela entraînera des répercussions sur les recettes des industriels. Par conséquent, ils devront éliminer les matières grasses, le sel ou encore le sucre de leurs produits", affiime ainsi Michèle Rivasi. Puis de rappeler l'absence de lien entre l'équilibre alimentaire d'un produit et son prix.
Mais la députée européenne tient tout de même à rappeler que ce nouvel étiquetage alimentaire ne suffira pas à résoudre le problème de l'obésité: "il faut que le ministère de la Santé agrémente le choix d'étiquetage avec une vraie politique de santé sur l'équilibre alimentaire".
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